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Rencontre avec Jenifer : "Ça me fait de la peine qu’on me sous-estime"

Après 20 ans de carrière, Jenifer est parvenue à se détacher de l’étiquette «Star Ac’» et à bâtir une discographie riche de neuf albums, dont le dernier en date, «N°9». Maman de trois enfants, «Jen» ne s’est jamais sentie aussi épanouie, et ça se lit sur son visage. Rencontre avec une femme qui semble avoir fait de ses blessures sa plus grande force.

Jenifer, le 12 janvier 2002, vous avez remporté la première édition de la «Star Academy». Sans vous y être préparée, vous êtes devenue le modèle de toute une génération. Comment parvient-on à se construire dans ces conditions à seulement 19 ans?

Ça m’a toujours effrayée d’être le modèle de certaines personnes. Je préfère qu’on me considère comme une récréation ou un divertissement. J’accepte d’être la chanteuse préférée, mais un exemple à suivre, c’est peut-être un peu trop. On entre dans une sphère psychologique un peu complexe. J’aurais préféré que ces jeunes aient leur maman, leur tante ou leur cousine pour modèle, plutôt que moi. Je tiens à ce que chaque personne revendique sa propre personnalité. C’est important de rester soi-même. Au début de ma carrière, certaines jeunes filles s’habillaient et se maquillaient exactement de la même façon que moi. Je voyais des «moi» un peu partout. On tombait dans une sorte de fanatisme, c’était très étrange. Je préfère être un exemple pour toutes ces mamans qui parviennent, comme moi, à concilier leur travail et leur vie de famille.

Vous avez eu du mal à comprendre pourquoi les gens vous aimaient à ce point?

Oui, et même encore aujourd’hui. Parfois, je me demande: «Mais pourquoi moi? Pourquoi pas une autre?». En 20 ans, j’ai quand même fait mes preuves. J’ai publié neuf albums, j’ai donné des centaines de concerts, j’ai fait de la comédie… Je me suis prouvé beaucoup de choses à moi-même. Vous savez, avec moi, les remises en question sont perpétuelles. J’ai toujours eu peur de ne pas être à la hauteur des attentes qu’on se fait de moi. Je ne lis pas pour autant tout ce qu’on raconte sur moi, je tiens à préserver ma santé psychologique, mais je me connecte parfois sur les réseaux sociaux. Il y a des commentaires extrêmement positifs, mais aussi des commentaires totalement cruels et injustes. Je préfère me concentrer sur les gens qui me suivent pour me diffuser de l’amour. Il y aura toujours des critiques, mais elles ne m’arrêteront jamais. 

Et vous, qui étaient vos modèles?

J’en avais tellement! J’avais envie d’avoir la voix de Janis Joplin ou la grâce de Dalida. Ma mère faisait aussi partie de mes modèles, surtout quand elle enfilait sa robe pour aller chanter au bal. Elle était chanteuse d’orchestre. Je rêvais aussi d’être Marvin Gaye. Je me déguisais parfois en mec pour le fun et je chantais dans la chambre de mon frère où des posters de foot étaient tapissés partout sur les murs. J’avais l’impression de me produire dans un stade. J’ai toujours eu ce côté un peu garçon manqué. Je rêvais aussi d’avoir un groupe et de faire partie des Sly and the Family Stone.

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(c) Athys.
 

Vous semblez avoir gagné en sérénité. Quel a été le déclic?

Il est clair que je suis beaucoup plus ouverte qu’avant. Le monde dans lequel on vit m’a fait prendre conscience qu’il faut arrêter de se gâcher la vie avec des futilités. Il y a quelques années, sur certains plateaux télé, j’étais recroquevillée sur moi-même. J’écoutais tellement ce que je disais que j’en oubliais le début de ma phrase. Mon discours n’avait aucun sens. J’avais peur, je ne me sentais pas à ma place. Je n’aimais pas parler de moi, et ça s’est vu à plusieurs reprises. Certains journalistes ont dû se dire: «Mais c’est qui cette fille? Pourquoi elle fait ce métier?». J’étais devenue une timide maladive, et ça, personne ne le savait, mis à part mes proches. Il n’y a que sur scène où je me sentais réellement libre. J’ai toujours été très entière à travers ma musique.

Votre nouvel album est empreint d’influences sixties et seventies. Pourquoi avoir attendu aussi longtemps avant de concocter un disque qui est un clin d’œil aux sonorités de votre enfance?

Tout est une question d’envies et de bon moment, surtout pour créer des chansons dans les conditions que j’ai choisi. J’avais besoin de retrouver des gens avec qui j’avais déjà collaboré, mais aussi de rencontrer des personnes qui se sentent inspirées par la femme que je suis. Comme je n’écris pas mes chansons, je partage avec les auteurs les messages que j’ai envie de défendre sur scène. J’ai déjà essayé d’écrire moi-même mes textes, mais j’ai toujours du mal à structurer mes idées. Je trouve que le résultat est tout de suite moins réussi. Du coup, je préfère faire confiance à des gens pour qui c’est le métier. Cet album est très important pour moi. Ce sont les sonorités vintage des années 60 et 70 qui m’ont fait aimer la musique, notamment grâce à mon papa. C’est lui qui m’a fait découvrir des artistes comme James Brown, Stevie Wonder ou Otis Redding dont je suis fan. Je me suis ensuite constitué ma propre discothèque. Moi, j’aime les vrais instruments, j’aime quand ça swing, j’aime quand j’entends le souffle d’un magnétophone… Avec le numérique, il est possible de faire des albums très qualitatifs, mais j’avais besoin de me replonger dans un son pur et plus authentique. C’est pourquoi j’ai enregistré mon disque à Londres, au East Coast Studio.

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