Accueil Max On bouge

Culture : musées, galeries... Les murs des lieux d'expo racontent leur histoire

Parfois, une exposition peut en cacher une autre. C’est le cas de ces lieux d’exception qui, en Wallonie et à Bruxelles, ont plusieurs histoires à raconter.

Celles que leurs murs ont abritées avant que les visiteurs n’y viennent admirer des œuvres. Ces bâtisses sont en elles-mêmes des œuvres d’art…

L’art contemporain comme sur des (patins à) roulettes

L'endroit n’accueille plus les patineurs à roulettes mais il en a conservé l’histoire. La Patinoire Royale, qui porte aussi le nom de Valérie Bach, celle qui lui a redonné ses lettres de noblesse architecturales en plus d’en faire un lieu de culture incontournable, est une galerie d’expo qui s’admire, même vide. Suivez la guide…

Edition numérique des abonnés

C'est ici que Max avait emmené, il y a quelques mois, Nolwenn Leroy. Le patin à roulettes, ça lui allait bien. Mais surtout, l’ensemble de ces fresques contemporaines colorées, entre murs blancs et poutres en bois et métal, en faisait un lieu de shooting photos remarquable. Max y est donc retourné, pour en apprendre un peu plus sur l’histoire de cette Patinoire Royale, devenue Galerie Valérie Bach, haut lieu de l’art contemporain à Bruxelles. À l’origine, à la fin du 19e siècle, l’endroit était le premier dans le monde à accueillir une piste de patins à roulettes. Le «Royal Skating» comme on l’appelait dans la capitale, changera par la suite, en amorçant le 20e siècle, plusieurs fois de fonction.

Dépôt pour la Fabrique nationale d’armes de guerre de Herstal, garage Bugatti puis lieu d’exposition pour des voitures de collection, la Patinoire Royale ne deviendra galerie d’art qu’en 2015, sous l’impulsion de Valérie Bach qui voit, derrière cette façade au style néo-classique, un lieu magique pour sublimer des œuvres contemporaines. La bâtisse est classée monument historique depuis 1995, mais il a fallu la restaurer pour mieux mettre en lumière toute sa grandeur. Charpente en bois et métal surplombant les murs et sols blancs, verrière et immanquable rosace qui donnent tout son cachet au lieu font que «les gens adorent y pénétrer». C’est Valérie Bach qui nous le dit... et on confirme. L’esthétique et la rêverie occupent chaque centimètre carré des lieux. «On a acheté la Patinoire, à l’époque avec mon ex-compagnon, en 2011. Mais comme le bâtiment était classé, l’obtention du permis pour les travaux a pris du temps. Ils ont commencé en 2014. Moi, je m’étais installée sous la verrière». Le bureau d’architecte Jean-Paul Hermant est chargé de la restauration tandis que l’architecte d’intérieur Pierre Yovanovitch dessine l’espace intérieur, qui s’étend sur 3000 mètres². «Le lieu attire des artistes capables de prendre l’espace».

Aujourd’hui, il est divisé en quatre espaces: la grande nef, la galerie vitrée, le premier étage et le rez-à-rue. Le lien entre chaque pièce, c’est Valérie Bach, par son œil artistique qui le fait. «La préoccupation esthétique est très forte, la monumentalité aussi. Je travaille avec beaucoup de femmes, c’est ma sensibilité qui m’oriente vers elles. Ils faut que les œuvres me parlent». Et si, en matière d’Art, il n’y a pas vraiment de bons et mauvais goûts, ceux de Valérie Bach sont assurés par son expérience au sein d’une galerie parisienne. Car oui, il fallait une Française pour redonner ses lettres de noblesse à une pépite architecturale bruxelloise totalement sous-exploitée! «Quand nous avons acheté la Patinoire, je n’avais jamais mis un pied à Bruxelles! Je suis allée chercher des artistes qui avaient exposé dans la galerie Baudouin Lebon à Paris».

La programmation, qui varie selon le calendrier traditionnel (comprenez hors Covid) trois à quatre fois par an, fait bien sûr la part belle à nos contemporains, belges et internationaux. «D’ailleurs», souligne Valérie Bach, «le lieu prend une identité de plus en plus belge». On retiendra, entre autres, une exposition consacrée, il y a deux ans, aux peintres féminines belges de l’abstraction. «On aime aussi réaliser de grandes expositions historiques, comme avec les artistes des Trente Glorieuses». Cette «passeuse de passion», comme elle aime décrire son métier, se réjouit de l’effet «waw» que peuvent provoquer ses murs. «Je suis persuadée qu’une même expo installée ailleurs ne donnerait pas le même effet. Récemment, Piasa, pour une vente aux enchères design, avait juste posé ses meubles dans l’espace. Et c’était beau». Alors, imaginez la puissance des projections de l’artiste Carlos Cruz-Diez qui se déplacent en ce moment au rythme du visiteur, dans la grande nef jusqu’à la verrière…

En détail

Rue Veydt 15, 1060 Saint-Gilles

Tél: 02/ 533 03 90

prvbgallery.com

La maison des Géants, un décor XXL

Ath est bien connue pour être «la ville des Géants». Lesquels, quand ils n’arpentent pas ses rues, trouvent un repos bien mérité dans leur propre maison, un hôtel de maître.

Edition numérique des abonnés

La tradition des Géants est vieille comme le monde et loin d’être réservée à Ath. À ce détail près que la ville chérit tout spécialement ces bonshommes d’osier censés représenter les différentes corporations. Au point de leur offrir une maison rien qu’à eux où ils coulent des jours paisibles, en attendant leur prochaine sortie.

Dans le cœur d’Ath, on découvre le superbe hôtel de maître baptisé château Cambier et qui abrite «la Maison des Géants». Tout ce qui a trait à la légende de ces super héros d’un autre temps, à leurs différentes identités comme à la façon dont les uns et les autres sont accoutrés, se révèle passionnant et même fait l’objet d’un classement au patrimoine immatériel de l’UNESCO. Cependant, les murs qui leur servent de logis méritent amplement une visite rien que pour eux.

Gloire locale

Le château Cambier, qui ne s’appelle pas encore comme ça, voit le jour en 1780, à l’initiative du peintre et orfèvre Louis-Emmanuel Delwarde, figure emblématique de la région, ainsi que de l’architecte athois Français-Joseph Bataille.

Près de cent ans plus tard, il est racheté par les frères Cambier, qui ont fait fortune dans le commerce de mobilier en bois tourné. Quelques années plus tard, le «château», qui est en fait une splendide villa dans le style italien, revient à Léon. Lequel va consacrer les années qui suivent à la transformer.

Le pays des amours

En 1909, il commence par lui offrir une aile supplémentaire, installée au Nord. Il pare également la façade du bâtiment de faïences dans le plus pur style Art nouveau. Un style qui marque également la découpe des fenêtres et des portes.

La grande baie qui agrémente la façade arrière en est un autre exemple. Elle est flanquée d’une large terrasse qui se voit bordée de balustrades jalonnées d’amours d’inspiration classique. Elle fait également la part belle à la mythologie grecque, par le biais de bustes moulés imitant le marbre blanc.

Un style fou

L’ensemble se révèle aussi hétéroclite que, finalement, d’esprit très rococo. On en veut pour preuve la sublime serre attenante et son décor de faux rochers sertis d’une cascade et de pièces d’eau. Cette dernière communique avec une indispensable orangerie, aménagée au sein de l’ancienne chapelle.

Quant à l’intérieur de la villa, il fait la part belle aux éléments en bois, probablement issus des ateliers des anciens propriétaires et d’inspiration très Renaissance. L’ensemble a été acheté par la ville en 1995, avant de faire l’objet de grands travaux de rénovation puis, cinq ans plus tard, d’accueillir nos sympathiques Géants.

En détail

Rue de Pintamont 18, 7800 Ath

Tél: 068/ 68 13 00

Infos:maison.des.geants@ath.be

maisondesgeants.be

Notre-Dame à la Rose: l'architecture qui soigne l'âme

Jusque dans les années 80, l'hôpital Notre-Dame à la Rose, à Lessines, a été un lieu de soins mais, désormais musée, ce couvent est bien plus que ça.

Dès l’année de sa fondation, il y a près de huit cents ans, Notre-Dame à la Rose est destinée à devenir un hôpital. Une fonction que le bâtiment va occuper jusqu’à l’orée des années 80. Avant de devenir un véritable musée, qui raconte l’hôpital du Moyen Âge à nos jours.

Un mix d’époques et de styles

L’hôpital Notre-Dame à la Rose a été bâti en 1242 le long de la Dendre, au cœur de la jolie petite ville de Lessines. Il s’agit d’une initiative du seigneur Arnould IV d’Audenarde, qui s’inscrit dans un mouvement plus large de création de bâtiments à usage hospitalier, tels que les hôpitaux Saint-Jean et Notre-Dame de la Poterie à Bruges, l’hôpital de la Byloke à Gand ou l’hôpital Sainte-Elizabeth à Anvers.

À l’origine, l’hôpital Notre-Dame à la Rose n’avait rien de cette bâtisse imposante qu’on peut découvrir aujourd’hui. Il se compose alors de deux ailes disposées en L, l’une qui suit le cours de la Dendre et l’autre qui lui est perpendiculaire. On y trouve déjà les installations essentielles à ce qui est alors un couvent: salle pour les malades, chapelle, réfectoire, dortoir et noviciat. Aux commandes, une Dame Prieure qui est également directrice de la partie hôpital.

Soigner les plus démunis

Au cours des siècles, l’hôpital subira plusieurs vagues de transformations. Du 16e au début du 18e siècle, le bâtiment principal évolue vers le quadrilatère que l’on connaît aujourd’hui. Les époques et les styles qu’il va traverser ne sont pas sans effet sur son allure générale, qui relève d’un joyeux brassage entre styles gothique tardif et Renaissance flamande.

À la Révolution française, la ville reprend la gestion de l’hôpital qui accueille en grande quantité les ouvriers travaillant dans les mines toutes proches et dont les conditions de travail sont spécialement exécrables. Tellement déplorables qu’au cours du 19e siècle, elles vont nécessiter l’ouverture de deux nouvelles salles.

Un musée très soigné

Cependant, quand il cesse d’être un lieu d’accueil, le bâtiment demeure livré à lui-même. Seule une poignée de bénévoles s’engage à le sauver et multiplie les démarches jusqu’à son classement en 1993. Les travaux vont prendre une bonne dizaine d’années. Ils vont exiger le recrutement d’un nombre incalculable de corps de métier maîtrisant les techniques de construction telles qu’on les pratiquait au Moyen Âge.

Depuis, l’hôpital a été doté d’un nouveau circuit de visite et d’un équipement muséal digne de ce nom. La visite en ellemême comprend trois étapes essentielles: le sous-sol qui englobe les vestiges les plus anciens et une maquette du bâtiment à travers les siècles; le rez-de-chaussée avec la pharmacie de l’hôpital, les nombreuses pièces réservées à la vie de clôture et les salles de soins; le premier étage est quant à lui dévolu à la spiritualité, à la vie conventuelle et à l’art religieux.

En détail

Place Alix de Rosoit, 7860 Lessines

Tél: 068/ 33 24 03

Infos:info@notredamealarose.be

notredamealarose.be

Notre sélection vidéo

Commentaires

Postez le premier commentaire

Aussi en On bouge

Derniers articles
SoSoir Max vous recommande