À quelques encâblures de Huy, le château de Modave se dresse entre ciel et eau. Une bâtisse à l’élégance toute française qui puise son histoire dans les sources qui l’environnent.
À Modave, l’histoire était toute tracée… La toponymie nous apprend que le destin du château était fixé depuis bien longtemps puisque son nom, d’origine celtique, signifie «eau bondissante». Et d’eau, il sera beaucoup question dans ce domaine.
On le voit surplomber la rivière Houyoux, artère vitale pour toute la région pendant des siècles. À l’origine, c’était un simple donjon entouré de tours, de murs d’enceinte et de fossés, défendu par des herses, et construit à l’époque féodale sur un piton rocheux. Au 14e siècle, quelques constructions civiles viendront s’y adjoindre. L’ensemble prendra alors une forme carrée. Mais c’est après son incendie de 1651 qu’il entamera un nouveau chapitre.
Modave est une pierre angulaire dans l’histoire de l’énergie hydraulique
Son propriétaire, le comte Jean-Ferdinand-Gaspard de Marchin, décide de le faire reconstruire sous son aspect actuel. L’influence? L’architecture française de l’époque. Et d’ailleurs, à bien des égards, il n’a rien à envier à certains châteaux de la Loire. En passant le portail d’entrée, on s’étonne d’y trouver la devise toute britannique «Honni soit qui mal y pense». Mais le Comte en avait le droit, lui qui avait été fait chevalier de l’Ordre de la Jarretière par le roi Charles II lui-même.
Jusqu’à Versailles
À l’intérieur, les salles sont richement décorées et meublées. Dans la remarquable salle des gardes, on découvre la généalogie des comtes de Marchin peinte et stuquée en trois dimensions au plafond. Près de cinq générations y sont représentées. Poussant plus loin, on passe par la grande salle à manger et son incroyable service en porcelaine de Gien, du nom de la prestigieuse faïencerie française, de près de 1.130 pièces. On croise la luxueuse chambre du baron de Montmorency avant d’arriver dans une petite salle de bain dotée d’une baignoire surnommée «le trou» et qui a pour particularité d’être creusée à même le rocher sur lequel s’est érigé le château.
Dans la cour d’honneur se dresse un bassin avec une jet d’eau. Car Modave est une pierre angulaire dans l’histoire de l’énergie hydraulique. C’est en effet là qu’un certain Rennequin Sualm, maître-charpentier liégeois, imagine, en 1667, une machine permettant d’élever de 57 mètres les eaux du Houyoux dans la cour du château. Et c’est cet ingénieux système qui a servi de modèle à la «machine de Marly», qui a permis d’alimenter en eau les fontaines du château de Versailles à la demande de Louis XIV.
Des eaux pures
Le château domine la vallée du Houyoux, affluent de la Meuse, connue pour être la rivière la plus rapide de Belgique. Ses eaux très froides ont permis à toute une industrie de prospérer le long de ses berges: moulins, scieries, papeteries, laminoires, etc. À l’époque napoléonienne, l’eau de source dite du Gros Bouillon passait encore pour être «la plus saine et la plus limpide de l’Empire».
Après les Marchin, le domaine passera de main en main, du prince-évêque Maximilien-Henri de Bavière à la famille Montmorency en passant par le cardinal de Furstenberg, avant de finir, en 1941, dans l’escarcelle de la Compagnie Intercommunale Bruxelloise des Eaux, devenue depuis lors Vivaqua qui est responsable de la production et la distribution d’eau potable en Région bruxelloise. Parce que c’est en effet là que se situe le plus grand captage de Belgique. D’une façon ou d’une autre, le château de Modave aurait donc toujours eu un pied dans l’eau.
En détail
Château de Modave
Rue du Parc 4, 4577 Modave
Tél: 085/ 41 13 69
modave-castle.be