Longtemps restée confidentielle, la mode noir-jaune-rouge s’est imposée dans le monde entier comme audacieuse, intensément libre.
De décennie en décennie, la mode belge n’a de cesse de croître en réputation, en qualité comme en personnalité. C’est souvent à la façon qu’on a chez nous de faire les choses —en toute discrétion, sans trop la ramener mais sans rien sacrifier de nos ambitions, non plus— qu’elle s’est imposée aux quatre coins de la planète fashion. Elle y est désormais considérée comme une promesse de qualité, de caractère mais, surtout, de créativité, dans son expression la plus remarquablement élégante, cohérente, toujours parfaitement maîtrisée.
Il était une fois la mode belge
Longtemps, la mode belge n’aura été qu’un copier-coller de celle qu’on trouvait outre-Quiévrain, ni plus ni moins. Il faut attendre les années 80 et le Plan Textile, une initiative du gouvernement de l’époque censée sauver l’industrie textile du sud du Pays, qui en quelques décennies était passée de florissante à moribonde, pour qu’une mode made in Belgium voit enfin le jour.
Une explosion de créativité teintée d’absurde qui s’articule autour de ces deux bastions que sont l’Académie d’Anvers et La Cambre et qui voit l’essor du groupe connu sous le nom des Six d’Anvers. Presque tous ses membres vont devenir des acteurs de premier plan de la planète fashion et le rester plusieurs décennies durant, de Dries Van Noten à Martin Margiela, en passant par Ann Demeulemeester. Une mode belge est née et elle éblouit le monde par sa personnalité qui ne ressemble à aucune autre, teintée de surréalisme mais aussi, résolument ancrée aux confluents des cultures et des univers. Les «Six» vont faire des petits, une flopée de marques 100% belges, décomplexées et même, qui revendiquent leur belgitude. Mais ils vont aussi donner le ton à bon nombre de créateurs qui, sous le couvert de griffes connues, vont bouleverser durablement le visage de la mode du troisième millénaire. On en veut pour preuve l’empreinte forte laissée par Raf Simons chez Dior, voire le travail d’Antony Vaccarello chez Saint Laurent, celui de Lisi Herrebrugh et Rushemy Botter chez Nina Ricci ou encore, l’arrivée de Demma Gvasalia, encore une élève de la Cambre, chez Balenciaga.
Imprévu, la (très) jolie surprise liégeoise
Depuis toujours, Justine God a la passion de la mode vrillée au corps et au cœur. Elle commence sa carrière en tant qu’acheteuse pour un grand groupe textile. Une époque qu’elle évoque avec le sourire: «Vous imaginez, être payée pour acheter des vêtements? Le rêve!». Durant les années qui suivent, la Liégeoise va monter les échelons, jusqu’à passer aux commandes de sa propre marque. Un cadeau du ciel, sauf que l’expérience lui laisse comme un goût de trop peu.
Elle décide finalement de se passer de mécène et de lancer une marque rien qu’à elle. Une décision qu’elle semble avoir prise à l’insu de son plein gré, puisqu’elle la baptise «Imprévu». Imprévu voit le jour la même année que la petite fille de la styliste, Elsa. Elle veille sur la naissance de ce second enfant avec un soin jaloux, ne laissant rien au hasard, scrutant le moindre détail pour s’assurer qu’il est bien cohérent avec sa vision d’une mode aussi éthique que chic et néanmoins résolument accessible. Des collections pointues et des pièces d’une féminité revisitée sur un mode acidulé, très moderne et dont le prix dépasse rarement les 100€. Pour un style qui se démarque mais sans jamais en faire trop, avec un joli supplément de caractère et qu’on se voit bien porter du matin au soir et plus, si affinités.
Plus d’infos sur imprevubelgium.com
Oscar The Collection, grand prix de minimalisme
Oscar The Collection, ou Oscar La Collection, en français dans le texte, est une marque 100% belge qui a vu le jour il y a près de cinq ans et qui affiche un minimalisme sublime, que les uns et les autres n’ont pas fini de lui envier. C’est la griffe d’un luxe relativement accessible, la promesse de très belles pièces, taillées à la faveur de matières à l’avenant et toujours parfaitement intemporelles.
Stéphanie Lauwers ne cherche en aucune façon à être à la mode. Et pourquoi le voudrait-elle quand «être à la mode», c’est s’exposer à ne plus l’être très bientôt? Son credo: des vêtements monochromes déclinés dans des nuances spécialement lumineuses. Leur créatrice les a voulus aussi féminins que très confortables, ils semblent glisser sur la peau, souligner la silhouette de celle qui les porte mais toujours sur un mode allusif, jamais démonstratif. Ils ont eu vite fait de s’imposer comme les indispensables d’un dressing contemporain, que ce soit en servant de socle à la construction d’un look auquel ils apportent une élégance définitive ou en se mariant entre eux et pourquoi pas, en osant le ton sur ton?
Plus d’infos sur oscarthecollection.com
I Love Mr Mittens, rien que des bons points !
Ce sont les hasards de la vie qui ont conduit Stéphanie Caulier en Australie. On imagine qu’elle devait s’ennuyer un peu au pays des kangourous, puisque c’est là qu’elle prend les aiguilles et qu’elle commence à se tricoter des écharpes aussi longues qu’un jour sans fun. Elle découvre les charmes de la laine, comment cette dernière peut se faire mousseuse, enrober le corps des femmes de douceur, leur servir d’armure qui résiste à tout, au froid comme à la rigueur du quotidien.
Il faut dire que dans la famille de Stéphanie, on est tricoteuse de mère en fille et que la jeune femme a grandi une maille à l’endroit, une maille à l’envers. Une passion contagieuse, puisqu’il n’aura fallu que quelques années à peine pour que ses collections fassent le bonheur des modeuses. Des sites aussi pointus que Farfetch ou Net-à-Porter ne s’y sont pas trompés: ils lui ont immédiatement emboîté le pas et continuent à proposer sa maille ultra exclusive. Des pièces artisanales et pas forcément bon marché mais qui allient authenticité et modernité, élégance et confort. De celles dont on rêve toutes de porter. Quant au nom de la marque, il est issu d‘un livre pour enfant que Stéphanie lisait à ses filles et qui racontait l’histoire d’un chat portant un pull. Bref, une griffe pour cool cats!
Plus d’infos sur ilovemrmittens.com