Rencontre avec Maxime Richard : "Je n’ai pas choisi le kayak pour être reconnu"

Maxime Richard touche du bout de sa pagaie un record: quadruple champion du monde de kayak, le souriant et musclé Dinantais de 33 ans, récemment papa, attend de décrocher son 5e titre mondial. Rencontre en bord de Meuse, dans le village d’Anseremme.

Maxime, le kayak, c’était une évidence pour vous ?

C’était familial. Mon papa était en équipe nationale et mon grand-père a été président du club. J’ai commencé parce qu’à chaque fois qu’on partait en vacances, il y avait l’eau pas très loin et souvent un kayak.

Vous avez compris assez vite que vous aviez les capacités pour devenir pro?

Ce n’était pas comprendre que j’avais les capacités, mais plus une question d’envie et d’implication. C’était aussi assez naturel par rapport à mon tempérament, à mon état d’esprit. Je faisais du football ici à Anseremme et j’ai arrêté. Rapidement, j’ai eu de l’intérêt pour la compétition en kayak, je ne l’ai jamais pratiqué dans le but de faire un petit tour sur l’eau.

Qu’est-ce que vous aimez dans le kayak?

À la base, c’est le fait que ce soit un sport extérieur, dans la nature. Chaque fois qu’on fait une descente, c’est différent, en fonction des saisons, du niveau de l’eau, des conditions,… Le fait que ce soit un sport individuel a beaucoup d’importance pour moi dans le sens où si je foire une compétition, c’est de ma faute et si je fais un bon résultat, c’est grâce à mon implication. Les sensations de glisse, le fait d’être sur une rivière avec de grosses vagues, cette adrénaline, ça continue à titiller mon intérêt et à me donner envie.

Est-ce que vous avez l’impression que le kayak, en tant que discipline sportive, n’est pas assez mis en avant, que vos exploits – quadruple champion du monde – ne sont pas suffisamment soulignés?

C’est ce qu’on dit assez régulièrement… Mais pour moi, la problématique est vraiment sur la culture du sport chez nous, de manière globale. Ce n’est pas qu’une question de médiatisation. Je me souviens de la première fois où je suis allé aux États-Unis en stage en tant que professionnel, les gens làbas disaient tous: «waw, c’est génial, tu es un sportif professionnel!» Ici en Belgique, beaucoup de gens te diront: «ah bon, ça existe professionnel dans ce sport?».

Mais ça vous a frustré dans votre carrière qu’on ne mette pas plus en avant vos exploits?

Non, pas spécialement. Quand j’étais plus jeune, en sortant de l’école, je me suis dit que ça restera compliqué parce que je n’aurai pas cette reconnaissance qu’on peut avoir dans d’autres pays. Quand on choisit d’aller vers le sport, on se demande parfois si c’est vraiment ça qu’on doit faire. S’il y avait une certaine reconnaissance, ça pourrait justifier plus facilement ce choix. Mais quoi qu’il arrive, je n’ai pas choisi de faire du kayak pour être reconnu. Je suis totalement serein par rapport à ça.