Gastronomie : Samira Cherfaoui, de Masterchef à L’Ecailler

On connaît l’histoire, c’est à la veille du tournage de la finale de Masterchef qu’elle avait dû déclarer forfait. Elle venait en effet d’accoucher d’un petit garçon. Mais c’est quasiment les mains dans les poches qu’elle avait intégré le concours. « Quand j’ai commencé cette compétition, j’allais sans stress, sans rien », explique-t-elle. « Et puis je me suis vue pousser des ailes, je prenais du plaisir, et je passais les épreuves. Je ne me voyais pas du tout dans la compétition. J’étais vraiment dans le plaisir de cuisiner. Et il se trouve que j’ai été loin. »

Si le jury n’a pas eu l’occasion de goûter les plats qu’elle aurait présentés en finale, les fins gastronomes peuvent désormais le faire à l’Ecailler du Palais Royal, au Grand Sablon. Au programme, un menu cinq services proposé au prix de 105 € avec, en mise en bouche, un croupouk à l’encre de seiche et dés de thon rouge accompagné d’une huître mangue et Chimichurri. Viennent ensuite un carpaccio de Saint-Jacques et Leche du Tigre, un cromesquis de crevettes, un dos de bar, combawa, gingembre, et safran, un agneau en croûte de pistache et son millefeuille de butternut rôti, et, enfin, une crème pâtissière à la fleur d’oranger sur un crumble d’amande. « Le cromesquis, l’agneau et le dessert étaient ce que j’avais proposé pour la finale », ajoute-t-elle. « Le destin en a décidé autrement. Mais j’ai bien fini ce concours. Pour moi, ce n’est que du positif. » Une cuisine fusion qui marie parfaitement le classicisme d’une maison telle que l’Ecailler aux influences orientales de la masterchef en herbe. « J’ai eu plusieurs propositions et j’ai été guidé par mon cœur qui m’a amené à venir ici. »

Une volonté de changement

Mais pourquoi cette prestigieuse institution du Sablon s’est-elle lancée dans l’aventure ? « L’Ecailler a une clientèle d’ultra-habitués, des gens qui viennent depuis 40-50 ans », explique Jérôme Coulon, son directeur d’exploitation et sommelier. « Et la volonté était de faire connaître cette maison à une clientèle plus jeune. D’autant que L’Ecailler était très cher par le passé. On a voulu démocratiser les prix. Il y a une volonté de désacraliser l’endroit et de sortir de ce côté élitiste. »

Et Samira, qui a appris la cuisine en autodidacte, avait également l’avantage de venir de la région bruxelloise. « Samira vient de Dilbeek, et je me suis dit pourquoi pas. Je connais pas mal de candidats de Top Chef aussi. Ca se fait dans les très grandes maisons. Ce genre de collaboration est dans l’air du temps. Et c’est bien pour nous, ça peut faire venir au restaurant des gens qui ne seraient sans donc jamais venus. Et pour Samira, c’est aussi une expérience de voir ce qu’est une grosse brigade. »

De la crèche à la cuisine

D’autant que pour Samira, qui travaille toujours en crèche, l’aventure ne s’arrêtera sûrement pas là. « Le but est d’un jour me reconvertir dans la cuisine, et peut-être ouvrir mon propre restaurant. Mais je suis encore amateur. Etre dans les cuisines de l’Ecailler est assez impressionnant. J’ai été bien guidée par l’équipe. »

Cette aventure lui a, en tout cas, donné des ailes. « Ce que je retire de ce passage dans Masterchef, c’est surtout l’expérience, l’impression d’avoir évolué au fil des épreuves. J’avais vraiment l’impression d’être poussée. » Ce fût également l’occasion de faire de belles rencontres. « Les 18 candidats sont présents dans une groupe WhatsApp. On s’envoie quasi 500 messages par jour. Ils ont chacun leurs petites aventures. Et de mon côté, je propose aussi des mini-programmes pour France 2 et France 3, des recettes qui passent après les JT. »

Tous les jeudis à partir du 1er décembre, à L’Ecailler du Palais Royal, uniquement sur réservation via le 02/512 87 57 et reservation@lecaillerdupalaisroyal.be

_{^{Crédits photos : A. Dubois}}