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Printemps : observez les oiseaux qui ont déjà pointé le bout de leur nez près de chez vous

Vous les entendez, ces chants d’oiseaux qui vous réveillent, cette douce musique qui enchante vos promenades dans la nature? Le printemps n’est pas tout à fait là, mais certains volatiles, eux, se sont déjà (re)déposés chez nous.

«La mi-février, c’est en théorie le début des migrations dans nos contrées». Et au fur et à mesure que les oiseaux s’installent, nos croyances et nos espoirs vont bon train. «S’ils viennent plus tôt, comme les grues par exemple, on se dit qu’il fera doux plus tôt. Depuis toujours, on a l’impression que quand les oiseaux arrivent, c’est avec le climat. Et qu’ils devineraient qu’il va faire beau», nous explique Jean-Pierre de Harenne, un passionné d’ornithologie dont «Max» avait fait la connaissance l’année dernière.

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En mettant le nez dehors, peut-être avez-vous déjà aperçu en cette fin d’hiver des grives draines. «Elles reviennent généralement assez tôt, les grives musiciennes aussi. Ce sont vraiment les premiers oiseaux à migrer. On les remarque en écoutant tout simplement dans son jardin. D’aspect, elles ressemblent à des merles mais sont tachetées». Au rayon des plus grands oiseaux, les cigognes se font de plus en plus remarquer dans le sud du pays, en cette saison. Des oiseaux que le réchauffement climatique rapatrie chez nous. «Au moment où les insectes commencent à proliférer».

Mais il arrive, comme ce fut le cas l’année dernière, qu’une fin d’hiver très douce soit suivie par des chutes de neige en avril. Avec quelles conséquences, dès lors, pour les oiseaux qui ont déjà migré? «C’est une catastrophe pour eux, pour trouver de la nourriture. Parfois aussi, quand une période de gel se réinstalle après des températures douces, les oiseaux doivent renidifier»

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Le bec croisé.

Comment faire, justement, pour accueillir au mieux ces oiseaux, et leur réserver un nid parfait? «Certaines espèces, comme les hirondelles, arrivent à partir du mois de mars. Elles iront là où elles trouvent un ruisseau, de l’eau et de la boue». La boue leur est essentielle pour fabriquer leurs nids.

«Les hirondelles d’étable, avec leur longue queue, vont nidifier justement dans les étables. L’hirondelle de fenêtre, avec sa petite queue, vient, elle, 15 jours plus tard. Et elle fait son nid sous les corniches des maisons». Vous savez donc où observer l’hirondelle, sans avoir besoin de jumelles. Mais installer un nichoir chez vous vous assurera, presque à l’année, de pouvoir observer certains oiseaux, comme les passereaux, et «les mésanges, qui ne vont pas très loin. Si vous passez l’hiver à les nourrir, elles vont rester dans le jardin» nous assure Jean-Pierre. «Les accenteurs mouchets et les mésanges, vous en trouverez toujours dans le jardin à cette période. Et si votre maison est un peu rustique, les rouges queues devraient s’y installer, un peu plus tard en avril».

Oiseaux rares et raréfiés

En s’aventurant dans les forêts ardennaises, certains observateurs ont la chance de reconnaître, à de rares occasions, le pic tridactyle. «Il ressemble à un pic épeiche mais il a trois doigts aux pattes. Tout comme la chouette de Tengmalm, tout aussi rare, qui est toute petite et choisit elle aussi les bois comme habitat. Le jaseur de Bohème est lui une espèce de gros passereau rare qui vient de Bohème, pays des conifères donc. On le reconnait à son bec croisé pour casser les pommes de pin».

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Le pic tridactyle.

Avec le changement climatique, certaines espèces se sont réinstallées plus au nord. C’est le cas de la sittelle torchepot. «Mon grand-père m’expliquait à l’époque que dans les années ‘50 – ’60, les sittelles torchepot, on n’en voyait jamais. Désormais, elles passent l’hiver ici en campagne. Certains ornithologues d’aujourd’hui n’ont pas connu cette époque où on ne voyait pas de sittelles», se souvient notre passionné. On le sait aussi: les cigognes, elles, remontent de plus en plus. «Elles ne venaient pas ici il y a 50 ans. En Ardenne, les Grands ducs reviennent en force aussi. Ils avaient disparu et l’espèce est protégée».

D’autres phénomènes migratoires restent cependant incompréhensibles, nous dit Jean-Pierre. «Les pinsons du nord viennent l’hiver chez nous quand il fait très froid en Allemagne, tout comme le cassenoix moucheté, qui peut quitter les Alpes mais pas chaque année. Par contre, il y a un mois environ, on a découvert à la côte belge un oiseau migrateur, la mouette de Ross, qu’on n’avait jamais vue en mer du Nord. Elle est venue seule, pas en groupe et elle ne vit d’habitude qu’en Arctique. On n’a pas compris pourquoi elle est arrivée vers le sud».

En ville aussi

Ce qu’on sait, par contre, c’est que l’Homme est souvent le meilleur ennemi de ces oiseaux qu’il aime observer. «La plus grosse menace reste les pesticides déposés par l’Homme. «Cela rentre dans les nappes phréatiques et éloigne plusieurs espèces. Cela fait plusieurs années que je n’ai plus vu de vanneau huppé. Les perdrix, qui vivent en bande, disparaissent car elles vont dans les cultures où elles trouvent des pesticides. Quant au cincle plongeur, comme son nom l’indique, il vit dans les ruisseaux où il plonge pour trouver de l’eau très pure. S’il y a un grain de pollution, il disparaît et les ruisseaux sont, de fait, de plus en plus pollués».

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Le martinet.

Mais il n’est pas toujours nécessaire d’habiter à la campagne pour observer diverses espèces. Les martinets, eux, aiment se poser en ville. «Et ce sont des oiseaux fascinants, qui arrivent plus tard, vers le 15 mai et repartent le 15 juillet, en groupe. Ils restent deux mois ici pour nicher, dans les trous des murs. Et c’est le seul moment où ces oiseaux se posent avec leurs pattes, pour aller dans leur nid! Sinon, ils volent tout le temps, ils ne posent jamais leurs pattes car leurs ailes sont trop longues. S’ils se posent par terre, ils ne savent plus décoller!» Cher oiseau, suspends donc ton (en)vol!

Le conseil d’ami

Au fait, jusque quand peut-on continuer à «nourrir» les oiseaux de nos jardins? Boules de graisse et autres graines seront naturellement délaissées par la plupart des espèces dès le moment «où les arbres commencent à bourgeonner, sauf pour les fainéants!» sourit Jean-Pierre. Qui insiste sur un point et cette erreur trop souvent commise: «Il ne faut jamais donner du pain aux oiseaux… De grâce, ça les tue! Quand le pain s’humidifie, il gonfle et ça bloque leur gorge. Ensuite, ils étouffent». Qu’on se le dise et qu’on le retienne pour l’hiver prochain! Et qu’on n’oublie pas, une fois les chaleurs revenues, de toujours leur mettre de l’eau à disposition.

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L’hirondelle d’étable.

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