Expert en nutrition, Nicolas Guggenbühl explique pourquoi les régimes, c'est du passé. « Il est essentiel de se rappeler que manger est une occupation à part entière. Il faut prendre le temps de savourer ».
En ce début d’année, comme toujours, les Belges se prêtent au rituel des bonnes résolutions. Parmi celles qui, année après année, arrivent en tête de liste, perdre du poids fait toujours bonne figure. Elle concernerait un Belge sur trois. Mais comment faire pour se délester de ses kilos superflus? Les régimes sont-ils toujours de mise, quand de plus en plus de spécialistes les décrivent, au mieux, comme contreproductifs, au pire, comme délétères? Nicolas Guggenbühl, expert en nutrition chez Karott autant que professeur en nutrition et diététique à la Haute École Léonard de Vinci, nous éclaire sur ce sujet et, bien entendu, sans en faire des tonnes!
Pourquoi, spécialement en ce début d’année, les Belges pensent aux régimes et à perdre du poids?
Il ne faut pas chercher bien loin. Pour beaucoup d’entre nous, la période des fêtes est aussi celle de tous les excès. Mais cette volonté résume bien notre rapport au poids qui, selon moi, est complètement à côté de la plaque. On donne et on reprend mais, avec le corps, ça ne marche pas comme ça. Si vous le maltraitez, il va se défendre!
Compter les calories, ce n’est plus d’actualité?
Plus du tout d’actualité et même, dangereux. Le poids, l’équilibre, la bonne santé, ce ne sont pas des éléments qu’on peut mettre en équation. La nutrition, ce n’est pas de l’arithmétique. Tout ça est bien plus complexe qu’on a voulu nous le faire croire jusqu’ici. Quand on prive le corps de calories, il réagit comme si sa survie était directement menacée. Il se défend très efficacement, notamment en multipliant les signaux qui invitent à consommer plus de nourriture. Moins on veut manger et plus on en a envie! Le cerveau ne sait plus où donner de la tête entre les injonctions complètement différentes qu’il reçoit.
La période de l’après-régime et les difficultés qu’elle sous-entend sont également des obstacles?
Quelle que soit la force de notre volonté, on reste des êtres humains. On finit toujours par lâcher du lest et c’est bien normal. Le pire, c’est qu’une fois qu’on a craqué, on a tendance à s’enfoncer dans ce relâchement, à donner dans le «foutu pour foutu». Pis encore, on s’inscrit dans une philosophie de rattrapage à laquelle le corps ne demande pas mieux que de participer.
Mais qu’est-ce qui marche alors? Quels conseils donneriez-vous à ceux qui veulent coûte que coûte perdre du poids?
Je dirais d’abord de ne pas mettre la barre trop haut, de rester réaliste dans les objectifs que l’on se fixe. Réduire drastiquement la quantité de nourriture qu’on ingère n’est pas tenable à long terme. Au contraire, je dirais qu’il faut manger plus tout en mangeant mieux. L’activité physique ne fait pas maigrir en tant que telle mais elle est utile pour déstresser le corps et lutter contre la prise de nourriture qui vise à gérer le stress ou les émotions négatives. Il faut occuper le terrain avec d’autres aliments, d’autres occupations. Et surtout, rester positif ! Je recommande toujours de penser plus à ce qu’on peut manger qu’à ce qui nous est interdit. Il faut aussi être capable de faire la différence entre une envie et un besoin de manger, c’est-à -dire entre l’appétit et la faim. Enfin, il est essentiel de se rappeler que manger est une occupation à part entière. On ne grignote pas devant la télé ou son smartphone à la main. On s’assied à table et on mange, on partage un bon moment orchestré autour de la nourriture. La première bouchée est toujours la meilleure. On prend le temps de la savourer pleinement.