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Rencontre Delta, le duo pop-rock belge qui s'exporte : « Pour réussir, il faut aimer se faire mal »

Delta, voilà un duo à part. Benoît et Julien, le Brabançon et le Bruxellois, se sont cherchés, puis trouvés, dans l’unique but de faire de la musique.

Aujourd’hui, et depuis quelques années, ils peuvent se targuer de vivre de leur musique, qui tourne sur les ondes («Je tire», «Comme tu donnes», …), mais en évitant certains écueils liés au succès. «On n’a pas les moyens de s’acheter cinq yachts, mais on évite aussi la dépression», sourient-ils. Rencontre avec deux trentenaires passionnés et passionnants qui ne rechignent pas à prendre la pose.

Delta est né il y a un peu plus de 10 ans. Comment est venu le coup de foudre amical et musical entre vous?

Julien: On s’est rencontré via la musique. On sortait chacun d’un groupe. Benoît voulait en reformer un et il a contacté mon frère, qui était batteur. On s’est rencontré et lors de la première répétition, j’avoue que je n’étais pas comme un «ouf» sur Ben (rires). On avait deux univers assez différents. Moi très rock’n’roll et me foutant un peu de tout. Mais la musique a vite parlé quand j’ai entendu ses compos…

Ben: Moi, j’étais un peu l’archétype du mec du BW (Brabant wallon) à 19 ans. On n’avait pas la même dégaine…(rires)

Julien: Et finalement, un mois et demi après, on a fait notre premier concert ensemble…

Ben: Quand j’ai rencontré Julien, j’ai compris que j’avais rencontré quelqu’un qui était vraiment là pour faire de la musique. Avant, avec mes potes, on était dans un groupe où certains étaient plus là pour choper des filles. Ici, je me suis retrouvé avec quelqu’un qui avait la même philosophie de musique que moi. On ne concevait pas faire de la musique autrement qu’en groupe. On ne voyait pas l’intérêt d’être tout seul.

Crédit photo : Tess Meurice

Vous avez commencé à chanter en anglais, avec un groupe, Meridians, puis vous êtes devenus le duo de Delta, avec des chansons en français…

Julien: On était arrivé un peu au bout de Meridians et on a décidé de continuer à deux. À ce moment-là, début 2016, peu de trucs se faisaient en français…

Ben: Les gens voyaient ça négativement, comme si on avait retourné nos vestes et qu’on allait vers un truc facile. À ce moment-là, le français c’était soit pour le rap, soit pour la variet’, il n’y avait rien entre les deux.

Julien: Il y avait un côté moins cool de chanter en français. On a réussi à garder nos codes de sonorité britannique, mais avec le français.

Comment trouve-t-on sa place aujourd’hui au milieu de la musique urbaine qui occupe beaucoup l’espace musical?

Ben: Je trouve que l’énergie est la même entre le rock et l’urbain. Alors, nous, on essaie de trouver notre place en faisant ce qu’on sait faire. Il faut être honnête avec ce qu’on est, et ne pas faire ce que tout le monde fait.

Vous auriez aimé faire de la musique à une autre époque? Par exemple à cette époque pas encore trop lointaine où on gagnait de l’argent en vendant des disques?

Ben: Je suis en effet persuadé que notre projet au début des années 2000 aurait vendu beaucoup plus de disques! Ça aurait été plus facile, oui. Mais je pense que les plateformes, qui font qu’on gagne moins d’argent, ça laisse aussi la place à des gens qui, à l’époque sans label, n’auraient eu aucune exposition. Tu espérais que quelqu’un vienne te voir sur scène et te signe dans son label. Aujourd’hui, Spotify et les autres ont démantelé un peu le monopole de ces gros labels, ce qui n’est pas plus mal. Un jour où l’autre ça allait se casser la gueule et, pour pas mal d’artistes, c’est une opportunité.

Crédit photo : Tess Meurice

Vous écrivez depuis longtemps pour de vedettes de la chanson française comme Florent Pagny, Yannick Noah,…Cela vous apporte une efficacité plus grande dans l’écriture de vos propres chansons?

Julien: C’est exactement ça: l’efficacité. La force, quand tu bosses avec d’autres chanteurs, c’est d’aborder des styles vers lesquels tu n’irais pas toi. Et après, tu apprends plein de choses.

Ben: Avec Mustii, par exemple, là on fait des trucs en anglais qu’on ne fait plus. Ça peut être plus facile aussi d’écrire pour d’autres, parce qu’on a une image de l’artiste, de ce qu’il représente. Quand on écrit pour soi, par contre, on peut y revenir plusieurs fois, prendre plus de temps. Ça peut faire du bien de prendre du recul.

C’est quoi le plus difficile à gérer quand on fait de la musique aujourd’hui?

Ben: La place des réseaux sociaux, même si on a commencé à grandir avec eux, vers 16 – 17 ans. Mais on est encore d’une génération où nos rapports avec les gens étaient hors réseaux. Si on n’était pas artiste, on n’aurait pas d’insta’. On n’est pas très exhibitionniste. L’autre chose difficile aussi, c’est gagner sa vie, comme on le disait. On ne vend plus de CD. Là, on n’a pas pu faire de concerts pendant deux ans mais heureusement, on écrit et produit pour d’autres, donc ça a été. Ça a comblé ce qu’on ne pouvait plus faire. Mais pour des musiciens de tournée, c’était catastrophique, ils ont dû changer de métier ces derniers mois.

En détail

Remerciements au MAD, la Maison des créateurs, qui nous a accueillis dans son magnifique décor pour le shooting photos.

Pl. du Nouveau Marché aux Grains 10, 1000 Bruxelles

Delta sera en concert au Cirque royal (Bruxelles) le 15 octobre

Réservation:ticketmaster.be

mad.brussels

>> Découvrez l'interview complète de Delta ce samedi dans votre magazine Max disponible en librairie dans les journaux Sudinfo ou en cliquant ici.

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