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Le Cirque du Soleil brillera à nouveau en Belgique : sur la piste du géant pourvoyeur de rêves

Il est enfin de retour en Belgique! Après deux années d’arrêt forcé, ce géant pourvoyeur de rêves s’est remis en piste. Enquête dans les coulisses d’un Cirque du Soleil qui n’a rien d’un clown triste.

Il préfère parler d’une «relance» plutôt que d’une renaissance. Fin 2021, Stéphane Lefebvre devenait le nouveau grand patron du Cirque du Soleil. Il lui fallait alors, une fois le monde sorti de la pandémie, trouver la meilleure façon de faire à nouveau briller le soleil sur le monde du cirque. Parce qu’en mars de l’année précédente, tout s’était arrêté net pour l’entreprise pourvoyeuse de rêves. Aux quatre coins du monde, 37 spectacles aux dimensions gigantesques étaient alors «en opération», comme on dit en québécois. Du jour au lendemain, plus aucun artiste n’allait monter en piste. Fin du rêve. Fin du Cirque du Soleil après plus de 30 années passées à briller? Pas si vite. Même si plus aucun centime ne rentrait dans des caisses habituées à générer des centaines de millions de dollars, l’entreprise québécoise a relevé ses manches. De nouveaux investisseurs sont montés à bord –pour un voyage de relance à 300 millions de dollars– et un nouveau départ a été pris. «On a mis en place un plan pour relancer nos spectacles sur une période d’à peu près un an… D’abord les spectacles (permanents, NdlR) de Las Vegas, à l’été 2021 jusqu’en novembre 2021. Puis, les spectacles de tournée un peu partout, jusqu’en septembre dernier. Et ça a été un sacré défi!», nous explique aujourd’hui, avec un peu de recul, le président et chef de la direction du Groupe Cirque du Soleil. Et voilà le Cirque reparti pour parcourir le monde, dont la Belgique. Mais dans une mesure plus raisonnée?

Surprise, surprise

À ce jour, ce sont huit «shows» du Cirque –«un autre, actuellement en production et en création, sera encore mis en opération en 2023»—, qui tournent, dont «Crystal» qui posera sa piste glacée à Bruxelles en février prochain.

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Petit à petit, il a fallu remettre au travail les artistes et techniciens. Car en mars 2020, mise en faillite, «en utilisant les mécanismes de la loi pour se protéger», la société, qui comptait quelque 4.600 employés, a dû mettre à pied 95% de son personnel. «Cela a été catastrophique, très difficile pour tout le monde. On avait juste hâte de pouvoir ramener les gens au travail», se souvient Stéphane Lefebvre. Pas une mince affaire, vu le gigantisme des spectacles qui emploient entre 100 et 250 personnes chacun. «La bonne surprise a été de voir que nos artistes ont voulu massivement revenir travailler avec nous. On avait peur que les gens aient quitté l’industrie. Et ils sont revenus en pleine forme!». Aujourd’hui, ils sont près de 4.000 à avoir retrouvé le chemin vers le Soleil.

Bâtir un nouveau cirque

Le Cirque du Soleil, comme beaucoup dans l’industrie du spectacle et même au-delà, a retenu les leçons de la pandémie. Son modèle doit quelque peu évoluer, nous dit Stéphane Lefebvre. «Ce que j’ai dit dès la relance, c’est qu’on ne va pas révolutionner ce qu’on a fait dans le passé mais on doit être conscient qu’il s’est passé quelque chose ces deux dernières années. Les gens ont changé leur rapport à l’‘entertainment’ durant la pandémie. Les gens ont vu autre chose, des choses extraordinaires sur différentes plateformes. Au sortir de la pandémie, on a l’obligation de surprendre davantage les gens qui viennent au Cirque du Soleil pour être émerveillés, épatés. On doit tenir compte de ça dans la production de nouveaux spectacles. On a cette obligation de surprendre davantage, avec notamment l’offre d’une expérience un peu plus complète. Et ça, ça prend du temps à mettre en place. Quand les gens vont voir un spectacle sous un chapiteau, 98% de l’expérience est le spectacle. Il y aurait tellement d’autres choses à offrir en plus. On a fait un test à Las Vegas où on permet après le show au public de venir sur la scène, de rencontrer les artistes et de prendre un verre avec eux. Il faut que les gens soient heureux de dire partout, sur les réseaux sociaux, qu’ils sont allés voir un spectacle du Cirque du Soleil».

Records historiques

L’avenir du Cirque se jouera aussi avec des créations de spectacles moins régulières. «On n’a pas l’obligation de faire un spectacle tous les deux ans. Cela faisait partie de l’ancien modèle d’affaire. Je pense qu’on a l’obligation de faire des spectacles extraordinaires. On fera un nouveau spectacle lorsque les marchés seront là pour l’accueillir, pas un tous les deux ans. On se doit d’amener beaucoup d’innovation, au niveau des performances humaines également qui ont beaucoup évolué ces 10 dernières années».

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L’optique est aussi que les spectacles de la compagnie perdurent le plus longtemps possible. Comme «Kooza», créé il y a une quinzaine d’années et qui a été représenté, établissant un record de ventes de billets, à Montréal au printemps dernier. «Le spectacle est toujours pertinent aujourd’hui, même si évidemment on a resserré des trucs».

Évacuée dès lors, l’appréhension postCovid que le public ne se déplace plus en masse pour assister à des méga-shows, pour raison sanitaire ou financière? «On avait effectivement cette crainte-là avant de les relancer. Mais l’expérience de la dernière année nous a prouvé l’inverse. Les gens ont envie de retourner voir des spectacles. On a battu des records historiques sur plusieurs marchés cette dernière année». Stéphane Lefebvre n’en attendait pas tant. «Quand j’ai présenté aux nouveaux investisseurs du Cirque du Soleil mon nouveau plan d’affaire, dans la colonne ‘risques’ on avait indiqué: ‘on ne sait pas quel sera le rapport des gens au divertissement à la sortie du Covid. Est-ce qu’ils vont vouloir revenir sous un chapiteau avec 2.500 personnes?’». Pour l’heure, à la dernière question, la réponse est «oui». Le Cirque du Soleil n’a rien d’un clown triste.

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D’aussi loin qu’il s’en souvienne, au début des années 90, Stéphane Lefebvre a vu tous les spectacles du Cirque présentés à Montréal. En 2016, admiratif de ce que Guy Laliberté a construit, il recevait un appel pour le poste de chef des finances, avant d’être appelé plus haut. Peut-on être un très bon financier et avoir une âme d’artiste? «Je crois que oui. Je fais très attention à ne pas me prétendre un créateur. Mon rôle est de mettre en place les structures et la disponibilité intellectuelle et créative pour faire de nouveaux spectacles. Je ne veux pas être la personne –et je ne saurais pas faire ça– qui dit qu’il faut changer la couleur du costume. Par contre, c’est important pour moi de donner ma perspective: est-ce que le spectacle rencontre les objectifs créatifs de départ? Est-ce que le spectacle va offrir une expérience différente de ce qui a été fait dans le passé?».

La touche louviéroise

Mais comment garantir l’identité québécoise du Cirque du Soleil, créé à Montréal et toujours basé là, alors que les actionnaires sont désormais hors des frontières? «Le siège social, toutes les instances de création sont à Montréal», précise le CEO, justement québécois. «Mais le Cirque a aussi toujours été très ouvert sur le monde, et il faut pouvoir compter sur de nombreux créateurs qui viennent de partout». Comme ce fut le cas du Louviérois Franco Dragone, décédé il y a quelques jours. «Franco a influencé plusieurs générations de créateurs, en plus d’avoir mis en scène beaucoup de spectacles du Cirque (dont les emblématiques ‘Ô’ et ‘Saltimbanco’). On va s’assurer de lui rendre hommage de la bonne manière».


Diamant de «Crystal»

Unique. Acrobatique. Poétique. Chaque spectacle du Cirque du Soleil fait travailler l’imaginaire du spectateur, l’envoûte par ses décors, ses musiques originales et ses langues inventées (à l’exception de «Crystal» dans lequel on reconnaît quatre chansons populaires). Olivier Fillion Boutin, aujourd’hui responsable relations publiques pour les marchés internationaux, est arrivé en 2011 au Cirque. Il en connaît toutes les coulisses… et l’historique. «Saltimbanco» a été un nouveau point de départ, au début des années 90, c’est là que la marque Cirque du Soleil a réellement été apposée. Un cirque totalement nouveau, sans animaux. «Puis ‘Alegria’ a propulsé la compagnie. À travers le monde, on le jouait à guichets fermés», nous dit-il. Et l’histoire se répétera, spectacle après spectacle (au printemps prochain, on comptera 38 créations).

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La terre, le feu («Dralion»), l’eau évidemment («Ô») ont toujours inspiré les créateurs du Cirque du Soleil. La glace, un peu moins. C’est désormais chose faite avec «Crystal», qui brisera... la glace en février prochain au Palais 12, cinq ans après sa création. «On faisait des spectacles d’arena, de chapiteaux, on a exploré les théâtres aussi (avec ‘Zarkana’ notamment) et le Cirque cherchait de nouveaux horizons et un spectacle sur glace, c’est quelque chose qui avait été pensé il y a plusieurs années», explique Olivier. «Mais on n’avait jamais vraiment eu les concepteurs pour le faire. Souvent le Cirque a des idées qui vont mariner plusieurs années avant de trouver les bonnes personnes». Et qui dit spectacles innovants dit nouveaux artistes. «Il faut aller chercher ces artistes et chaque année notre équipe de casting travaille pour trouver ce genre de nouveaux talents. Mais la manière de recruter a changé à travers les années. Aujourd’hui, on fait des castings sauvages en se rendant à des compétitions de gymnastique ou de sports extrêmes afin d’y trouver des athlètes potentiels. Certains d’entre eux sont en fin de carrière et viennent chez nous pour performer encore quelques années. Même si nos artistes peuvent aussi demander de changer de spectacle pour réaliser un nouveau défi. Mais, parfois, le squelette acrobatique ne correspond pas au profil de cet artiste-là. On a peut-être besoin d’un jongleur mais qui sait aussi faire l’animation de style clown. On peut lui donner la formation bien sûr, mais on essaie de trouver quelqu’un qui sait déjà faire les deux. On a un bassin énorme d’artistes potentiels mais on se doit de chercher aussi et toujours dans les nouvelles disciplines qui apparaissent. Parce que le metteur en scène va vouloir créer, pour son nouveau spectacle, des combinaisons de disciplines un peu folles, comme dans ‘Crystal’ où banquine et trapèze se mélangent».

«Crystal» se vit les yeux rivés vers le ciel, mais surtout, sur la glace, où breakdancers et hockeyeurs cascadeurs se croisent. Un spectacle acrobatique sur glace n’augmente-t-il pas le risque de blessures? «Le risque est partout, sur tous nos spectacles. Ici, c’est particulier car il y a évidemment l’élément de la glace. Mais la surface de nos scènes est parfois un peu plus rembourrée, elle absorbe plus les chocs». Mais elle ne protège pas le public du choc visuel qu’il s’apprête à recevoir, comme les quelque déjà deux millions de spectacteurs de «Crystal»… Et comme à chacun des spectacles que le Cirque du Soleil met en piste.

En détail

Le Cirque du Soleil sera en Belgique au Palais 12 du 9 au 12 février 2023

Infos & tickets : cirquedusoleil.com/crystal

Crédit : M-A Lemire

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