Tourisme : des promenades antiques sur les traces des Romains en Wallonie

Même si à ses yeux, ils n’étaient que des barbares, Jules César disait des Belges qu’ils étaient les peuples les plus braves de Gaule. Mais cela ne l’a pas empêché de les vaincre en 57 av. J-C. La Belgique n’était alors en rien un pays et ne possédait aucune unité politique globale. Ce n’était qu’une constellation de peuples: Eburons, Nerviens, Atuatuques, Ménapiens, Condruses, etc. De 40 à 12 av. J-C, Agrippa puis Auguste commencèrent à mettre en place une nouvelle administration pour régir nos régions. Le processus de romanisation fut lent, sur plusieurs décennies, mais de nouvelles structures se sont mises en place: un réseau routier, un système économique, des villes et des agglomérations et la municipalisation du territoire. Mais c’est aussi sur les esprits et la façon de vivre que l’Empire romain voulait exercer son emprise, dans un processus d’assimilation. Sont alors apparus des villas, des thermes, des tumuli, des voies, des temples… Et, 2000 ans plus tard, il en reste encore des traces en Wallonie.

Une terre de tumuli

La Wallonie est traversée de part en part par l’antique route Bavay–Tongres. Cette fameuse «voie romaine» que l’on croise encore dans la toponymie locale. Parfois sentier de terre ou chemin pavé, elle est également, à certains endroits, une vraie route en tarmac encore utilisée de nos jours. Sur tout son long, parfois à quelques encablures, sont parsemés des tumuli, ces vastes buttes de terre recouvrant une sépulture. On en compte une cinquantaine en Belgique dont une majorité en Wallonie.

Le tumulus d’Hottomont, par exemple. Situé sur la commune de Ramillies, d’un diamètre de 50m et d’une hauteur de 10m, il aurait abrité la sépulture d’un général Otto sans que l’on en ait découvert la trace. À Glimes, un caveau en pierres se cachait à deux mètres au-dessus du sol. Du côté de Chastres, deux «tombes» de Noirmont se font face en plein milieu des champs. Le tumulus «aux Six frères» est à une croisée des chemins à Eghezée, tandis qu’une statue de la Vierge a été installée au sommet de celui d’Oultremont, à Villers-le-Bouillet. On est même étonné d’apprendre qu’il s’en cache un en forêt de Soignes, du côté de Watermael-Boitsfort.

Arlon la romaine

Arlon était l’un des centres névralgiques de la Belgique Romaine. Un castrum y était érigé au sommet d’une colline. Aujourd’hui encore, il est possible d’en voir quelques vestiges. Situé à la Grand-Place, un petit musée permet de découvrir la base de deux de ses tours: la Neptune, du nom du dieu romain représenté sur un bas-relief, ou encore la Jupiter découverte en 1948. À quelques pas de là, un parc archéologique nous dévoile les restes de thermes et d’un hypocauste.

À Arlon, il est possible d’admirer les vestiges d’un castrum

À Jemelle, dans l’entité de Rochefort, se cache la villa romaine de Malagne, l’une des plus vastes villas gallo-romaines conservées dans nos régions. Elle fait partie des grands établissement ruraux érigés en Gaule du Nord. Un archéoparc y est d’ailleurs installé afin de permettre aux visiteurs de vivre une expérience «à l’antique». Du côté d’Habay-la-Vieille, en province du Luxembourg, c’est la villa de Mageroy qui nous ouvre ses portes. On peut y voir les vestiges d’un bassin monumental témoignant d’une activité piscicole. Chaque été, des fouilles ont encore lieu dans cette villa.

C’est sous le nom de Château Renaud que l’on peut découvrir en plein cœur d’une forêt de Virton les vestiges d’une grande fortification gallo-romaine. Un endroit magique dont les plus belles pièces sont conservées au Musée Gaumais. Mais pour vivre l’expérience à fond, c’est évidemment du côté de l’archéosite d’Aubechies qu’il faudra vous rendre. Là, il n’est peut-être question que de reconstitutions mais la plongée dans 2000 ans d’histoire est totale.