Christophe Hardiquest rend son tablier : pourquoi le chef doublement étoilé ferme Bon-Bon

Crédit photo : Morgane Ball Photography

L’annonce de la fermeture, en juin prochain, de Bon-Bon, le restaurant bruxellois aux deux étoiles de Christophe Hardiquest, a fameusement secoué le petit monde de nos grandes maisons de bouche.

La crise sanitaire a-t-elle autant mis à mal ce type de restaurants? À-t-elle à ce point ébranlé nos grands chefs? Des pages se tournent, d’autres (re)commencent ou continuent à s’écrire. Constat en trois interviews de brillants chefs wallons: Arabelle Meirlaen, Maxime Collard et, pour commencer donc, Christophe Hardiquest, originaire de Waremme.

Crédit photo : Morgane Ball Photography

Christophe Hardiquest, après une crise sanitaire déclinée en deux confinements et quantité d’inconvénients, qu’est-ce qui vous a poussé à annoncer la fermeture définitive de votre restaurant Bon-Bon en juin?

La crise sanitaire a permis de mettre le doigt sur pas mal de discordances. La pandémie a littéralement été régionalisée! Les aides apportées à notre secteur ont été différentes et injustes, entre la Flandre, Bruxelles et la Wallonie. Ce qui ne se ferait jamais avec le soutien que l’on apporte à notre équipe nationale de football! Les Diables Rouges représentent un patrimoine collectif de notre pays; il n’en n’est rien de notre gastronomie. À tout le moins dans l’esprit de nos dirigeants. Parallèlement, et même avant la crise, d’autres failles sont apparues dans notre secteur: ressources humaines défaillantes, attrait du métier et formation scolaire en péril. Plus récemment, l’augmentation du coût de l’énergie et des charges salariales frisent, à mon sens, l’indécence. De là à songer à quitter le système, il n’y a eu, dans mon esprit comme dans ma réflexion personnelle «d’après crise», qu’un pas à franchir! Je l’ai fait, j’assume et, je vous assure que je ne m’en porte pas plus mal! D’autant que j’ai bien d’autres projets sur le feu.

J’aspire à poursuivre mon métier mais différemment. Le meilleur reste à venir

Pourquoi était-il important pour vous d’aller jusqu’à la fermeture?

Aujourd’hui, je veux sortir de ma zone de confort et si je veux obtenir d’autres résultats par rapport à mon propre cheminement de vie, il me faut prendre des décisions, sortir de ma bulle, de mon confort. Si l’on ne prend jamais de décision dans la vie, si l’on se contente d’une vie ronronnante, il ne nous arrive plus rien. Et, si l’on a pris l’habitude de croquer la vie à pleine dents, on ne s’arrête pas! J’aime créer, batailler, relever de nouveaux challenges, créer de nouvelles histoires, bousculer les codes et continuer à étonner. Je veux éviter la monotonie et qu’il se passe encore des choses dans ma vie professionnelle. À 46 ans, je pense que c’est un peu maintenant ou jamais.

Crédit photo : Morgane Ball Photography

Vous n’êtes cependant pas «dégoûté» du métier, de ses contraintes, de ses difficultés? Beaucoup se posent la question: allez-vous cesser votre métier de cuisinier?

Si aujourd’hui j’ai envie d’autre chose, j’aspire tout autant à poursuivre mon métier mais différemment. Il ne faut pas avoir peur de perdre pour gagner de nouveau en qualité de vie, en rapports humains, voire en nouvelles formations personnelles. J’ai d’ailleurs de beaux projets en ce sens. Et puis, il faut toujours pouvoir se remettre en question. Je pense que rien n’est jamais acquis et qu’il ne faut jamais regarder en arrière! Ou si vous préférez, le meilleur reste à venir.

En détail

Bon-Bon

Av. de Tervueren 453, 1150 Woluwe-Saint-Pierre

Tél: 02/ 346 66 15

restaurant-bon-bon.be

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