Accueil Max Restos

Viticulture belge, l’ivresse des premiers succès : « Le vin, c’est avant tout une question de terroir »

René Sépul raconte le nouvel essor de la viticulture chez nous. Une histoire belge comme on les aime.

La viticulture belge connaît une renaissance spectaculaire qui, quoi qu’on en dise, ne doit pas grand-chose au réchauffement climatique. René Sépul, célèbre critique gastronomique et expert en vins, nous parle de ce retour en grâce, que l’on doit à quelques passionnés qui auront eu les yeux plus grands que la vigne. De Napoléon à nos jours, en oubliant les Romains, voici comment le vin belge est très loin d’avoir dit son dernier mot et même, n’a pas fini de nous bouleverser le nez et le palais.

Edition numérique des abonnés

René Sépul - Critique gastronomique et expert en vins

À la faveur de cet engouement récent, diriez-vous que la viticulture fait son grand retour en Belgique ou bien, est-ce une arrivée?

Il y a cette légende qui veut que, dès l’époque romaine, on cultivait la vigne en Belgique mais, en réalité, elle a débarqué chez nous à la fin du Moyen Âge. À l’époque, ce sont les moines qui cultivent la vigne. On en trouve autour d’évêchés comme ceux de Malines, de Gand ou de Tournai. Mais le climat n’est guère favorable, sans parler de la concurrence de la bière. Par ailleurs, avec l’ouverture des voies de communication, on commence à voir arriver chez nous des vins venus de Bourgogne ou d’ailleurs et tout le monde s’accorde pour les trouver bien meilleurs que ceux que nous produisions alors. La viticulture va se tarir, jusqu’à pratiquement disparaître.

Quand va-t-elle faire son grand retour?

Les choses vont aller très doucement. C’est Napoléon qui va réintroduire la vigne dans nos contrées mais il faut attendre les années 60 pour qu’on assiste à un relatif retour de flammes. Cependant, la viticulture belge reste très confidentielle pour ne pas dire anecdotique. Ce n’est qu’au début des années 2000 que des passionnés nettement plus éclairés vont enfin s’y intéresser. Dans les années qui suivent, on voit également de grosses familles belges, souvent liées à l’aristocratie, renouer avec la passion de la vigne. Mais ce n’est finalement que dans le courant de cette dernière décennie qu’on a pu constater l’arrivée sur le marché de professionnels avec une vraie expérience, une vraie compétence et des produits à l’avenant.

Qu’on produirait un jour une méthode champenoise digne des plus grandes maisons, personne n’aurait pu le prédire!

Le réchauffement climatique, plus le fait que la météo belge n’ait jamais été aussi clémente, participent-ils à ce sursaut de qualité?

Oui, en partie mais ce ne sont certainement pas des facteurs déterminants. Le vin, c’est avant tout une question de terroir. Dès les années 80, l’un des fondateurs de la maison Ruffus avait identifié du côté de Binche une bande de terre calcaire qui ressemblait beaucoup au sol de la Côte des Blancs où on produit les meilleurs champagnes. De là à dire qu’on y produirait un jour une méthode champenoise digne des plus grandes maisons, personne n’aurait pu le prédire. Il fallait pour ça des compétences qu’on n’avait pas à l’époque.

Les vins belges, tels qu’on peut les découvrir aujourd’hui, sont-ils vraiment de taille à affronter leurs concurrents européens, en général, et français, en particulier?

Tous ne le sont pas. Pour le rouge, je citerais le Domaine du Chenoy du côté de Namur. Pour les blancs, Ruffus Vignoble des Agaises est sans conteste un vin pétillant d’une qualité exceptionnelle. Il y a quelques années de ça, lors d’une dégustation à l’aveugle qui l’opposait à des champagnes de première qualité, il s’était classé troisième. Désormais, on le retrouve à la carte des meilleurs restaurants, ici et en France, où il est très apprécié pour son caractère rafraîchissant, ses saveurs brutes, très pauvres en sucre. C’est pour ça que j’ai consacré un livre à cette saga. D’une certaine manière, c’est ce vignoble qui a contribué à porter la bonne parole, qu’il fallait désormais compter avec les vins belges.

Edition numérique des abonnés

En détail

«Ruffus, une histoire belge – La renaissance de la viticulture en Belgique»

René Sépul (SH-Op Édition)

Notre sélection vidéo

Commentaires

Postez le premier commentaire

Aussi en Restos

Derniers articles
SoSoir Max vous recommande