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Rencontre avec Alexandra Lamy : «L’engagement fait partie de mon programme»

Rencontrer Alexandra Lamy, c’est s’assurer de passer un bon moment. L’actrice, et désormais réalisatrice, a toujours le mot pour rire et, aussi, le sourire. Mais ce n’est pas le ton de son 1er film, «Touchées», qui traite des violences faites aux femmes et de leur reconstruction.

Elle qui se rêvait mère Teresa à 12 ans nous en parle avec conviction et sensibilité. Et on ne peut qu’être «touché» en plein coeur.

Alexandra, on imagine la difficulté, pour un premier film, de traiter du douloureux sujet des violences faites aux femmes sans se planter, sans tomber dans le pathos…

Complètement! C’est un sujet dans lequel je suis très engagée, je connaissais mon sujet. J’avais aussi besoin de montrer la reconstruction de ces femmes. Qu’est-ce qu’on peut dire à ces femmes-là –et ces hommes d’ailleurs, car il y en a aussi qui sont victimes–? L’important pour moi était de répondre: on peut se reconstruire. C’est dur, c’est long, mais il y a des gens qui peuvent vous accompagner. D’ailleurs, c’est assez dingue le nombre d’associations qui existent pour accompagner ces victimes. Dans ma petite ville (à Anduze, dans les Cévennes) il doit y avoir 3.500 habitants et quelque six ou sept associations. Mais une victime, c’est souvent quelqu’un qui s’enferme… et qui est enfermé. Pendant le confinement, j’ai travaillé avec la gendarmerie et je donnais les numéros d’urgence (pour femmes victimes de violence) dans les pharmacies parce que, hors ville, il y a des gens qui n’ont pas internet. C’est le meilleur moyen de faire passer des messages. Je voulais aussi mettre un petit coup de projecteur sur les bénévoles des associations.

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Crédit photo : Matias Indjic/ Charlette Studio

Ces femmes, dans le film, se reconstruisent grâce à la pratique de l’escrime, une récente thérapie qui a déjà fait ses preuves…

Oui. Pour moi, c’est important aussi de faire comprendre que c’est dur de passer le pas mais que ce n’est pas une question de courage! Car cela voudrait dire que celles qui n’y vont pas ne sont pas courageuses.

Il n’y a pas non plus de comportement type chez la victime. Elle peut sortir, faire la fête, ou s’enfermer chez elle, s’isoler,…

Tout à fait. On le voit même chez les femmes de pouvoir qui sont complètement victimes de pervers qui aiment casser. Dans ce groupe de femmes, je ne voulais pas montrer tous les profils, parce que c’est à l’infini, tout comme le type d’agression. Il y a des violences psychologiques aussi, et ça, c’est très difficile à évaluer. Des cons, il y en a partout. Mais il y a des femmes et hommes gendarmes qui font un boulot remarquable, avec, derrière, les associations où envoyer les femmes puisque l’agresseur, lui, ne peut pas être retiré du foyer. Et les associations sont aussi un endroit où on peut s’exprimer, avoir quelqu’un qui vous comprend car, surtout quand l’agression est psychologique, que vous n’êtes pas marquée, votre audition à la police sera très, très longue.

C’est fou cette espèce de pouvoir qu’il y a eu sur les jeunes actrices. C’est toujours une question de pouvoir d’ailleurs...

Il y a eu un élément, un moment déclencheur qui a fait que vous vouliez vous impliquer davantage dans ce combat?

Pas forcément. Ce sont des rencontres surtout… On se rend compte qu’on est tous touchés autour de soi. Et ça arrive à des personnes auxquelles on ne s’attend pas du tout! On a d’ailleurs toutes subies des formes d’agression, même moi jeune comédienne.

On se souvient en effet de votre première interview télé, à 25 ans. La journaliste vous a demandé si vous «aviez couché pour réussir»…

Une question posée par une femme quand même! J’avais l’impression d’être la petite brebis balancée au milieu des loups! Quand j’ai revu ces images, je me suis dit que c’était dingue! C’est fou cette espèce de pouvoir qu’il y a eu sur les jeunes actrices. C’est toujours une question de pouvoir d’ailleurs... Et quand on dit qu’une femme sur deux a subi des agressions, on y réfléchit et on se dit «c’est vrai!». Je me souviens que, plus jeune, au-dessus de chez nous, il y avait une famille et ça rendait dingue ma mère de voir la petite fille en chemise de nuit qui allait à 7 heures du matin chercher des bouteilles de vin. Ma mère nous prenait toutes nos fringues pour les lui donner. Elle a passé des années à se battre pour essayer de faire sortir les enfants de là, et elle y est arrivée! À l’époque, c’était hyper compliqué. Ça m’a forcément touchée.

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Crédit photo : Matias Indjic/ Charlette Studio

Ce sont des souvenirs qui restent évidemment...

Oui, et puis, bizarrement, on est souvent venu me voir pour me parler. Après le téléfilm «Après moi le bonheur» (l’histoire d’une jeune mère de famille qui n’a plus que quelques mois à vivre et prépare le futur de ses enfants, NdlR), les gens venaient me voir comme leur meilleure copine pour me parler de leur vie. Je me suis dit qu’il y avait peut-être quelque chose à faire là-dedans! (rires) J’ai toujours été très engagée… Et je vais même vous dire un truc, qui fait toujours rire ma meilleure amie: vers 12 – 13 ans, je voulais être bonne sœur pour aller en Inde aider les lépreux…

Vous vouliez devenir mère Teresa?

Oui, je voulais faire mère Teresa! À 12 ans, c’est quand même hyper bizarre. Ces trucs d’engagement, ça a toujours été là chez moi. Je me suis toujours occupée de plein d’associations. Ça fait partie même de mon «programme»…

Alexandra Lamy présidente?

Bientôt! (rires) Je dis ça parce qu’un engagement, c’est du travail. Si c’est pour être marraine d’une cause et ne pas être là, ça ne sert à rien.

En détail

«Touchées»

Mercredi 23/02 à 20h30 sur RTL-TVI.

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