Savez-vous ce qu’est la « charge mentale » ? Un mal-être qui touche beaucoup de mères de famille…

On parle de plus en plus de la «charge mentale», une forme de mal-être qui accablerait les mères en particulier. Mais qu’en est-il exactement?

La charge mentale est un concept qui voit le jour à l’orée des années 70. Il s’inspire, entre autres, des travaux de la psychologue russe Bluma Zeigarnik. En effet, au début du 20e siècle déjà, cette dernière a l’intuition que, dans notre cerveau, les tâches non terminées prendraient beaucoup plus de place que celles qu’on réussit à mener à bien. D’où un stress permanent pour en venir à bout. La charge mentale peut nous frapper toutes et tous mais elle est à 85% l’apanage des mères. Le docteur Caroline Depuydt —psychiatre et auteur d’un recueil de conseils aussi avisés que précieux pour se sentir mieux dans sa tête— nous explique comment reconnaître la charge mentale, identifier son impact et faire en sorte qu’elle ne nous accable pas trop.

Dans la vie de tous les jours, comment s’exprime la charge mentale qui pèse sur les mères?

Si les mères sont spécialement affectées par la charge mentale, c’est parce qu’en ce qui les concerne, elle est multiple. Il y la charge mentale ménagère: faire les courses, veiller aux lessives, faire en sorte que la maison tourne rond,… Ensuite, il y a celle éducationnelle: suivre les devoirs, acheter des vêtements, conduire les uns et les autres à leurs différentes activités… Vient ensuite la charge mentale médicale, qui consiste à s’instituer gardienne de la santé de la famille, connaître par cœur l’historique santé de chacun, programmer les rendez-vous chez le médecin, y conduire les enfants… Enfin, on trouve la charge mentale récréative, qui tient un peu du G.O. façon Club Med mais en surmultipliée: organiser les vacances et les loisirs, planifier jusqu’à la moindre célébration familiale. Sans compter qu’à tous ces rôles, les femmes ajoutent le stress de leur vie professionnelle, voire tous les enjeux liés à leur vie personnelle et amoureuse.

Et ça se traduit comment au quotidien?

On a des femmes qui sont toujours sur le qui-vive. Quoi qu’elles fassent, elles ne peuvent jamais perdre de vue une sorte de grand schéma global. C’est extrêmement épuisant mais, surtout, c’est un rôle très ingrat, parce qu’invisible, non rémunéré, non gratifié, y compris par leur propre entourage.

Pourquoi la charge mentale impacte plus les femmes que les hommes?

C’est culturel. Ça remonte à l’époque où la plupart des femmes restaient à la maison tandis que leurs maris se démenaient à l’extérieur pour assurer la survie du foyer. Sauf qu’aujourd’hui, la majorité des mères travaillent et ce déséquilibre marqué n’a plus lieu d’être.

Comment lutter contre la charge mentale?

Je conseille souvent d’envisager sa vie de tous les jours comme si elle était divisée en quatre zones bien distinctes: vie privée et intime, travail rémunéré, travail autour de la famille et sommeil. Il faut pouvoir les visualiser et veiller à ce qu’aucune d’entre elles ne prenne le pas sur une autre, voire ne la fasse complètement disparaître. Par ailleurs, si la charge mentale liée aux soins des enfants incombe souvent à la mère, c’est aussi parce que dans les premiers mois de la vie, à l’occasion du congé de maternité, elle se retrouve seule à gérer le ou les enfants. Je suis persuadée qu’un congé de paternité d’une longueur égale pourrait remédier à ce déséquilibre, qui s’inscrit dans l’ADN des familles.

Je commence par quoi ?

Pour lutter au quotidien contre la charge mentale, le Dr Depuydt livre trois petits conseils tout simples tirés de son livre:

  • La cohérence cardiaque: «Parce que c’est simple, rapide (5 minutes), gratuit, à faire quand on veut et que ça amène beaucoup de calme et de sérénité dans nos vies trépidantes. Cet exercice de respiration calme le système nerveux pour permettre la relaxation, le repos et la régénération».
  • L’EFT (Emotional Freedom Technique): «Cet outil porte bien son nom, puisqu’il permet de libérer des émotions accumulées, telles que la peur, la colère ou la tristesse, et d’avancer avec plus de légèreté. Dans mon livre, j’invite à en découvrir le protocole de base et, ensuite, à tenter de l’appliquer à un événement difficile vécu récemment. Les résultats peuvent être rapides et apporter un réel soulagement».
  • Une séance de Yoga Kundalini? «Ce type de yoga est très complet et travaille autant les muscles que la souplesse. On le pratique au gré d’exercices de respiration, de méditation et de chants de mantras. C’est une pratique all-inclusive corps/esprit. Qui plus est, grâce au développement digital dû à la crise du Covid, plusieurs profs donnent maintenant des cours en ligne, via zoom».

En détail

La «boîte à outils» du mieux-être du Docteur Caroline Depuydt dans son livre: «Bien dans ma tête grâce aux neurosciences» (Kennes Société)