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Louane, une joie de vivre à toute épreuve : « Pour moi, le féminisme, c’est une partie de l’humanisme »

Aujourd’hui, à 25 ans à peine (elle sourit), Louane s’est libérée de plein de choses. Elle sait désormais ce qui peut « lui faire mal et ce qui ne la touche plus ». 

Son honnêteté et sa maturité, mêlées à son visage poupon et à sa « joie de vivre », sont touchantes, désarmantes parfois. Pour beaucoup, la jeune artiste est un modèle. Elle, dit simplement défendre ce qu’elle appelle le « bon sens ».

Louane, vous rééditez votre dernier album « Joie de vivre » (avec six nouveaux titres). Cela signifie-t-il, que, un an plus tard, vous vouliez dire certaines choses ?

Oui. J’ai eu besoin d’écrire ces chansons-là, j’avais des trucs à sortir. Il y a beaucoup de sujets sur lesquels, pendant longtemps, je me suis posé la question : « Est-ce que j’en parle ou pas, est-ce que j’aborde ça ? » Souvent, j’ai eu peur du regard des gens, parce que j’avais peur de ne pas être capable, de ne pas maîtriser les sujets… Jusqu’à ce que je me rende compte qu’en fait j’ai le droit de ne pas maîtriser un sujet. Par contre, là où je savais que je serais dans la vérité, c’est parce que je parle, dans ces chansons-là de ce que je ressens. Ce sont vraiment des choses qui viennent de mon cœur. Ces chansons sont très personnelles, encore plus que celles initialement présentes sur cet album.

Il y a eu une période, autour de mon premier album, où je me suis vraiment sentie épiée. Et ça m’a vachement fermée sur les gens

Parce que, vous livrez comme vous l’avez fait sur « Joie de vivre », c’était une première pour vous. Il y a eu un déclic…

Clairement. Et ce qui a fait aussi que j’ai pu écrire ces chansons-là, c’est qu’en faisant la promo de « Joie de vivre », je me suis rendu compte qu’on comprenait très bien ce dont je parlais et sans jugement. Après, il y a toujours des gens qui jugent… mais c’est quelque chose dont j’ai l’habitude depuis longtemps maintenant ! (sourire) Je pense que je suis arrivée à un moment de ma vie où je suis capable de mettre un gilet pare-balles pour me protéger de ces choses pas intelligentes qui essaient de me toucher.

Pas intelligentes ou pas essentielles ?

Davantage pas intelligentes. C’est plus de la méchanceté gratuite. J’ai capté, en faisant de la promotion, que j’étais capable de me protéger et qu’il y avait des gens autour de moi capables aussi de me protéger et qu’aujourd’hui, j’ai les clés pour parler. Je sais aujourd’hui ce qui peut me faire mal et ce qui ne me touche plus. C’est ça qui a énormément changé. Les albums précédents, j’étais méga jeune ! Bon, je ne peux pas dire que je suis très vieille non plus, je n’ai même pas encore 25 ans. (sourire) Mais c’est mon parcours, pas juste professionnel, personnel aussi, qui fait ça. Tout ce que j’ai vécu m’a amenée à ce que je suis aujourd’hui et à cette délivrance de ma parole. Je parle toujours de façon très imagée, c’est ma manière de faire, mais j’aborde le harcèlement, les difficultés à être bien en société, etc. 

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Cette anxiété sociale, vous l’avez toujours ressentie ?

Non, je ne l’ai pas toujours eue. C’est quelque chose qui est clairement apparu dans ma vie avec ma carrière, parce qu’il y a eu un moment où j’ai « switché », où je me suis vraiment sentie épiée. Je pense honnêtement que j’étais un peu psycho là-dessus parce que ce n’était pas tant le cas que ça. Mais il y a eu une période particulièrement « hardcore » autour de mon premier album et ça m’a vachement fermée sur les gens. Ça a fait que je ne sortais plus et avec mes potes, c’était très compliqué parce que je leur disais « venez à la maison, moi je ne bouge pas ». Aujourd’hui, ça va mieux, ça doit faire un an, un an et demi. La naissance de ma fille m’a permis aussi de me libérer de ça, même si c’est encore compliqué parfois.

La chose que j’ai apprise dans la vie c’est que, à part si ça touche à ma fille, les pires crasses peuvent m’arriver, je sais que je vais m’en sortir

Mais vous avez peur de quoi ?

Des gens en fait. Je me sens mal à l’aise quand il y a des gens autour de moi. Ce n’est pas que je me demande ce qu’ils vont penser de moi. C’est juste que me retrouver dans un endroit entourée de monde –et je sais, c’est paradoxal par rapport à la scène– ça me met mal à l’aise si je ne suis pas en train de travailler. Mais je fais des efforts. En septembre, par exemple, je suis allée sur une péniche avec des copines pour faire la fête et personne n’est venu m’embêter, c’est dans ma tête tout ça ! 

Dans le titre « La tornade » (et la tornade, c’est un peu son pseudo, NdlR), vous dites « petite, te laisse pas enfermer ». Avez-vous senti que la jeune fille que vous êtes, passionnée, qui vit ses émotions à 200%, risquait de se retrouver enfermée dans quelque chose ? 

Tu peux le dire, je suis hyper sensible et j’ai un peu de mal à gérer mes émotions ! (sourire) Mais je suis complètement en phase avec ça, je le sais. Petite, j’étais pas mal harcelée, je n’avais pas trop de potes, c’était très compliqué et c’est ça que je veux aborder ici. Je sais que ça m’est arrivé une centaine de fois de tomber et de me relever… Et je sais que ça m’arrivera encore plus d’une centaine de fois. La chose que je sais aujourd’hui c’est que, à part si ça touche à ma fille, je sais me relever. Les pires crasses peuvent m’arriver, je sais que je vais m’en sortir. Je fais partie des gens qui ont envie de vivre et donc, je n’ai pas peur de tomber. Ca fait mal, mais c’est ultra-bénéfique, tu apprends et tu travailles sur toi.

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Quand vous abordez le harcèlement scolaire dans l’une de vos chansons, vous endossez, sans le vouloir peut-être, le rôle de modèle pour toute une génération. Mais depuis vos débuts déjà, vous êtes un modèle pour les jeunes filles …

Le mot « modèle » est un honneur, mais je le trouve gros pour qui je suis et ce que je fais, honnêtement. En revanche, je serai toujours là pour défendre ce que, moi, j’appelle le « bon sens ». Le harcèlement, j’en ai été victime plus jeune donc je suis là pour en parler sans aucun souci. D’autres sujets me touchent et là aussi j’essaie d’élever ma voix. Alors, à côté de ça, si je dois être un modèle, je voudrais être celui de la fille qui se plante et se relève derrière.

Il y a aussi votre engagement pour la cause féminine, voire féministe…

Pour certains, « féministe » est devenu un gros mot et c’est ridicule. Pour moi, le féminisme, c’est une partie de l’humanisme. Féminisme, ça devrait sonner comme anti-racisme, comme intergénérationnel… Aujourd’hui, c’est dommage, le féminisme est trop souvent comparé à de l’hystérie. Je suis féministe et très fière de l’être. Je suis pour un monde égalitaire, je ne vais pas m’empêcher de le dire. Ce qui est important, c’est que l’égalité, telle qu’on la véhicule avec la campagne de solidarité HeForShe par exemple, est celle de tous les gens, peu importe le genre, le sexe, ce n’est pas les hommes face aux femmes. Si je me bats aujourd’hui, c’est parce que je pense que tout le monde a droit aux mêmes droits, peu importe que ce soit une personne trans, noire, lesbienne… C’est triste d’encore devoir le dire aujourd’hui, mais c’est ultra-important. Je suis là pour le répéter.

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