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Lieu d’exception : le festival de Lacoste de Pierre Cardin, un patrimoine artistique en héritage

Il y a 22 ans, le couturier visionnaire Pierre Cardin repoussait encore un peu plus les limites. Pas sur les podiums, mais dans le village de Lacoste, sous le soleil du Vaucluse.

Là, dans les ruines d’un château jadis lieu de villégiature du marquis de Sade, il créait un festival théâtral et musical. Un patrimoine artistique que celui qu’il a désigné comme son successeur, son petit-neveu Rodrigo Basilicati-Cardin, a bien l’intention de continuer à faire brille.

Le festival de Lacoste accueillera cet été dans les Carrières du château des acteurs comme Isabelle Adjani et Gérard Depardieu et, aussi, des airs de comédies musicales. Ce festival a-t-il beaucoup évolué depuis que votre grand-oncle l’a créé?

C’est lui-même qui l’a fait évoluer, à sa manière. Il avait ce côté évolutif. Je me souviens que pour le tout premier jour du Festival, en 2000, il proposait une pièce, une de ses créations, tirée de «Tristan et Iseult», et il avait travaillé jusqu’à quelques heures de l’événement, en faisant déplacer des pierres pour réaliser cet amphithéâtre jusqu’au dernier moment! Il a juste eu le temps d’y poser les chaises avant que le festival ne commence. Il y avait, dans les premières éditions, beaucoup de spectacles d’art lyrique. Le fait, aujourd’hui, que le festival a une histoire si importante, encourage les stars à venir. Certains veulent présenter ici leur spectacle comme un test, tout en pouvant le faire dans un lieu prestigieux et les Carrières de Lacoste sont intéressantes pour ça.

Le château de Lacoste, jadis occupé par le marquis de Sade, est un lieu classé, magique et rempli d’Histoire. On peut d’ailleurs le visiter, depuis que Pierre Cardin l’a racheté et rénové… Que peut-on y voir?

Il a laissé ça assez pur, il n’a pas construit de nouvelles parties. Sur les conseils des Bâtiments de France, il a bloqué tous les murs tombants, qui étaient en danger, et il a reconstruit par contre un étage du château qui était détruit. On a aujourd’hui deux étages au château où on peut voir ses collections —mon oncle adorait acheter un peu partout—, il a disposé tous les objets adaptés à l’époque comme des tableaux de 1680, des meubles, des sièges,… De mi-juin à mi-septembre, on exposera aussi les œuvres d’artistes, dont trois prix Cardin de l’Académie des Beaux-Arts.

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Pierre Cardin était un pionnier dans beaucoup de domaines, bien au-delà du haute-couture. Comment, après lui, quand on est son héritier, continue-t-on à être précurseur?

On s’est rencontré tard avec mon grand-oncle, j’avais 25 ans. Je dessinais, je jouais du piano. Le design, pour moi, était quelque chose de beaucoup plus libre. Quand il a vu mes premières créations de lampes, il a vu que j’étais à la recherche de quelque chose. Et il faut dire aussi que tout le reste de ma vie, il m’a fait aimer le fait de refuser de faire de la copie. Dès qu’on s’apercevait que quelque chose qu’on avait créé ressemblait de quelque manière que ce soit à autre chose, ça nous imposait sa destruction. On mettait l’objet ou le dessin à la poubelle! Si ce n’est pas du jamais vu, c’est un problème pour nous! Ce n’est donc pas une question de mode. Il faut que tout soit nouveau, conceptuellement. C’est une maladie, mais une bonne maladie! (sourire) On a l’obligation de respecter le passé mais on a aussi la même obligation de montrer l’état de notre temps, sinon on se bloque.

Votre oncle avait encore dans ses tiroirs des tonnes de dessins inexploités. Vous comptez en faire quelque chose?

Oui, on pourrait. Il y a plein de dessins que moi-même je n’avais pas encore vus et que j’ai découverts en rénovant la Maison mère. On a mis en ordre et, en vidant, j’ai trouvé dans les tiroirs des dessins magnifiques, de son équipe et de Pierre Cardin lui-même, parfois des choses datées mais l’esprit est toujours là. La mode Cardin est un peu «indémodée»! Il y a des morceaux qu’on ne comprend pas, on voit tout de suite qu’il s’agit d’un Cardin, mais on ne peut pas dire s’il s’agit des années 80 ou 2000. On a aussi 27.000 vêtements dont lui ne s’est jamais séparé après avoir créé les premières pièces! C’est de la folie! J’ai tout catalogué – ce que mon grand-oncle n’a jamais voulu faire en 70 ans. De temps en temps, le week-end, il se plongeait entre ses vêtements, pour se réinspirer aussi parfois. On a tout déplacé dans un autre entrepôt bien protégé. Cela m’a pris beaucoup de temps. C’est encore un moment de transition difficile pour moi, pas uniquement pour la Maison mais aussi toute la transition avec les héritiers qui est compliquée. Mais pour le moment, on fait des créations nouvelles, à la manière de Pierre Cardin, c’est-à-dire en pensant au futur.

Ce devoir de mémoire, gérer cet empire qu’il vous a confié et pour lequel vous avez travaillé pendant des années, n’est-il pas un peu difficile à effectuer? Car il existe d’autres héritiers dans la famille…

Oui, c’est un peu difficile lorsqu’on n’est pas compris par tout le monde. Certains ne connaissaient même pas mon grandoncle et veulent peut-être écrire leur page dans ce livre, avec des erreurs à mon avis géantes. Je vais me battre pour garder la structure et l’idée de mon oncle. Moi, j’ai vécu la passion de mon oncle pendant 25 ans. Et les autres risquent de tomber dans un climat de jalousie en se demandant pourquoi pas eux. À un moment, on en oublierait presque que Pierre Cardin avait écrit dans les statuts du groupe: «Rodrigo Basilicati, futur président». C’était bien avant qu’il ne meure, il était alors en pleine santé!

En détail

Festival de Lacoste, Pierre Cardin

Du 24 juillet au 13 août

Théâtre des Carrières du Château du marquis de Sade, 84480 Lacoste, France

pierrecardin.com

 

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