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Éric-Emmanuel Schmitt nous reçoit chez lui : « J’aimerais être contagieux au niveau de l’optimisme ! »

Au sein de cette maison, dans la campagne hennuyère, qu’il a choisie grâce au flair de sa chienne, Éric-Emmanuel Schmitt se sent comme « le patriarche de la famille ». 

Dans son magnifique salon-bibliothèque, l’écrivain et dramaturge à succès nous reçoit pour évoquer sa carrière, « fruit de son roman familial » nous dit-il, et son inextinguible joie de vivre qui, oui, le rend « différent ».

Éric-Emmanuel, nous nous trouvons dans votre maison, en pleine campagne hennuyère. Que représente ce lieu pour vous ?

C’est ma vraie maison dans le sens où c’est devenu la maison de famille et la maison des amis, puisqu’il y a quand même beaucoup de chambres… (rires) C’est un lieu de rassemblement, c’est l’endroit où on passe Noël, l’été... Je me suis fait ce cadeau où je peux avoir une maison et être le patriarche de la famille et faire plaisir à mes amis. La maison existe depuis des siècles et c’est comme si elle était dans ma famille depuis toujours.

Je suis français et belge. C’est une addition. C’est un acte d’amour envers la Belgique. Mais je ne l’aurais pas fait si j’avais dû abandonner ma nationalité française

Il y avait ce désir chez vous, depuis toujours, de posséder un tel lieu ?

Jusqu’à mes huit ans, j’ai vécu dans un immeuble qui dominait tout Lyon et, du balcon, je voyais toute la ville. Les jours de beau temps, je voyais les Alpes. Le monde m’était offert comme un spectacle ! Si vous voulez avoir un enfant dramaturge, trouvez ce genre d’appartement… (rires) Et pour la philosophie, c’est bien aussi, il y a de la distance, un point de vue. J’étais très contemplatif sur ce balcon. Après, on est parti à la campagne. Mes parents avaient fait construire une maison dans ce qui devait être un lotissement mais on était la seule maison. J’étais entouré de champs, de bois, de domaines avec des châteaux. J’ai vécu dans ce monde-là et, quelque part, je pense que je veux toujours le retrouver.

Tout ramène toujours à l’enfance, même si tout le monde ne s’en rend pas compte…

Oui, c’est fondateur. J’ai besoin d’alterner la ville et la campagne, j’ai besoin de voir passer les saisons. Une vie totalement urbaine me frustre.

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C’est sous ce tilleul, avec sa chienne, que l’écrivain est tombé sous le charme du lieu.

Et pourquoi ici, dans le Hainaut ?

Un coup de foudre pour la maison. Et un coup de foudre confirmé par ma chienne, qui maintenant est morte la pauvre chérie. Fouki, ma chienne principale –parce qu’elle m’a donné des enfants, et j’en ai donné quatre à l’équipe du film « Odette tout le monde » qu’on a tourné ici–, a choisi ce lieu avec moi. Elle s’est mise sous le tilleul et ne bougeait plus. Elle m’a fait signe de venir et je me suis dit : « Oui, tu as raison, c’est là ». On ressentait une paix. En fait, c’est parce que j’ai trois sources dans mes caves. C’est un lieu paisible, géologiquement, il doit y avoir quelque chose qui se passe. Et ma chienne avait repéré ça.

Vous avez choisi la Belgique comme votre autre pays. Vous avez la double nationalité depuis plus de dix ans maintenant…

C’est une addition, je suis et français et belge. Ma vie privée s’est tout à coup faite en Belgique. Et quand je me suis rendu compte que j’y étais bien, que j’y resterais, que c’est là que je vivrais, parce que je payais mes impôts et m’y faisais soigner, je me suis dit « autant être un citoyen à part entière ». Et puis, c’était un acte d’amour. C’était ajouter à mon identité. Je ne l’aurais pas fait si ça avait été exclusif, si j’avais dû laisser tomber ma nationalité française. L’addition était possible et ça, c’est moi.

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Où écrivez-vous ? Ici ?

Oh, j’écris partout. Quand un livre est là, j’écris dans les trains, les hôtels, les avions. Évidemment, je préfère rester ici à écrire. J’ai la maison de Bruxelles aussi où j’écris. Quand j’écris un livre, je suis une femme qui accouche.

Vous utilisez souvent cette métaphore d’ailleurs: vos livres sont vos enfants…

Totalement. Moi, c’est vraiment ça du début à la fin. Je suis d’abord « enceint » et tout ce que je vis nourrit le fœtus. J’intègre tout. Bon, je suis plus qu’une mère éléphant, je porte très longtemps le bébé, je bats tous les records ! (rires) Et quand je sens que c’est presque insupportable de rester comme ça, que je suis presque énervé, je me dis que là, il faut que j’écrive… Et j’accouche !

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