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Rencontre avec Estelle Lefébure : « Le jugement des autres, c’est un peu compliqué à effacer »

C’est un rayon de soleil. Pas le timide printanier, mais plutôt l’éblouissant du bord de mer en plein été. La mer, justement, c’est l’élément d’Estelle Lefébure. Une fille de la terre aussi, qui s’enflamme quand on parle d’environnement.

Top-modèle de l’âge d’or, aujourd’hui comédienne sur les planches —et bientôt sur celles de Bruxelles—, sa belle nature, et son naturel, ne l’ont jamais quittée. Entretien drôle et sincère.

Estelle, vous avez fait du cinéma, de la télé mais votre carrière de comédienne au théâtre a débuté en 2020, avec cette pièce, une comédie, «L’invitation», en même temps que….le covid. Ce n’était pas le plus chouette des baptêmes…

Oui, on l’a juste jouée un week-end et puis on a dû arrêter. J’étais déçue, parce qu’on avait bien travaillé. Et c’est ça qui a été le plus dur en fait, d’avoir bien travaillé, d’avoir eu l’adrénaline de la Première, et là, stop! Ce qui a été dur aussi, c’est de recommencer l’année dernière, pour une seule représentation, avec un écart de plusieurs mois pour se remettre dedans.

Et c’était comment la toute Première?

Olala… Je ne savais pas dans quoi je m’embarquais en fait, ce que ça allait me faire d’aller sur scène, d’avoir des applaudissements, des rires, ces regards,… Il ne fallait surtout pas que je croise le regard du public. Je tremblais, j’avais les mains moites. Je ne sais pas si c’était le meilleur moment. Après plusieurs représentations, on n’est pas encore super sûr de soi, on fait attention, on est très scolaire, on attend bien que l’autre ait fini sa réplique,… Je pense qu’avec l’autre pièce («Les grandes ambitions», qu’elle a jouée entre temps avec Matt Pokora et Philippe Lellouche), il y a eu une confiance en soi qui s’est un peu installée et j’ai pu commencer à ajouter quelques trucs. Et là, du coup, pour «L’invitation», qu’on recommence à jouer, je peux un peu plus m’amuser avec le texte.

Vous faites quoi pour vous détresser avant de monter sur scène?

J’ai des tocs! (rires) Je fais exactement les mêmes trucs avant de monter sur scène. Et Philippe (Lellouche) me dit: «ah ben, t’es bien une actrice toi!» Il faut que j’aie toujours les mêmes petits choses dans ma loge, j’ai mon rituel avant d’entrer en scène. À partir du moment où vous le faites le premier soir et que ça marche, vous continuez… On peut le dire: je suis superstitieuse... et Normande! On est assez superstitieux chez nous. Et puis, je crois aussi beaucoup à ce qui est autour de moi, aux ondes. Je ressens beaucoup les choses. Je ne veux pas m’entourer de négatif.

Mais quand vous sentez que les ondes sont négatives autour de vous, que faites-vous?

Je m’en vais! C’est-à-dire que je fuis un peu, je ne vais pas à la confrontation. Je préfère rentrer dans ma bulle.

Actrice, c’était une reconversion pour vous ou bien dès 19 ans, alors que votre carrière de mannequin allait exploser, vous y songiez déjà?

Je pense qu’il y avait toujours en moi quelque chose qui somnolait du cinéma. J’ai toujours pensé que je ferais un jour «Peau d’âne»! (rires) Qu’est-ce que j’ai pu voir ce film, des milliards de fois! J’ai grandi avec Catherine Deneuve, «Les demoiselles de Rochefort», avec cet univers musical, à la fois de la chanson, de la comédie, de la danse. Ce côté très artistique était déjà en moi…

Vous étiez danseuse d’ailleurs…

Oui, j’ai fait beaucoup de danse. Plus de six ans de classique puis de la danse moderne. Il y avait donc forcément chez moi le goût du spectacle parce qu’on faisait de jolis ballets, en costumes. Tout ça, ça s’imprime en vous. Quand j’ai commencé le mannequinat à 19 ans, je rêvais plus de Romy Schneider, de «La piscine».

Vous nous citez des actrices qui excellent dans le drame…

J’avoue que j’ai une petite attirance pour le drame –et c’est drôle ce que je vais dire– mais dans tous les films où j’ai joué, c’était assez hard ou gore et… zéro comédie. Quand mon agent m’a proposé ce rôle dans «L’invitation», dans une comédie au théâtre, j’ai juste fait: «Hein? Une comédie? Mais je ne sais pas!». J’étais persuadée que ce n’était pas mon registre. Le film que j’ai fait, «Au petit matin», était dramatique, «Frontière(s)» c’était gore et interdit aux moins de 16 ans…

Mais vous recherchiez ce type de films pour vous éloigner de l’image de la jolie fille, non?

Oui. Je ne voulais pas du tout avoir cette image-là. Ce qui était compliqué et qui l’est toujours un peu d’ailleurs, c’est le fait qu’on me met quand même dans une catégorie de personnes qui était mannequin. Même si là, on commence à dire «ah oui, elle joue». Mais ce n’est pas évident en France. Aux États-Unis, les gens sont plus ouverts et les comédiens sont pluri-disciplinaires généralement.

On vous dit encore «c’est la top-modèle qui fait actrice»?

On ne va pas le dire comme ça. On le dira autrement… On m’a déjà sorti que je n’étais pas «provinciale»! Mais je rêve! Je suis vraiment de province! S’il y a bien une femme qui n’est pas parisienne, c’est moi.

Avez-vous refusé des rôles parce qu’ils jouaient trop sur votre beauté?

Oui, il y en a eu. Mais pas tant que ça. De toute façon, c’était rédhibitoire pour moi, je ne voulais pas. La seule chose que j’ai ratée, très jeune, c’est Roxane, dans «Cyrano de Bergerac» avec Rappeneau. Lui voulait que ce soit moi, j’avais pris des cours dramatiques juste pour les essais en costume, et ce sont les producteurs qui ont refusé, ils avaient trop peur car j’étais inexpérimentée. Ils ont forcément préféré Anne Brochet qui, elle, sortait du Conservatoire. J’ai eu un gros pincement au cœur.

Quel est votre atout en tant que comédienne, c’est quoi?

La sincérité. Et la sensibilité. Généralement, les acteurs sont assez sensibles d’ailleurs…

Est-ce que vous êtes encore sensible à l’image que vous renvoyez?

J’ai vécu avec cette façon de travailler, d’avoir une image à donner. C’est resté ancré en moi très longtemps et donc, le regard des autres, le jugement des autres, c’est un peu compliqué à effacer. Et c’est très négatif. S’apercevoir que ce n’est pas bon pour soi, ça prend du temps. Et là, je commence à me dire que ce n’est pas grave.

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