Le vin, une histoire (aussi) de chez nous : 90% des Belges en consomment très régulièrement

Les Belges et le vin, c’est une grande histoire d’amour qui, jusqu’à ces dernières années, n’allait pas jusqu’à porter ses fruits. Or, le réchauffement climatique aidant, les vins belges sortent de l’ombre et gagnent en qualité et en saveur, de vendange en vendange.

Une récente étude réalisée par Vino! était sans appel au sujet de l’engouement des Belges pour la dive bouteille. Ils étaient 90% à reconnaître qu’ils consommaient du vin très régulièrement, à raison d’un verre par semaine, tandis que seulement 19% d’entre eux admettaient une consommation quotidienne. Quant à déterminer quel était leur endroit préféré où goûter un bon vin, là aussi, 90% des sondés désignaient la table d’un restaurant. Si les bars et autres lieux de consommation n’avaient pas tellement la côte, il est remarquable de découvrir que près de 50% des personnes interrogées se rendaient régulièrement dans un bar à vins. Ce qui en faisait leur second endroit préféré pour boire un verre de rouge (la couleur préférée des Belges), de blanc ou de rosé.

Du vin, une fois !

Non, les vignes et la culture du vin ne sont pas arrivées dans nos contrées à la faveur de l’occupation romaine. Par Toutatis, il n’aurait plus manqué que ça! Il faut attendre la fin du premier millénaire pour qu’on trouve les premières traces de viticulture chez nous. Au Moyen Âge, il semble que cette pratique ait tendance à se démocratiser et surtout en province de Liège.

En comptant sur des cépages adaptés à notre région, on peut espérer de très bons résultats

Avec la Révolution française et le petit âge glaciaire que traverse la planète à la fin du 18e siècle, cet engouement connaît un grand pas en arrière. Arrive ensuite l’occupation napoléonienne, suite à laquelle la future Belgique devient territoire français. Ce qui fait que ses habitants n’ont plus à payer d’accises sur les vins venus d’outreQuiévrain. Une aubaine dont ils profitent avec enthousiasme. Des années encore, la production viticole belge va demeurer confidentielle, voire carrément anecdotique. Et pourtant, en 1997, est créée en Flandre la toute première appellation d’origine contrôlée, « Hagelandse Wijn ».

Goûtons voir si le vin est bon

Avant, la seule idée de vins belges prêtait plus à se moquer qu’autre chose mais ça, c’était avant. Ces dernières années, la production wallonne est allée croissante et, à moyen terme, elle devrait se voir multipliée par trois. On compte aujourd’hui chez nous quelque 180ha dédiés aux vignes (pour une centaine de vignobles). Quant à la qualité du vin wallon, selon plusieurs œnologues avertis, il n’y aurait vraiment pas de quoi en rougir. Pierre Rion, président de l’association des vignerons de Wallonie, l’affirmait récemment : « On a le terroir et le climat que l’on a mais, à condition de pouvoir compter sur des cépages adaptés à notre région, on peut espérer de très bons résultats. Le vin wallon est léger, fruité, agréable en bouche. Il n’est ni meilleur ni moins bon mais différent. »

Un champagne belge ?

Une différence qui pourrait évoluer avec le temps et même, conduire notre production nationale à ressembler de plus en plus à celle du nord-est de la France. Et pour cause, on ne sait pas si on doit s’en réjouir ou en pleurer mais le réchauffement climatique est passé par là. Il est avéré qu’en l’espace de deux décennies, notre petit pays a gagné environ un degré de température moyenne. Ce qui, appliqué à la viticulture, revient à déplacer nos vignobles de 200km vers le sud. Et 200km à vol d’oiseau, ça nous conduit en pleine région champenoise. Aujourd’hui, les experts estiment que notre production en vin est très loin de ce qu’elle pourrait être quantitativement parlant: à peine un centième de son potentiel. Avec ce nouvel essor offert à l’insu de son plein gré par la météo, les choses vont peut-être changer en mieux et les producteurs belges commencer à avoir de bonnes raisons pour se faire mousser. Champagne ? Euh, non, pas encore.