Maison : les règles d'or du rangement selon une architecte d'intérieur

Personne ne pourra le nier: il y a un avant et un après pandémie et le retour de cette «ancienne vie» que, pourtant, on appelle de tous nos vœux, pourrait ne pas avoir lieu de si tôt. Quant au télétravail, il est devenu incontournable dans notre vie professionnelle. Bref, quoi que nous réserve l’avenir, une chose est acquise: on va passer de plus en plus de temps à la maison. C’est pourquoi, ce désordre familier auquel on s’était habitué, bon gré mal gré, pourrait bien nous devenir insupportable. Raison de plus pour en venir à bout et espérer accéder à toute la sérénité que procure une vie bien rangée. Marie Toussaint, architecte d’intérieur chez Camber, nous donne quelques pistes pour y parvenir.

Les logements recèlent de plus en plus de solutions de rangement. Comment les placards ont fini par envahir notre vie?

Il y a plusieurs raisons à ça. Les logements sont de plus en plus exigus. Souvent, on ne peut tout simplement pas se permettre de gaspiller le moindre centimètre carré. Personne ne veut plus de l’armoire ou du buffet de grand-maman. Ça prend une place bête et c’est tout sauf discret. Or, les gens veulent des rangements, le plus de rangements possibles, mais ils ne veulent pas qu’on les voit. L’esthétique est primordiale mais il y a aussi cette idée d’oublier ces contingences. Cette envie de rangements sur-mesure, pratiques et discrets, elle est partie du dressing mais, année après année, elle a fini par envahir toute la maison.

Ces rangements sur-mesure ne sont pas forcément accessibles à monsieur et madame Tout-le-monde...

C’est un fait. Mais on n’est pas obligé de tout faire en même temps. On peut y aller par étapes, en fonction de son budget. Par ailleurs, c’est aussi un excellent investissement. Les rangements participent désormais de la valeur immobilière d’un bien. Quand ce dernier est intégralement habillé de rangements, ce n’est plus considéré comme anecdotique. Il s’agit d’une réelle plus-value. Par ailleurs, quand les placards font partie des murs, ils bénéficient d’une TVA réduite à 6%, comme tout ce qui a trait au «gros-œuvre»

Comment savoir de quels rangements on a besoin? Comment opérer son choix ?

Les rangements doivent être pensés selon la volumétrie de l’espace. L’idée, c’est d’en tirer le meilleur parti possible. Ça vaut pour toutes les pièces de la maison. Ce qui varie selon l’usage, ce sont les aménagements intérieurs. Quand on reçoit un client, on commence par lui demander ce qu’il a envie d’y mettre et on imagine un scénario autour, en tenant compte de la taille de ses possessions, de leur nature, de la fréquence à laquelle il doit y accéder. Je ne veux pas prêcher pour ma paroisse mais le choix de ces aménagements requiert une réelle expertise. Souvent, les gens n’imaginent même pas à quel point on va pouvoir leur faciliter la vie. Jusqu’à ce qu’on le fasse…

C’est quoi la clé d’une solution de rangement réussie ?

Je dirais son caractère évolutif, l’aisance avec laquelle on va pouvoir la transformer au fil du temps, de notre histoire et de nos envies. C’est essentiel pour une chambre d’enfant évidemment, mais ça vaut aussi pour toutes les autres pièces. On sait de quoi on a besoin aujourd’hui mais comment savoir ce qui nous fera envie dans dix ans? Un bon rangement doit grandir et vieillir avec nous, le plus harmonieusement possible.

Les règles d’or du rangement

Un rangement bien ordonné commence par une sérieuse remise en question et quelques règles d’or.

1. Ne trichez pas sur le tri

Vous n’y couperez pas. Un bon rangement commence forcément par un tri sans pitié. Or, qui dit trier, dit faire des choix et, donc, renoncer parfois. Pas la peine de vous attaquer à l’intégralité de votre logement en vous convainquant que vous allez en venir à bout en un week-end. Soyez modeste. N’y allez pas pièce par pièce mais, au contraire, meuble par meuble. Si vous hésitez à vous débarrasser d’un objet, pour le donner ou le jeter ensuite, mettez-le de côté. Par exemple, dans une boîte réservée à cet effet. Si un mois plus tard, vous n’êtes pas allé le repêcher, c’est que vous n’en avez plus l’usage.

2. Utilisez votre tête

Une opération de rangement bien menée ne demande rien de plus qu’un peu de bon sens. Le but étant que les objets que vous utilisez régulièrement doivent rester facilement accessibles. Aux endroits un peu plus hors d’atteinte, placez les choses dont vous n’avez pas besoin tous les jours, toutes les semaines, voire pas avant la saison prochaine.

3. Pensez multifonctions

Le stockage doit devenir votre obsession. Dès que vous faites l’acquisition d’un meuble, pensez en termes de capacité de rangement. On adore ceux qui cachent bien leur jeu et qui recèlent des compartiments insoupçonnés. Quelle que soit la nature de votre acquisition, songez qu’elle sera souvent et beaucoup manipulée. Visez la qualité plutôt que les économies.

4. Demandez de l'aide

Comme toutes les grandes épreuves du quotidien, vous n’êtes pas obligé de traverser ça tout seul. Osez demander de l’aide! Non seulement, ce qu’on fait à deux ou à trois, entre potes, est tout de suite beaucoup moins ennuyeux mais vos complices vous aideront à prendre de la distance par rapport à vos biens, à vous poser les bonnes questions. Par ailleurs, c’est le moment où jamais de partager de bons conseils, toujours précieux!

5. Commencez par le commencement

Il ne sert à rien d’exhumer le ban et l’arrière-ban de vos objets, si vous n’avez pas une vie meilleure à leur offrir. Prévoyez de nouvelles solutions de rangement, avant de vous lancer dans quelque entreprise que ce soit. Au fur et à mesure de votre travail, des besoins spécifiques pourront apparaître, que vous résoudrez à la demande, comme cette étagère pour accueillir votre sublime collection de chats en vermicelles que vous avez retrouvée au fond d’une caisse poussiéreuse.

6. Prenez votre temps!

Rome ne s’est pas faite en un jour et votre gentil bordel ne va pas se déconstruire en 24 heures. Rien ne presse, pensez plutôt à profiter de ce voyage dans le temps et de la douce nostalgie qu’il vous inspire… peut-être.