La Wallonie pour un week-end : à Rochehaut, là où l’esprit de famille domine

On bouge • 23 avril 2022

# week-end, Wallonie, famille, tourisme, auberge, rochehaut

par Charlotte Vanbever

À quelques kilomètres de Bouillon, surplombant la vallée de la Semois, ce village ardennais accueille le tourisme —convivial mais pas de masse— pour un week-end, voire plus si affinités. Car des raisons de ne pas s’ennuyer à Rochehaut, la famille Boreux a fait en sorte qu’on en ait des dizaines...

«Un accueil mal fait, c’est un séjour raté » , voilà la devise de Patricia Boreux. «Qu’on soit à l’accueil, en salle, en cuisine, que ce soit la femme de chambre ou le plongeur, tout le monde a la même importance parce que, ce qu’on recherche, c’est chouchouter nos clients». Alors, Patricia et Michel Boreux se sont lancés, dans les années 90, dans une entreprise familiale, devenue un charmant petit empire, Rochehaut, niché en Ardenne. «On a commencé par un Gîte à la Ferme. Il y avait une chambre et une petite salle de bain et une petite salle de restaurant dans ce qui est aujourd’hui L’Auberge de la Ferme. Ça a démarré de là». À cette époque, Patricia travaillait comme comptable au Luxembourg, se souvient-elle. «Et le soir, je revenais pour faire le service avec Michel». Patricia se voit alors confier la maternité du logement l’Auberg’Inn, juste à côté. «On avait Michel et moi, chacun notre petit truc, et, en ’95, on a décidé de fusionner les deux, pour faire l’Auberge. Et au fur et à mesure, à peu près tous les ans, on agrandissait, on achetait des bâtiments. On a toujours attendu deux ans avant d’acheter une maison, pour être sûr que personne n’en voulait. Souvent, il s’agissait de bâtiments qui nécessitaient beaucoup de travaux».

En 2001, l’ouverture de la Taverne de Rochehaut a été un élément déclencheur. «Ça a vraiment été un tremplin parce qu’elle est située au bord de la route et on voulait accrocher la clientèle, étant donné qu’on était un peu reculé. Il fallait être vu, connu. Et la Taverne nous a permis d’avoir cette visibilité. On a vite mis en place un système: le soir, les gens mangeaient ici, à l’Auberge, et le midi, on avait beaucoup trop de monde ici, et la Taverne était l’idéal pour ça. Cela permettait aussi deux choix de cuisine». Et celui, aujourd’hui, de L’épi d’Or à l’Auberge —un gastronomique qui fait la part belle aux producteurs locaux avec une impressionnante cave à vins— n’est jamais décevant.

Grâce à la vision du couple Boreux, c’est tout le tourisme de la région qui a changé de visage. Mais sans que le paysage soit déformé, parole d’enfant du pays! «Il y avait pas mal de tourisme de camping, parce qu’il n’y avait pas beaucoup d’hôtels. Mon père est né ici, mon grand-père était bourgmestre de Rochehaut pendant la guerre et mes arrière-grands-parents avaient déjà un petit hôtel de famille dans les années 1910», raconte Patricia. Trois enfants plus tard, le couple n’est plus seul à gérer la grande entreprise familiale. Eloïse, Jordan et Arnaud sont montés à bord récemment. «On n’a pas poussé ‘à la charrette’. On a vraiment écouté ce qu’ils voulaient faire. Chacun a choisi son domaine. Eloïse, elle, a fait du droit car elle était intéressée par la partie gîte qu’on a développée». Avec son mari, elle a repris le restaurant Le Point de Vue (et sa terrasse surplombant Frahan et la Semois, dont Max vous a parlé dans un précédé numéro, NdlR). Arnaud, lui, a fait l’École hotellière à Bouillon et est à la tête de la Brasserie de Rochehaut (dont nous vous reparlerons). Quant à Jordan, il a fait l’École hotellière à Namur et est aujourd’hui le chef de l’Épisode, le restaurant attenant aux Lodges de la Vierre, non loin de là. «C’est sûr qu’on a de la chance que nos enfants nous ont rejoints dans nos différentes sociétés!». Prochaine progéniture, ou plutôt chapitre pour la famille Boreux, écrire celui d’une piscine et d’un sauna pour l’Auberge.

_{En détail}

L’Auberge de Rochehaut

Rue de la Cense 12, 6830 Bouillon

Tél: 061/ 46 10 00

aubergederochehaut.com/fr

Vertigineusement bien

À Rochehaut, on prend de la hauteur. Et ça commence (bien) dès l’entrée du village, où la terrasse de la Brasserie et du restaurant l’Angus Grill (ne passez pas à côté de la côte à l’os grillée pour deux ni du fameux pain perdu en dessert) surplombe un paysage vert époustouflant et vallonné. Non loin de là, est installé le Parc animalier et ses 40 espèces. Quelques centaines de mètres plus loin, passées les prairies, c’est le point de départ de l’une des attractions de la région: la promenade des Échelles. Il s’agit donc bien là de crapahuter, sur quelque 7 kilomètres, en empruntant, réellement, des échelles. Vertigineux! Les promeneurs moins téméraires opteront pour des itinéraires moins cabossés qui les mèneront au bord de l’eau…

Et c’est justement le long de la Semois, à Laviot, toujours dans la commune de Rochehaut, que s’est réfugiée Xavinja. Là, elle a créé son institut de soins, Estheti’X, dans un coin où on ne pensait pas en trouver, entre arbres et rivière. Originaire de Flandre, la jeune femme s’est installée en Ardenne par amour. C’était il y a quatre ans. Mais son mari, un enfant de la région —sa famille tenait le camping juste à côté et il a repris l’affaire—, elle l’a rencontré il y a bien plus longtemps que ça, quand encore ado, elle passait ses vacances dans le coin. D’avoir traversé, en 2018 et presque définitivement, la frontière linguistique, Xavinja ne l’a jamais regretté. «J’étais encore étudiante en bio-esthétique à Gand à l’époque mais je me suis dit que j’allais quand même tenter de me faire une clientèle ici. Et le bouche-à-oreille a très vite fonctionné». Depuis son ouverture, le salon ne désemplit pas. Les touristes —et les locaux— y viennent pour une manucure, un soin visage ou un massage à base de cire chaude fabriquée dans la région, mais aussi pour la gentillesse de l’hôtesse des lieux. Car être esthéticienne, pour Xavinja, c’est aussi faire preuve de «psychologie», nous dit-elle. Et ses clients le lui rendent bien: «il y a une telle gentillesse ici. Tout le monde dit ‘bonjour’, ce qui n’est pas toujours le cas en Flandre. Et puis, il règne ici une telle tranquillité, que je ne voudrais pas faire demi-tour», sourit-elle.