Le Château des Thermes de Chaudfontaine est revenu à la vie et au sec après les inondations. Redécoré, repensé, et avec cette même envie de ne pas faire comme les autres. Visite guidée en compagnie du propriétaire de ce lieu de détente.
L’eau ici n’a jamais manqué, c’est même pour ça qu’on y vient. Autour du Château, d’un côté les bois, de l’autre une rivière, la Vesdre. Comment imaginer que ce paysage idyllique allait un jour se muer en décor apocalyptique? Les Thermes de Chaudfontaine et, au milieu, coulait une rivière qui a tout emporté sur son passage, l’été dernier. Le souvenir de ces inondations historiques et dévastatrices reste prégnant chez le patron des lieux, Gilbert Lodomez, et son équipe. Il a fallu tout reconstruire, tout repenser. Gilbert, lui, aurait pu abandonner le navire qui coulait sous 1m80 d’eau. Mais il a redressé la barre. «J’avais la possibilité d’arrêter et de partir. Je pouvais me le permettre. Mais quand c’est votre bébé, ça pose un gros problème. Et puis, des membres du personnel sont venus me trouver pour savoir si j’allais les lâcher. Il y avait un challenge aussi. Je suis un homme du futur, pas du passé».
Gilbert et son équipe se retroussent donc les manches pour reconstruire demain. Les Thermes de Chaudfontaine ont rouvert leurs portes, au sec, après plus de six mois de travaux. «On a creusé à un mètre pour arracher le sol car le parquet était pourri. On n’avait plus de chaises, plus de tables, le comptoir avait été arraché. J’ai connu cinq inondations sur 20 ans, mais à chaque fois la Vesdre montait et redescendait. Mais ici, les vagues faisaient remonter le niveau, les fenêtres explosaient les unes après les autres», se souvient-il, encore secoué par le peu d’aide des pouvoirs publics qu’il a alors reçue.
Il a fallu tout remeubler, redécorer, et se réinventer une nouvelle fois. Et ça tombe bien, le propriétaire des lieux ne manque pas d’imagination! Au centre du restaurant du Château trône désormais une lumineuse construction dorée, en forme d’obus ou plutôt d’oignon. C’est… une cave à vin, dessinée par Gilbert lui-même. Une œuvre d’art qui attire irrémédiablement le regard. «Quand vous voyez habituellement une cave à vin, elles sont toujours cubiques. Pourquoi ne pas tenter une forme ronde? Mais des vitres rondes c’est compliqué à faire. Et combien de clients vont voir ce qu’il y a l’intérieur? Je suis parti d’un chapeau à l’envers puis, chez moi, je suis tombé sur un oignon. J’ai décapité le cul de l’oignon et je l’ai posé sur la table: ‘voilà ma cave à vin!’». Gilbert Lodomez n’est pas designer —«je suis apprenti électricien à la base»— mais son imagination est sans limite. Autre preuve: non loin de la piscine extérieure des Thermes, il a fait installer un carrousel relaxant!
Un sourire sinon rien
Dans les très grandes suites de l’hôtel, il s’en est aussi donné à cœur joie. Des corsets décorent les éviers et on trouve même un confessionnal entre le lit et la salle de bain. Coquin et un peu provocant. «Forcément, le côté provoc’ c’est ce que je cherchais!», sourit le fantasque et sympathique patron qui veut toujours offrir un effet «waw» à ses clients. C’est comme ça qu’il se démarque. «Dans la vie de tous les jours, vous avez envie de voir de l’inédit. On est dans une période déjà tellement triste, est-ce qu’on ne doit pas faire sourire les gens? Un sourire, ça ne coûte rien!»
Si une chose n’a pas bougé depuis l’ouverture, il y a 20 ans, des Thermes de Chaudfontaine, c’est ça: le sourire du personnel et la convivialité des lieux. «Je suis arrivé ici il y a 21 ans et je ne comptais rester que cinq ans ici», raconte Gilbert Lodomez. «Quand on a repris, il n’y avait que l’ancien Château qui appartenait à un Hollandais qui avait transformé ça en pseudo centre thermal pour mecs, avec plein de jolies nanas pour les servir. Avec Marie, qui fait tout ici depuis ses débuts comme réceptionniste, on a changé d’optique. C’était très petit, on a donc fait tout de suite un petit hôtel dans les anciennes écuries du Château. Deux ans après, on a ajouté 50 autres chambres, etc. On a fait la piscine intérieure, des saunas, des hammams, tout se construisait en fonction de ce que les filles de l’équipe me racontaient suite au ressenti des clients. On a toujours fait des rajouts». Un peu trop, a finalement constaté le patron. «J’ai fini par avoir un chapelet de saloperies que j’avais construites moi-même, il n’y avait plus d’homogénéité». Les inondations sont passées par là et ça a été l’occasion de «repartir d’une page blanche. On a reconstruit une nouvelle image pendant ces mois d’assèchement, de démontage (dont 1500 tonnes de crasses!)».
Mais l’idée de départ est restée la même: avoir un Centre thermal avec un hôtel à côté, pas l’inverse. «D’abord on vous soigne, après vous pouvez dormir si vous le désirez». Ici, on se détend, on barbote dans l’eau —à l’intérieur et à l’extérieur—, on profite d’un transat et on se fait chouchouter… avec un massage à quatre mains par exemple (une expérience réellement relaxante). Un quartier VIP a même été instauré. Non pas pour accueillir les riches et célèbres mais pour proposer un «espace-temps», plutôt qu’un service. Là , on réserve une plage horaire et une fois sur place, on choisit le (ou les) soin(s) qu’on veut tester. «C’est plus pratique que de choisir son soin six semaines à l’avance», lance fièrement le patron. Au même rayon VIP, un bar à champagne et sa terrasse avec transats aux couleurs orange de la Veuve Clicquot surplombe la piscine. Nouvel effet «waw» garanti.
En détail
Les Thermes de Chaudfontaine
Rue Hauster 9, 4050 Chaudfontaine
Tél : 04/ 367 80 67
chateaudesthermes.be
