Entre Dinant et Hastière, à quelques kilomètres de la frontière française, le dernier «bac» de la Meuse permet encore de traverser le fleuve. Entre avril et septembre, entre villas mosanes Belle Époque et décor naturel spectaculaire, entre nostalgie et découverte, rencontre avec un passeur d’eau pour le moins… singulier!
Si personne n’ignore que la vallée de la Meuse est une véritable pépite environnemental, beaucoup ne savent pas, ou plus, qu’il existe encore un passage d’eau à Waulsort/Hastière. À moins de dix minutes de Dinant, ce passage d’eau pratiqué avec un bac à traction manuelle, aujourd’hui propriété communale, a été créé en 1871 et, depuis, n’a jamais cessé de fonctionner. À tout le moins à la belle saison comme c’était déjà le cas à… la Belle Époque.
Nous avons rencontré l’homme à la barre (manuelle) de ce fameux vestige flottant, le sémillant trentenaire qu’est Michel Remy.
On a l’image d’un passeur d’eau d’un certain âge. Êtes-vous vous-même fils de passeur d’eau?
Pas du tout. Je fais ce travail depuis 9 ans et à part le fait que je suis de Waulsort, il n’y a aucun lien de parenté dans ce métier. C’est la commune qui cherchait un nouveau passeur d’eau à l’époque. Je me suis présenté et j’ai été engagé.
Quelle est la raison d’être de ce bac aujourd’hui?
Comme à l’époque, et vu qu’il n’y a pas de pont à Waulsort, il permet toujours aux gens de Falmignoul et de Falmagne de traverser la Meuse pour prendre le train direct vers la gare de Dinant ou vers Givet. Mais il est surtout devenu une véritable attraction touristique. Les gens peuvent monter sur le bac à Waulsort, traverser la Meuse en moins de dix minutes et partir se balader dans les bois. Il faut une quarantaine de minutes à pied pour arriver à Falmignoul. C’est aussi le seul accès au petit port des bateaux de plaisance que l’on voit sur l’autre rive de la Meuse. Les touristes venant de partout sont nombreux. Ils passent immanquablement par le bac qui est une attraction particulièrement tranquille et totalement gratuite.
Qu’est-ce qui vous plaît le plus et quelles sont les diffi cultés du métier ?
La tranquillité, le calme de la nature, le fait d’être en plein air dans ce paysage magnifi que. C’est aussi un effort physique puisqu’il faut faire avancer le bac à la force du poignet. Je tire l’embarcation à l’aide d’un sabot qu’il faut faire glisser sur un câble. Chaque bras travaille : à l’aller le droit, au retour le gauche. Il y a des dizaines de traversées chaque jour, c’est mieux qu’une salle de sport en intérieur ! Par contre, quand le soleil tape fort, c’est plus diffi cile et plus fatiguant d’être ainsi exposé sur l’eau toute la journée. Les lunettes de soleil me sont bien utiles.
L’été sur la Meuse et l’hiver ?
Ce métier est effectivement saisonnier, je dois donc trouver autre chose à faire en hiver. Il m’est arrivé de suivre différentes formations, en électronique ou en mécanique, par exemple. Mais cet hiver, j’ai le projet de rejoindre une station de ski où je pourrai aussi travailler en tant que saisonnier.
Vous me dites ne pas avoir de formation spécifi que pour être passeur d’eau, mais pour vous comme pour nous, faut-il avoir le pied marin pour monter à bord ?
Les gens se trompent souvent en pensant qu’il est question de pied marin mais, avec le temps, j’ai appris qu’il est surtout question d’équilibre. Il faut apprendre à gérer son équilibre et à pouvoir, par exemple, se tenir sur une seule jambe en se maintenant debout. C’est aussi simple que cela et puis, comme vous venez de le voir, je n’hésite pas à conseiller aux messieurs d’aider leur dame à monter à bord ! Non, pas parce que je ne veux pas le faire, mais je dois plutôt veiller à garder le bac en équilibre et à maintenir tout ce petit monde à fl ot. Mais si besoin, j’irai volontiers aider car le but est que chacun passe ici un agréable moment et en garde un très bon souvenir.
En détail
Passage d’eau de Waulsort
Rue de Meuse 6, 5540 Hastière
hastière-tourisme.be
