Les plus beaux châteaux de Wallonie : Havré, un château sauvé de la ruine (photos)

Considéré comme l’un des plus beaux de Belgique au 17e siècle, le château des ducs d’Havré retrouve petit à petit sa splendeur d’antan.

Par Sophie Lagesse

Publié le 01/11/2022 à 13:02 Modifié le 01/11/2022 à 13:02

Situé au nord-est de la ville de Mons, le château d’Havré —ou des ducs d’Havré— a des origines qui remontent au 13e siècle. Aucune source historique ne permet cependant de définir à quoi ressemblait ce poste de guet devenu forteresse. Une construction qui après avoir subi les assauts des bandes liégeoises et brabançonnes est saccagée en 1365 par les Flamands venus dévaster la région de Mons. Les Enghien, propriétaires des lieux, la reconstruiront en majeure partie, avant 1423, sous la forme d’une puissante forteresse, dont l’essentiel subsiste aujourd’hui.

En 1518, le général Philippe II de Croÿ, illustre chef militaire de Charles Quint, devient propriétaire du château. À la fin du 16e siècle, le domaine connaît des périodes agitées avec les sièges des armées de don Juan et du duc d’Anjou. En 1579, c’est un incendie qui le ravage entièrement et n’en laisse que les murs. De 1601 à 1603, le duc Charles-Alexandre de Croÿ, marquis d'Havré, s’attelle à sa restauration et il en fait l’un des plus beaux châteaux de Belgique où de nombreuses têtes couronnées et des artistes illustres séjournent régulièrement. Mais après l’invasion française de 1792, le château est vendu comme bien national. Malgré son rachat en 1807 par la famille de Croÿ, il est peu à peu délaissé. En 1930, suite à un manque d’entretien, une partie du château s'écroule et l'édifice est en ruines. Ce qui pousse la Commission des Monuments et Sites à le classer au patrimoine par arrêté royal en septembre 1936. Il faudra attendre 1979 et la création de l’asbl «Les Amis du Château des Ducs d’Havré» pour que le château, voué à finir en ruines, soit enfin repris en main.

^{Crédit photo : WBT}

«Nous voulons rendre vivant ce domaine en y organisant des nombreuses manifestations», nous explique Vincent Dogimont, administrateur de l’asbl et responsable de la communication des lieux. «Le but est de lever des fonds pour poursuivre les travaux de restauration. Il y a encore des rénovations urgentes à faire. Nous organisons des événements culturels mais nous proposons aussi la location des salles déjà rénovées pour des mariages ou d’autres fêtes».

Depuis la mise en place de l’asbl, de nombreux travaux ont déjà été réalisés. «Dernièrement, nous avons restauré en profondeur la tour d’Enghien, qui est la plus grande tour avec le bulbe. Il y a encore quelques travaux de conformités électriques à réaliser. La salle d’armes, qui est la plus grande salle du rez-de-chaussée, est en location donc elle est tout à fait remise en état. Nous avons profité du confinement pour la doter d’un plafond». Évidemment, les projets ne manquent pas. «De façon assez urgente, nous devons maintenant traiter le premier et le second étage de la chapelle car certaines parties se sont effondrées. Ensuite, nous apportons aussi beaucoup d’attention au maintien ou non des grandes cheminées de la tour des cuisines. Ces cheminées se sont fort abîmées. Nous devons voir si nous pouvons les consolider ou s’il est nécessaire de les démonter pour les rénover». Des travaux qui demandent évidemment la participation d’artisans spécialisés.

Le point d’orgue du château est la tour d’Enghien. Elle représente l’ancrage du château depuis ses origines

Des travaux imposants qui permettent aux visiteurs d’admirer de plus en plus de salles du château. Et de s’arrêter dans les coins les plus intéressants de la bâtisse. «Je dirais que le point d’orgue du château est la tour d’Enghien car sa base fait référence à l’une des parties les plus anciennes du château qui remonte au 14e siècle. Elle représente l’ancrage du château presque depuis ses origines, même s’il y avait déjà des constructions au 12e siècle. Et puis, son nom fait référence à la première grande famille qui a habité les lieux, les Enghien».