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La chronique d’Audrey Van Ouytsel, sociologue de "Mariés au premier regard" : comparaison n'est pas raison

Alice, enseignante de 35 ans est «au bout de sa vie». Elle se sent complètement nulle.

Une mère incapable. Une épouse misérable. Une femme insignifiante. Et une mauvaise enseignante. Elle éclate en sanglots après avoir vidé son sac en consultation. Le déclencheur de ce puissant sentiment d’auto-dépréciation est rapidement identifié. Elle consulte sans cesse les stories instagram de sa copine Sandra, du même âge et enseignante comme elle. «Sandra est parfaite. Sa vie est parfaite. Ses enfants sont parfaits. Son mari est parfait. Le dimanche soir, elle a terminé de ranger et de nettoyer toute sa villa quatre façades, a terminé ses corrections pour l’école, a eu le temps de faire des activités en famille, de s’entretenir et de se pouponner». Sandra s’affiche fièrement, ligne parfaite et bonheur plein les yeux dans les bras de son mari aimant. Cette image de perfection insupporte Alice, confrontée à ses imperfections: une petite maison mal rangée, une gestion du temps chaotique et un mari bougon et un corps engorgé de quelques kilos.

La tendance à se comparer aux autres est fondamentalement humaine. Et socialement construite et encouragée. L’environnement familial peut, par exemple, encourager la comparaison systématique avec les autres. Soit au détriment de leurs propres enfants: dans ce cas, les autres sont toujours mieux. Soit l’environnement familial considère leurs enfants supérieurs aux autres dans l’intention d’assouvir leur besoin de reconnaissance, d’abreuver leur insatiable égo et compenser leur complexe d’infériorité. Si nous intégrons une image négative de nous-mêmes, nous allons chercher à y correspondre, par souci de cohérence à ce que l’on pense de nous. Ceci va générer une insécurité permanente. Et nous saboterons constamment toute possibilié de réussir.

Si on est constamment parfaits, on risque d’acquérir une forme de mépris et d’arrogance envers l’extérieur et une intolérance à la frustration et à l’échec. Alice a sans cesse été infériorisée au sein de sa fratrie. Ses soeurs étaient des enfants parfaits. Elle était une incapable. Cette image négative d’ellemême est ancrée en elle. Elle trouvera toujours le moyen de se sentir nulle. Une comparaison est toujours partielle et partiale. Il s’agit d’un choix de critères superficiels considérés subjectivement comme «les critères» de la réussite ou de la perfection au regard des normes et valeurs qui nous ont été inculquées. La villa quatre façades, la minceur, la capacité de tout gérer… Des représentations qui se heurtent au principe de réalité et qui rendent malheureux. Surtout lorsque l’on considère que tout ce que les autres nous montrent correspond à la réalité!

Et si on se penche un peu plus sur le besoin insatiable de Sandra de partager sur les réseaux sociaux sa «success story», ne cherche-t-elle pas aussi à se convaincre de son bonheur et n’estelle finalement pas dépendante de la reconnaissance de ses followers? Est-elle parfaite et organisée 365 jours par an ou juste lorsqu’elle partage ses stories? La comparaison est le terreau de la mésestime de soi pour celui qui ne se sent pas à la hauteur des exigences imposées. Et est le terreau de la toutepuissance pour celui qui s’auto-attribue une valeur supérieure à celle des autres de par sa conformité à des attentes sociétales. Nous n’avons pas à être des clones ni à vivre en référence à des standards imposés pour être heureux.

Questionnons-les. Soyons créatifs et audacieux. Innovons! Remplaçons-les. Apprenons à apprécier notre singularité et à la faire apprécier par les autres. Pensons par nous-mêmes. Sortons des chemins tracés et trouvons notre propre voie vers l’équilibre et l’accomplissement.

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