Une ruche chez soi, bonne ou mauvaise idée?

L’attention portée aux abeilles et la prise de conscience de la nécessité de les sauver – et nous dans la foulée – ont augmenté au cours de ces dix dernières années. Soucieux de protéger ces gardiennes de notre flore, mais aussi de savourer leur propre récolte de miel ou encore, d’avoir de belles fleurs dans leur jardin, de nombreux particuliers rêvent d’y installer une ou plusieurs ruches.

Si l’intention est louable, on ne s’improvise pas apiculteur, comme l’explique Arlette Stanard, apicultrice et responsable du musée du miel à Lobbes: « L’abeille jouit d’une belle mise en avant depuis une dizaine d’années car elle est un important pollinisateur et est devenue une porte-parole de la protection de l’environnement. Celui-ci se dégrade et si l’abeille ne survit pas, l’homme non plus. On voit de plus en plus de gens installer des ruches chez eux mais avec, hélas, une méconnaissance de cet animal sauvage qui vit en communauté et qui a besoin d’un environnement spécifique. On voit des particuliers installer une ruche en pensant que la Nature va faire son travail toute seule et qu’ils pourront extraire du miel sans la participation d’une personne responsable. Une ruche demande du temps et de l’attention et une formation – de deux ans environ – est nécessaire. Ces formations peuvent se dérouler en compagnonnage avec un apiculteur ou auprès d’un rucher-école. »

Où installer une ruche ?

On n’installe pas une ruche n’importe où. « Il y a des distances légales à respecter par rapport aux maisons voisines et il faut des autorisations communales. Les apiculteurs doivent également être déclarés à l’afsca, même s’ils ne possèdent qu’une ruche ». Le code rural stipule que l’emplacement réservé pour une ou plusieurs ruches doit se situer à plus de 20 m des habitations voisines et d’un chemin public, 10 s’il existe un écran – une haie pleine par exemple – de plus de 2 m de hauteur. Il faut également une zone de sécurité de 10 à 20 m devant le trou d’envol. « Le nombre de ruches n’est pas limité, mais il faut toujours veiller à ne pas créer de troubles de voisinage. L’apiculteur est responsable de ses abeilles et des désagréments qu’elles pourraient créer. »

Quelle ruche choisir ?

On peut construire sa propre ruche – « il faut être bon bricoleur, car il y a des dimensions à respecter » –, mais notre experte conseille plutôt d’en acheter une dans une boutique apicole, ainsi que tout le matériel nécessaire : une tenue de protection, des gants, un enfumoir, une lève-cadres, une brosse à abeilles... «On trouve une ruche dès 115 euros, mais il faut miser sur une moyenne de 150 à 200 euros pour une ruche et le matériel de base. À cela, il faut encore ajouter les frais pour la colonie même. Les abeilles ne viennent pas d’elles-mêmes, il faut les acheter chez un apiculteur. On peut acquérir un essaim entre 80 et 150 euros. On démarre généralement avec 10, 15.000 abeilles. Mais pour que la colonie passe l’hiver, il faudra monter à 60.000 abeilles. »

15 kilos de miel en moyenne

Une fois cela fait, une attention constante sera demandée. «On ne s’occupe pas d’une ruche quand on en a envie ou quand on a le temps: c’est la Nature qui décide. Souvent, la colonie a besoin d’attention quand il fait beau et qu’on a plutôt envie de partir en weekend (rires) ! L’hiver, il n’y a par contre pas grand-chose à faire, mais il faut malgré tout y jeter un œil régulièrement pour s’assurer que tout se passe bien. » Toutes ces conditions respectées, n’espérez toutefois pas récolter des tonnes de miel. «Une ruche peut produire entre 11 et 25 kilos de miel par an, mais la production est très variable, selon la force de la colonie et la qualité de son environnement. On n’a pas des rendements très importants en Belgique, 15 kilos, c’est déjà très bien. »