Rencontre avec Nolwenn Leroy : «À mes débuts on me prédisait 6 mois de carrière»

Crédit photo : Olivier Polet

Cette année, elle fête ses 20 ans de carrière. Forcément, elle y songe, à ce qu’elle voit comme un « cycle qui se termine ». Mais en beauté! «La cavale», son dernier album concocté de mains de maître par Benjamin Biolay, sort vendredi et fait du bien, à l’instar de la voix angélique de Nolwenn.

Notre appareil photo, lors d’un shooting réalisé à la Patinoire Royale, capte son regard bleu azur. Nous, nous retranscrivons ses propos, profonds eux aussi.

Nolwenn, cet album, « La cavale » qui sort vendredi, est tellement lumineux qu’on dirait un album d’été...

(sourire) Oui, c’est vrai. C’est un album qui arrive au bout de 20 ans aussi, c’est presque un album anniversaire. Il est important dans mon parcours, et je le savais en l’enregistrant. La façon dont il a été fait, le fait que je refasse confiance à quelqu’un d’autre, cela ne m’était plus arrivé depuis Laurent Voulzy, il y a presque 20 ans. Ces 20 années, je les ai passées à travailler sur mes propres chansons, mes propres textes. Et là, je suis repartie dans une rencontre avec un autre artiste, et pas des moindres…

L’album que j’ai fait avec Laurent Voulzy, mon 2e , a été la chance de ma vie. C’est ça qui m’a sauvée dans mon parcours ! C’est à ce moment-là qu’il fallait dire « non » et affirmer quel chemin je voulais suivre

Pourquoi, justement, Benjamin Biolay ? À priori, quand on l’évoque, on pense à une musique plus sombre…

Oui et justement, là, on n’est pas à n’importe quel moment de son parcours à lui. Il a envoyé quelque chose de très différent comme message ces derniers temps. On se voyait de temps en temps et on avait évoqué l’idée de faire, un jour, de la musique ensemble. Après le succès de son dernier album, il a tourné beaucoup au cinéma aussi et je me suis dit que ce ne serait plus d’actualité après le confinement. Mais lui m’a dit : « Allons-y ! » Et c’est ce qui pouvait m’arriver de mieux à ce moment-là. J’étais prête à me livrer, à refaire confiance. Je sentais que c’était le moment de me retrouver à nouveau dans cet état, je crois que j’étais plus sûre de moi aussi. J’avais envie d’oser, d’aller plus loin. Je me disais que peut-être ça pouvait ouvrir certaines choses chez moi, ce qui a été le cas d’ailleurs, j’ai abordé des sujets que je n’avais jamais abordés. Je ne l’ai pas écrit cet album, mais il est très intime. C’est paradoxal, mais c’est une réalité: le fait de travailler avec quelqu’un d’autre te permet de trouver les mots pour exprimer certaines émotions.

Crédit photo : Olivier Polet

Des émotions que vous n’arriviez pas à formuler ?

Oui, en tout cas, que je n’osais pas aborder. Benjamin a une lecture incroyable de la personne qu’il a en face de lui, il était à chaque fois dans le mille. J’ai l’impression que tout coulait de source, chanson après chanson. Je me disais que ce n’était pas possible, moi qui avais parfois l’habitude de faire les choses plus dans la douleur… Il m’a donné des clés, m’a laissé une liberté totale. Et m’a donné confiance en moi.

Le côté intime s’exprime par exemple dans les paroles de la chanson « Tu me plais » où vous dites : « Tu me combles de fond en comble… » Vous allez rougir sur scène en la chantant, non ?

(sourire) Oui, c’est ça ! Là, il fallait y aller. Après, si tu ne dis pas ça à presque 40 ans… Tu ne tournes pas autour du pot quoi !

Travailler sur cet album avec Benjamin Biolay, c’est ce qui pouvait m’arriver de mieux à ce moment-là. Il m’a donné confiance en moi

Le Finistère est présent dans votre chanson « La cavale», en hommage au regretté Christophe. Il était votre ami et cette amitié est toujours restée discrète…

Oui, il fait partie des amitiés que tu as dans le métier –et dieu sait qu’il n’y en a pas tant que ça !–, de ces gens que tu peux voir en dehors. Avec Christophe, on allait dîner ensemble, on discutait. Quand j’allais chez lui, j’avais l’impression d’être sur la proue d’un bateau, il avait un appartement avec son studio qui dominait Paris. J’avais adoré faire de la musique avec lui, il était transporté dès qu’il entendait un son, il y avait ce côté presque du petit garçon émerveillé. C’était le capitaine du bateau, c’était magique…

Et vous, cette âme de petite fille qui s’émerveille, elle revient encore souvent ?

Je pense que tous les artistes gardent cette âme, cette capacité à s’émerveiller, c’est ce qui fait notre particularité. Je garde ça en moi, mais aussi tous ces souvenirs d’enfance, cette nostalgie dont je me nourris. J’adore être dans cet état-là, de douce tristesse de l’enfance. Ce n’est pas du tout quelque chose qui me rend triste. Au contraire, c’est une belle pensée pour moi.

Crédit photo : Olivier Polet

Justement, c’est ce côté plus lumineux qui s’exprime de plus en plus chez vous…

Peut-être que j’apprends plus à l’exprimer. Il y a une vraie dualité chez moi, une chose et son contraire. À la fois, être toujours dans le doute, dans ce manque de confiance qui me caractérisait avant, de ne pas oser, et là, d’oser, parce que « la cavale » c’est ça : le lâcher-prise, me dire « si tu n’y vas pas maintenant, tu n’iras jamais ! ». C’est un moment –et un album– charnière dans ma vie. Je viens d’avoir un bébé aussi, j’ai assez de recul…

Avec vos 40 ans en ligne de mire ?

Oui, mais je vois ça surtout comme la fin d’un cycle, et le début d’un autre. Je me sens riche de ça. Je me dis aussi qu’on est heureux d’être encore là, après ce qu’on vient de vivre. Et puis, je réalise la chance que j’ai de continuer à faire ce métier-là, alors qu’à mes débuts, on me prédisait 6 mois de carrière. Finalement, 20 ans après, je m’en sors pas mal! (rire) J’ai toujours la même soif d’apprendre, et toujours la même envie. 

Après 20 ans, je réalise la chance que j’ai de continuer à faire ce métier-là, alors qu’à mes débuts on me prédisait 6 mois de carrière

On parle de Nolwenn Leroy chanteuse, mais vous avez aussi fait vos débuts de comédienne dans « Capitaine Marleau ». C’était comment ce tournage ?

C’était génial ! Corinne Masiero m’appelait «ma ch’tiote», dès le début. C’est quand même un morceau, un sacré personnage et Josée Dayan (la réalisatrice et créatrice, NdlR) aussi! Alors, quand t’arrives là et que c’est ta première expérience, tu fais pas la maligne, et tu rases les murs (sourire).

Crédit photo : Olivier Polet 

Vous avez pris goût à la comédie ?

J’ai adoré. C’est vraiment l’expérience que j’attendais pour me lancer parce que tout ne reposait pas sur mes épaules, c’est un second rôle et les gens regardent « Marleau » pour Corinne qui est fabuleuse. J’espère bien recommencer! J’ai adoré l’état dans lequel ça m’a mise de tourner, ce lâcher-prise, j’étais dans un autre état que quand je suis sur scène. Et puis, j’ai fait mon premier baiser de cinéma, à Bénabar, un petit baiser timide.

 

Crédit photo : Olivier Polet

Crédit photo : Olivier Polet

Crédit photo : Olivier Polet

 

En détail

Nolwenn Leroy « La cavale », sortie vendredi 12 novembre (Polydor/Universal)

Remerciements chaleureux à la Galerie Valérie Bach - La Patinoire Royale. Œuvres d’Alice Anderson.

Rue Veydt 15, 1060 Bruxelles

Tél : 02/ 533 03 90

prvbgallery.com

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