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La chronique d’Audrey Van Ouytsel, docteur en Sociologie : « Le premier jour du reste de ta vie »

Ç a y est, nous sommes en 2023 ! L’an neuf nous accompagne de ses multiples potentialités d’évolution : œuvrer à une nouvelle vie, s’atteler à se façonner un nouveau corps, travailler à un meilleur état d’esprit.

Le passage à une nouvelle année est le moment le plus préconisé et le plus socialement plébiscité pour amorcer un nouveau départ et prendre de nouvelles habitudes. Une forme de renaissance qui nous ferait du bien. Pourquoi les nouveaux départs amorcés à des moments symboliques de l’existence et la possibilité de changer le cours de notre vie sont essentiels ? Combien faut-il de temps pour intégrer une nouvelle habitude ? Et comment la rendre effective ?

L’homme est complexe. Il a besoin de changement. De se sentir capable d’évoluer. L’homme a aussi besoin de sécurité liée à des routines ancrées. Mais également de liberté. Nous nous sentons souvent prisonniers d’un passé, de mécanismes dysfonctionnels récurrents, d’une histoire personnelle qui nous détermine. La possibilité d’un nouveau départ nous redonne espoir et nous permet de jouir d’une forme de liberté retrouvée. Si nos trajectoires de vie infl uent effectivement sur la personne que nous sommes, nous disposons toutefois de ressources insoupçonnées pour changer le cours de notre vie. Souvent, c’est la résistance au changement qui demeure diffi cile à surmonter. C’est l’une des raisons pour lesquelles nous avons à travailler sur ces résistances qui sont autant de manifestations inconscientes de la peur de perdre une forme de bénéfi ce lié à une situation qui pourtant nous fait souffrir. La résistance au changement est aussi liée à la peur de l’inconnu. Stéphane a 30 ans. C’est en janvier 2022 qu’il pris la décision de quitter un job « alimentaire » de livreur de pizzas pour le job de ses rêves, celui de consultant, pour lequel il avait étudié. Stéphane s’est aussi fait suivre en thérapie pour être soutenu dans son besoin de changement et comprendre les éventuels blocages y étant liés. « J’ai fi ni par me complaire dans des jobs alimentaires même lorsque je n’étais plus étudiant et que j’ai eu mon diplôme de bachelier. D’un côté, cela me frustrait de gagner mal ma vie et de ne pas me sentir capable de valoriser mon diplôme auprès d’un employeur potentiel. D’un autre côté, bosser comme consultant exige une plus grande responsabilité, moins d’insouciance, et plus de réfl exion. C’est devenir adulte. Et moi je voulais rester éternellement étudiant. C’était le bénéfi ce que cachait ma résistance au changement ».

Pour amorcer un réel changement dans nos vies, il faut bien plus de 21 jours comme on l’entend souvent. Enfi n, tout dépend du type de changement que nous souhaitons dans nos vies : changer notre alimentation est plus rapide qu’apprendre à poser ses limites face à un manipulateur. Il faut en moyenne six mois pour intégrer complètement une nouvelle habitude. Toutefois, se fi xer un délai (réaliste) pour l’intégrer est profi table et motivant. Notre volonté de changement, pour être effective, doit émaner de nous et uniquement de nous. On ne change ni pour son cher et tendre ni pour son cochon d’Inde. Le changement souhaité doit avoir du sens. On change lorsqu’on a suffi samment subi et clairement conscientisé les effets négatifs de nos comportements actuels et lorsqu’on a perçu les avantages des bénéfi ces liés à leur transformation. Il est pour cela conseillé de noter par écrit ou de relire, le plus souvent possible, les effets positifs des changements que nous souhaitons ressentir dans notre quotidien. Et pour surmonter les obstacles, l’aide d’un thérapeute ou d’un coach peut s’avérer utile.

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