« Prenez soin de vous », la chronique de Tatiana Silva : se rapprocher de notre humanité

Mahatma Gandhi a dit : « La meilleure manière de se retrouver soi-même, c’est de se perdre dans le service aux autres ». Cette phrase prend tout son sens lorsqu’on la met en pratique.

C’est en Inde, à Bangalore, dans un ashram que j’ai découvert le Seva, le Karma Yoga, ce que l’on appelle là-bas le « service désintéressé ». Il est une valeur importante dans la culture spirituelle indienne. À travers cette pratique, ce sont les notions de sacrifices, générosité, simplicité qui sont stimulées. Cela permet de canaliser l’ego, le jugement, la condescendance. Très vite, on se connecte aux autres, les barrières tombent et la bienveillance augmente. On vit ce que l’on appelle une ouverture du cœur, ce qui n’est ni plus ni moins que l’énergie d’amour inconditionnel qui commence à circuler.

Lorsque je regarde en arrière, je réalise à quel point la vie a été généreuse avec moi. Maintes fois, j’ai été gâtée, protégée, sauvée. En voyageant dans d’autres pays, j’ai compris la chance d’être née et d’avoir grandi en Belgique. Cette prise de conscience a déclenché en moi le désir de rendre à mon tour, avec mes moyens. Comme si cela faisait partie de l’équilibre de l’univers. On ne peut décemment continûment recevoir et ne jamais ou rarement donner. C’est comme contenir de l’énergie dont le but est invariablement de circuler, car tout est mouvement.

On ne peut décemment recevoir et ne jamais ou rarement donner

Ainsi, faire don de soi régulièrement nous dépouille au fur et à mesure des couches auxquelles nous nous identifions. On finit par laisser tomber nos lourdes carapaces pour se rapprocher de notre quintessence : notre humanité. Cet altruisme crie plus fort face à la violence à laquelle certains sont confrontés car elle contraste brutalement avec notre réalité. La détresse de l’autre réveille plus rapidement en nous un sentiment d’empathie et de compassion.

Faire don de soi nous rend donc meilleur et donne plus de sens à notre vie. Mais comme pour beaucoup d’expériences positives, nous avons tendance à l’oublier, à l’inverse de celles qui sont négatives. L’afflux de millions de réfugiés ukrainiens a ravivé cet élan de fraternité en nous. Maintenant, il nous reste à apprendre à la distiller pour tous.

La souffrance ne connaît ni couleur, ni frontière, elle est parfois très silencieuse mais n’en est pas moins dévastatrice.