Rencontre avec Éric Domb, patron de Pairi Daiza et rêveur insatisfait

On l’a dit fou de se lancer dans ce gigantesque projet « Pairi Daiza », il est juste passionné et… passionnant. On l’a dit, à tort, « mégalo », alors qu’au contraire il est rêveur, « obsédé par son rêve de gamin », émerveillé par la Terre, dit-il. Dans son Eden pas encore achevé, ce chef d’entreprise discret se raconte, sans manier la langue de bois.

En Wallonie, on a parfois l’impression qu’on ne met pas suffisamment en avant les personnalités, les chefs d’entreprise qui rayonnent. C’est un sentiment que vous aussi avez eu, ou avez toujours ?

Je ne pense pas que cela m’affecte. Mais ce constat est tout à fait objectif. Il est sans doute lié à notre culture. Je pense qu’on ne reconnaît pas que des femmes ou des hommes sortent à un moment du lot. Et c’est une erreur. Nous avons plutôt intérêt à promouvoir des personnes qui, à un moment, vont jouer le rôle de catalyseurs. Qui vont transformer une idée en une entreprise, en une aventure collective qui, si tout va bien, va créer du travail, du rêve…et payer des impôts. On n’a jamais payé des impôts avec des entreprises qui perdent de l’argent…Il est donc utile de promouvoir des talents et on a beaucoup de difficultés avec cela.

J’étais mort de trouille, et je le suis encore régulièrement car il n’y a aucune référence.

Pourquoi ?

Parce qu’on est toujours dans le collectif. Le collectif est essentiel, mais dedans il y a des personnes qui lancent par leur énergie, par peut-être leur inconscience, une entreprise. Ou oublie qu’en économie, en sport, dans des activités artistiques, l’essentiel ce sont toujours des individus. Quand on regarde l’histoire de l’humanité, ce sont soit des crapules soit des gens bien qui ont modifié le cours des choses. Cet élément-là, de l’individu, est souvent gommé. C’est une erreur, je crois, de nier le rôle des individus dans la société en général.

Mais qu’est-ce qui fait que vous, et pas quelqu’un d’autre, avez réussi à être ce « catalyseur » comme vous dites ?

(sourire) C’est l’intensité de l’envie. Cela peut presque se limiter à cela. J’ai fait différents métiers avant de créer Paradisio (avant qu’il ne s’appelle Pairi Daiza) qui, à part, le dernier, étaient des échecs successifs, je n’étais pas heureux dans mon activité professionnelle.

Quand vous découvrez cet endroit au début des années 90, vous étiez déjà un passionné de nature, des animaux ? C’était vos passions d’enfant ?

Exactement. Je suis resté un enfant. Sauf que la chance que j’ai, c’est que j’ai mis l’adulte que je suis devenu au service de mes rêves d’enfant.

L’Eden tel que vous l’aviez en tête en 1992, il a beaucoup changé, par rapport à celui que vous imaginez aujourd’hui ?

Non. Mais ce qui s’est passé c’est qu’avec les années, je me suis libéré de plus en plus, de mes peurs, de mes frayeurs. Si  vous m’aviez dit à 20 ans que j’allais créer Paradisio, qui allait devenir Pairi Daiza et le Jardin des mondes, j’aurais dit que j’étais incapable de le faire. Et au fur et à mesure que ce que j’ai réalisé a rencontré les attentes des visiteurs, j’ai pris de plus en plus confiance en moi.

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