Bien que l'argent ne soit jamais un problème pour les clients Bugatti, tous ne foncent pas tête baissée vers le bon de commande. Alors parfois, il faut faire preuve de persuasion.
Le bref essai de la Bugatti Chiron Pur Sport que nous publions dans les pages du Max de ce samedi faisait en réalité partie d'une expérience bien plus large. Une expérience que vivent les clients potentiels de Bugatti, soit à leur demande, soit quand il s'agit de leur donner un peu plus envie d'acquérir une voiture. L'essai de la Chiron, c'est la cerise sur le gâteau. Et voici ce que vivent d'abord les « prospects » lors de la Molsheim Experience…
Le berceau de Bugatti
Bugatti est une de ces marques d'exception dont le lieu de naissance est aussi important pour les passionnés que les automobiles elles-mêmes. Comme Maranello pour Ferrari, ou Crewe pour Bentley, ce sont en quelque sorte des lieux de pèlerinages. Pour Bugatti, ce lieu est Molsheim, en Alsace, où Ettore Bugatti, né à Milan, arrive alors qu'il est enfant. Quelques années après avoir lancé sa marque, il achète le château Saint-Jean où, déjà, comme on le fait aujourd'hui, il présente ses nouveaux modèles à la presse et reçoit des illustres acheteurs. C'est là que les clients d'aujourd'hui sont accueillis. Et pour peu qu'ils soient connaisseurs, c'est déjà une émotion que de se trouver devant cette bâtisse, au pied de cet escalier.
C'est dans cette belle bâtisse qu'au début du 20e siècle déjà les clients étaient accueillis
Après le petit mot de bienvenue au rez-de-chaussée du château, petit tour dans l'immense parc en direction d'une des anciennes granges, qui abrite aujourd'hui un mini-musée, agencé comme un vieux garage. Là, quelques pièces essentielles de l'histoire de Bugatti, dont deux Veyron, une Type 37 (Bugatti la plus titrée de l'histoire en compétition) et une aussi immense qu'inestimable Bugatti Royale.
Ensuite, nouvelle promenade dans le parc. On passe devant l'orangerie qu'avait fait construire Ettore et on marche vers une partie qui n'existait pas à l'époque, et pour cause: le hall d'assemblage ultra-moderne, lieu immaculé où naissent aujourd'hui ces pièces d'orfèvrerie technologique que sont les Bugatti. Le client peut voir une dizaine de voitures, déjà toutes vendues évidemment à divers stades de leur assemblage. Cet endroit touche également les passionnés au cœur, et il n'est pas rare qu'un client demande à participer à la « naissance » de sa voiture. Poser le volant, serrer quelques boulons, démarrer le moteur pour la première fois… En général, Bugatti accède à ces demandes. À ce stade, le client potentiel est dans d'excellentes dispositions car il comprend qu'il ne se contenterait pas d'acheter une voiture, mais bien tout un cérémonial, ainsi qu'un ticket d'entrée dans un morceau d'histoire. Et ce n'est pas fini…
Le coup de grâce
Car après cette seconde visite, il y a la partie la plus riche en émotions. Ou plutôt en sensations. Pour la première fois, le client potentiel va prendre le volant de l'objet convoité. Et s'il vit les choses comme nous les avons vécues, il en ressortira en état de grâce, sans mots pour exprimer ce que créent quelques dizaines de minutes de conduite d'une Bugatti.
Après tout cela, si le client est convaincu, il se rend dans l'autre grange d'époque, où se trouve aujourd'hui la salle de configuration dernier cri. Échantillons de cuir, de fils de couture, de teintes de carrosseries, de fibres de carbone teintées dans la masse… Le client choisit et sa voiture de rêve apparaît, presque grandeur nature, sur un écran de près de 2 mètres de haut. Mais là, c'est loin d'être fini, car les possibilités sont telles que certains mettent des semaines à personnaliser leur voiture dans les moindres détails.
Un château qui a vécu…
Bâti en 1857, le château Saint-Jean, en Alsace, est acquis en 1928 par Ettore Bugatti… qui n'y séjournera jamais. En effet, le château n'est pas une résidence, mais bien le siège social de la marque. Lorsque cette dernière met la clé sous la porte dans les années 60, le château est abandonné, puis récupéré par la municipalité de Molsheim qui en fera notamment des logements sociaux. Mais faute d'entretien, le site se dégrade considérablement. Jusqu'à ce que le groupe VW rachète la marque Bugatti, et décide de la réinstaller sur ses terres. Le château est donc racheté à son tour, et restauré à très grands frais, pour retrouver la splendeur qui est la sienne aujourd'hui.