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Rencontre avec BJ Scott : « J’ai un privilège formidable, j’aurais dû crever mais je suis encore là ! »

Dans «The Voice Belgique», on la surnomme la «Mama». Pour son expérience, pour son côté réconfortant et pour sa voix, bercée par la soul et le gospel du Sud des États-Unis. Débarquée en Belgique il y a déjà 40 ans, avec pour seule richesse son courage, BJ sait ce que «c’est que de trimballer des casseroles: pour ne plus les entendre, il faut crier plus fort, chanter plus fort et rire plus fort», sourit-elle.

Évidemment. Car à sourire, comme à être honnête, c’est ce que sa grand-mère lui a appris, de l’autre côté de l’Atlantique. Et c’est avec cette honnêteté, avec sa «tchatche» comme elle dit, que l’artiste rock’n’roll nous parle de ce pays qui l’a vu naître, de ce puritanisme qu’elle regrette et qui lui a fait du mal, et de son pays d’accueil, où il fait bon cuisiner des chicons en dégustant une bonne bière (on caricature un peu)…

BJ, on vous présente souvent comme la plus belge des Américaines. Vous y retournez souvent, aux États-Unis, en Alabama?

J’essaie d’y aller deux fois par an, pendant un mois. J’y avais un festival mais, post-covid, on ne pourra pas le faire en mai cette année. Ce sera peut-être pour l’automne. Ce n’est pas grave, je chanterai quand même. Quand je rentre chez moi, je chante…

Qu’est-ce que vous avez de plus américain en vous? Et ne me dites pas votre accent!

(rires) C’est le premier truc que j’allais dire! Je pense que j’ai la tchatche. C’est une façon de cacher une forme de timidité. Nous, on évite des questions en donnant l’information qu’on veut. C’est un bouclier. C’est un bonheur de vivre qui cache quelque chose de plus noir. J’ai mes démons comme tout le monde, un passé difficile comme beaucoup. Avec ce bouclier, j’essaie de rayonner, de donner un peu de positivité parce que je sais ce que c’est que de trimballer des casseroles. Pour ne plus les entendre, il faut crier plus fort, chanter plus fort et rire plus fort.

Votre bouclier, vous l’aviez déjà quand vous êtes arrivée ici, en Belgique, en 1981?

Je crois que j’ai les chromosomes de survie. Il y a des gens qui ont connu des difficultés comme moi qui, eux, ont sombré, ils n’ont pas eu la chance d’avoir cette capacité de vivre avec et de construire quelque chose à partir des pierres qu’on a lancées sur eux. Moi, j’ai eu la chance d’avoir le côté positif de ma grand-mère paternelle. Elle était très forte, elle avait vécu des choses très difficiles et elle m’a appris ce que c’était que l’amour inconditionnel. Elle était pauvre mais elle trouvait toujours une façon de gagner de l’argent pour payer l’électricité, pour nous faire plaisir. On était cinq enfants, ce n’était pas évident. C’était ma vraie maman.

Il y a quand même une grosse évolution en Alabama: j’ai perdu la garde de ma fille de deux ans parce que j’étais avec une femme. Aujourd’hui, ma fille vit avec une femme et ses deux enfants

Vous n’avez jamais imaginé faire autre chose que chanter?

Si, bien sûr, mais en chantant! (rires) Je voulais être le médecin chantant, le vétérinaire chantant,… Comme dans un Disney, tu ouvres la porte, la musique arrive et tu chantes en travaillant. Et maintenant c’est le cas, je chante en travaillant!

Où est votre maison aujourd’hui? Ici ou en Alabama?

Les deux. Mes racines sont profondément ancrées dans le Sud des États-Unis, mais le reste, les branches, les feuilles sont bien ici. J’ai vécu plus longtemps en Europe qu’aux États-Unis. J’ai toujours le même accent, je fais toujours les mêmes fautes de français. Mais je ne peux pas vivre sans l’un ou l’autre. J’ai mon mari ici, j’ai des petits-enfants ici et des petits-enfants là-bas. Je suis quelqu’un de parfaitement assimilé entre les deux. J’adore mes racines du Sud même si c’est compliqué…

Crédit photos : Xavier Janssens

Est-ce que les États-Unis, et spécialement le Sud, ont beaucoup évolué depuis que vous êtes partie il y a 40 ans? Est-ce que le puritanisme n’y est pas toujours aussi présent?

Même si la religion reste beaucoup trop envahissante, trop importante dans les décisions, les lois qui passent, je sais que, moi, à l’époque, j’ai perdu la garde de ma fille de deux ans parce que j’étais avec une femme. Et, aujourd’hui, ma fille vit avec une femme, et ses deux enfants, et on ne l’emmerde pas. Donc pour moi, ça, c’est une énorme évolution, surtout en Alabama. Malgré le fait qu’on peut se bagarrer, faire des manifs anti-gays, que des connards en Floride ne veulent plus qu’on utilise le mot «gay» à l’école par peur d’influencer les gosses, tout ça ce sont des dinosaures qui sont dans du goudron. C’est de la cendre! Cette mentalité va crever parce que tu ne peux pas changer un être humain simplement en le labellisant. L’être humain trouvera toujours une façon de se libérer, le chemin de la liberté, même si ça prend 100 ans.

L’image que les gens ont des États-Unis n’est pas souvent celle-là, celle des états «sudistes», si vous me pardonnez l’expression…

On peut encore le dire, ce sont des cons là-bas! Pour 80%, ils sont Trumpistes. Les États-Unis ce n’est pas Los Angeles ou New York, c’est bien plus complexe que ça. C’est comme si on voulait définir l’Europe en ne citant que la Wallonie, alors que c’est très différent de l’Allemagne, de la France,... Le Sud des États-Unis est fort différent du reste mais il y a là une vraie tendance aujourd’hui à changer la face, à se réapproprier l’Histoire pour les Américains d’héritage africain. Il faut trouver le juste milieu.

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