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Rencontre avec Alex Vizorek : « J'ai toujours été avec des femmes plus âgées »

Il y a presque dix ans, il débarquait sur France Inter, aujourd’hui première radio de France. « Je ne veux pas dire mais c'est grâce à moi », plaisante-t-il. 

Depuis, la France et ses grands animateurs - de Thierry Ardisson à Michel Drucker - s'arrachent « notre » humoriste, Alex Vizorek. Pour son attachante belgitude, certes, mais aussi et surtout pour sa finesse d'esprit.

Alex, quand vous évoquez votre parcours en France (aujourd’hui sur France Inter et sur France2), vous utilisez une métaphore footballistique : être chroniqueur et humoriste en France, c’est un peu comme jouer en Champions’ League…

J’ai toujours pensé ça, que si on était bon en Belgique, on pouvait aller en France. Si j’utilise la métaphore : en championnat de Belgique, il y a des beaux matches mais après, c’est sympa d’aller jouer l’Europe. Dans mon domaine, jouer l’Europe, c’est venir travailler en France où il y a les plus grands : j’ai travaillé avec Drucker, Ardisson… Ce sont des trophées quelque part. Je reste un grand enfant de la télé, qui collectionnait les autographes, et qui est entré dans la télé. Quand je vais chez Drucker aujourd’hui, je suis encore un peu comme un gosse.

Au début, quand tu arrives ici, c’est comme une téléréalité. Tu n’as pas envie qu’on t’élimine !

Vous vouliez entrer dans ce monde-là ou tout simplement connaître vos 15 minutes de gloire ?

Du coup on est à un peu plus qu’à 15 minutes, donc c’est cool ! (rires) Sans doute qu’il y a un peu de ça. La première fois que tu passes à la télé, c’est impressionnant. Tu appelles ta famille et tu te dis que c’est peut-être la dernière fois. Puis, ça continue, ça devient ton métier, tu es invité dans les grandes émissions… C’est plaisant. Si tu m’avais dit ça à 12 ans, j’aurais signé tout de suite !

La pression est plus forte en France qu’en Belgique, non ? Y est-on davantage « jetable » ?

Je ne suis pas sûr. Quand j’ai commencé sur la RTBF avec Olivier Monssens, j’ai vu des chroniqueurs disparaître. Et c’était la même chose quand je suis arrivé à France Inter, avec Frédéric Lopez. Si tu n’es pas bon, tu le sens, ou tu te fais virer. Par exemple, l’émission que j’avais faite l’année dernière sur M6 (avec Kody) s’est arrêtée, pour mille raisons, mais je trouvais que le résultat n’était pas assez bon.

Donc là, c’est vous qui l’avez senti ?

Je dirais que c’était plus dans la dynamique de travail. Tu es plus surveillé, ils attendent davantage quelque chose de toi, il y a plus de gens qui interviennent. Ici, sur France Inter, j’écris ma chronique, je suis seul et si elle n’est pas drôle, c’est ma faute. Quand on est dix à donner son avis, et pas avec une même vision, c’est compliqué. Le projet sur M6 était assez gros, la chaîne voulait sûrement baliser mieux et quand tu balises un humoriste, c’est dangereux. Mais la porte ne s’est pas fermée.

Avez-vous essayé de comprendre pourquoi vous, vous aviez réussi à Paris, et pas d’autres de vos compatriotes humoristes ? Certains disent qu’on ne réussit pas tant qu’on n’est pas allé à Paris…

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Moi je pense ça. Mais je sais aussi que d’autres ne le pensent pas du tout. Au début, quand tu commences ici, c’est comme une téléréalité. Tu es dans la maison et tu n’as pas envie qu’on t’élimine ! La comparaison s’arrête là. Et pour arriver à rester dans ce milieu, c’est une question de travail. Si tu bosses et que tu es bon, il n’y pas de raison qu’on t’élimine. Plus tu es installé, moins tu as de risques de repartir. Pendant toute une période, j’étais ici et en Belgique parce que je ne voulais pas lâcher mon pays. Parce que j’estimais que la Belgique m’avait fait, et que je n’avais qu’un pied ici à Paris. Mais pourquoi j’ai réussi ici par rapport à certains ? Je ne sais pas, peut-être que j’en avais plus envie que d’autres, que j’étais heureux ici.

Votre deuxième spectacle, « Ad Vitam », s’installe à Paris après Bruxelles pour plusieurs semaines. Il tourne autour de la thématique de la mort mais vous y abordez, notamment, les raisons pour lesquels il ne faudrait pas avoir d’enfants. Vous utilisez là votre vécu, votre ressenti, ou vous vous mettez dans la peau de quelqu’un d’autre ?

Non, je ne serais pas sincère si je faisais ça. Les enfants, je n’en veux pas et je le dis facilement. C’est le débat d’une génération quand même… Il ne me semble pas taper à côté en traitant le sujet. Je le fais de manière humoristique, et le plaisir est d’exagérer le trait en partant de choses qui me semblent proches. Si dans un spectacle je dis que je suis victime de racisme, ça ne marchera pas. Kody, lui peut le faire. Il faut que ce que tu racontes soit crédible par rapport à qui tu es.

Un spectacle comique sur la mort, j’ai trouvé que c’était vendeur !

Pour choisir la mort comme thème central de votre spectacle, il y a eu un élément déclencheur ? 

Non. J’aime bien écrire sous la contrainte et j’ai donc choisi la thématique la plus contraignante. Et je pense qu’il y a suffisamment d’entrées pour en rire. Le deuxième truc, c’est un peu mon côté « Solvay/marketing », je trouvais que c’était vendeur de faire un spectacle comique sur la mort. Au moins, c’était accrocheur! (sourire) À l’inverse, j’ai perdu quelqu’un d’extrêmement proche pendant le covid, qui était mon beau-père. Il y a eu quelque chose de concret qui s’est ajouté à ça. Mais ce n’est pas une psychanalyse pour moi, ni pour les gens.

Pour la blague, vous dites dans le spectacle que la moyenne d’âge de vos conquêtes est de 55 ans…

Oui, c’est exagéré… Mais je n’aime pas trop mettre l’âge comme limite. En vrai, j’ai toujours eu tendance à être avec des femmes plus âgées que moi. Et je trouvais ça drôle de le dire, qu’un homme le dise n’est pas si courant. Je me souviens d’une chronique que j’ai faite qui m’a valu l’adhésion totale de toutes les quadras et quinquas de Paris, au lendemain des propos de Yann Moix qui disait que le corps d’une femme de 50 ans est moche. Il peut, lui, trouver ça moche, mais il ne peut pas dire que c’est moche dans l’absolu. Moi, je ne le pense pas.

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