La chronique et le podcast d’Audrey Van Ouytsel, sociologue de "Mariés au premier regard" : Flowers power !

Le clip vidéo de la chanson a été tourné dans la garçonnière de l’ex-mari en question (et louée le temps du tournage): une superbe villa nichée sur les collines d’Hollywood dans laquelle il rencontrait ses maîtresses. Dès la sortie du titre, c’est l’engouement total. Et même plus encore: le titre «Flowers» est en passe de devenir le meilleur anti-dépresseur féminin auditif disponible pour soigner un mal spécifique et très répandu: celui de la rupture amoureuse suite à une infidélité. Plus qu’un anti-dépresseur, ce titre aurait le pouvoir de rendre les femmes plus puissantes et leur permettre de se réapproprier leurs forces vives. À propos, quelle est la place de la musique dans votre vie? Je dois vous avouer que dans la mienne, elle occupe une place essentielle.

Qui ne s’est jamais senti aussi bien de pleurer sur une chanson d’Elton John ou de Juliette Armanet suite à une épreuve? Nous avons souvent tendance à sous-estimer la place des supports musicaux dans le vécu de nos états d’âme, dans leur expression, dans leur soulagement et dans leur acceptation.

Je reçois Julie une après-midi de printemps. Julie est une femme pleine de vie et de rêves. Mais en ce moment, elle affronte avec courage une rupture amoureuse. Elle a découvert l’infidélité de Stéphane, son compagnon depuis cinq ans. Son rêve romantique s’est brisé. Elle pensait qu’il était l’homme de sa vie et attendait tant de cette relation amoureuse. «Il m’a trompée avec une collègue de bureau. Le connard. Vraiment. Il me dégoûte», me dit-elle, avant d’excuser son langage vert et de me dire qu’elle ne sait pas s’empêcher de penser du mal de lui en ce moment. «Quoi de plus normal», lui dis-je. «Allez-y, sortez votre colère. Vous ne serez pas censurée ici. Cet espace de parole vous est dédié». «Non mais c’est pas bien d’être en colère», dit-elle. «Et pourquoi?», lui ai je répondu. «La colère est un puissant moteur d’action et surtout l’expression d’un besoin fondamental: celui d’être entendu et respecté dans l’attente d’une réparation». C’est à ce moment que je lui explique toutes les façons de canaliser sainement nos pulsions de violence; faire le plus possible de séances de sport cardio en salle ou à l’extérieur, aller crier dans les bois ou en bord de mer. Je lui évoque aussi la possibilité d’accéder à des «rage rooms» qui sont des espaces défouloirs autorisés que l’on peut louer à la demi-heure et dans lesquels on peut casser de la vaisselle et de l’électro-ménager à l’aide d’un gros marteau.

Et puis, il y a la musique aussi. Au moment d’en aborder l’utilité, Julie me parle spontanément de la chanson qu’elle écoute actuellement en boucle et lui procure de l’apaisement et de la force: «Flowers» de Miley Cyrus. Elle m’explique aussi qu’elle se fait des soirées karaoké «spéciale Miley C» avec ses amies lors desquelles elles fredonnent à tue-tête les chansons les plus inspirantes du répertoire de la célèbre artiste américaine. Se dire qu’on peut s’appeler Miley Cyrus, qu’on peut être sublime avec une plastique irréprochable, jeune, puissante, brillante, célèbre et richissime et être malgré tout trompée par son conjoint: c’est si rassurant. Se dire que cela arrive à tout le monde et que ce n’est pas à cause de cette ride sur le front ou de ces deux kilos sur les hanches qu’une femme est trompée. C’est une véritable avancée qui sonne peut-être la fin d’un jeu hostile de surenchère si présent et si destructeur auquel s’adonnent les femmes entre elles. Julie s’en ira le coeur apaisé, on se reverra dans quelques semaines afin de clarifier ses intentions futures à l’égard de Stéphane. En attendant, elle continuera à écouter Miley Cyrus et compte aussi se réserver une après-midi pour exprimer face à la mer et, à marée haute, cette colère qu’elle retient encore en elle.

Découvrez le podcast d'Audrey ici : Le pouvoir des femmes - Du sens à sa vie | Podcast on Spotify