Le Grognon : le premier endroit habité de Namur… il y a des milliers d’années

C’est un petit bout de terre situé au confluent de la Meuse et de la Sambre, qui tient son nom de sa forme en «groin de porc» auquel l’endroit fait penser. Un lieu, somme toute, parfaitement propice pour que les premières populations viennent s’y installer. Et c’est ce qu’elles ont fait il y a près de 4.800 ans, durant cette époque que l’on appelle le Néolithique final. C’est en effet là que des premières traces d’occupation permanente ont été découvertes, alors que les berges environnantes devaient être couvertes de forêts. L’endroit semblait plus simple à protéger, entre deux eaux et au pied d’un massif rocheux. Dès l’époque gallo-romaine, on pouvait y voir des habitations pérennes s’y établir, ainsi que sur l’autre bord de la Sambre. Mais c’est surtout durant la période carolingienne, au 9e siècle, que l’endroit prit une toute autre envergure avec, notamment, l’implantation de l’oratoire Saint-Hilaire. Dès le siècle suivant, des activités portuaires s’y développent et s’y maintiendront durant près de… 800 ans.

Un quartier très peuplé

À partir du Moyen Âge, le Grognon n’aura rien d’une esplanade mais sera, au contraire, un quartier densément peuplé qui sera d’ailleurs le premier à jouir d’une enceinte de protection le long des rives de la Sambre et de la Meuse. Dès 1521, Charles Quint y finance la construction d’un nouveau rempart afin de protéger cet endroit stratégique. Le Grognon sera d’ailleurs entouré de plusieurs «portes» massives pour y accéder. Mais à partir du 18e siècle, le quartier deviendra particulièrement peuplé, poussant la densité de population à des proportions trop élevées. S’en suit alors une paupérisation progressive qui marquera durablement l’emplacement. Des incendies et des destructions diverses viendront ensuite changer radicalement l’aspect de cette pointe de terre, et c’est au tournant des années 60 et 70 que les dernières maisons à s’y dresser seront rasées pour transformer l’espace en parking à ciel ouvert. Certains édifices d’époque y sont toutefois encore visibles, tel l’ancien Hospice Saint-Gilles dont la construction a débuté en 1667, destiné à l’origine aux malades et miséreux, et aujourd’hui siège du Parlement wallon.

En 2017, des fouilles préventives ont découvert sur ce Grognon des vestiges vieux de près de 19 siècles. Aujourd’hui, le NID, Namur intelligente et durable, propose de remonter à travers les âges via un film en réalité virtuelle et en 3D grâce à un casque qui permet une plongée immersive dans 11.000 ans d’histoire d’un endroit qui, paradoxalement, n’est plus habité de nos jours.