Première expérience dans une discipline appelée à fortement se développer avec la transition électrique, l’éco-rallye est l’illustration même de l’expression «qui veut voyager loin ménage sa monture».
Et si l’on vous disait qu’il existe une discipline de la compétition automobile qui ne coûte (vraiment) pas cher, tout en vous procurant des sensations réelles de challenge sportif et de concentration extrême? Tout cela sans jamais se départir d’une convivialité réelle entre les participants! Il n’est même pas nécessaire d’avoir les aptitudes d’un authentique pilote automobile, il suffit d’être un conducteur adroit avec un volant, attentif à la sécurité de tous –vu que ce type de rallye se dispute, la plupart du temps, sur routes ouvertes– et intelligent. Car il n’est pas question ici de rouler pied au plancher. Le but est de respecter les moyennes imposées par l’organisateur et, généralement, de consommer le moins possible. De fait, on allait oublier le plus important: on peut sans problème disputer ce type de rallye avec sa voiture (électrique) de tous les jours. Quelques autocollants officiels, les noms des copilote et pilote sur les vitres latérales, un numéro, et c’est parti! Les équipements radio, tracker-trippy, Crisaterch (une sorte de chrono qui vous donne la cadence à suivre) sont fournis par l’organisateur.
Les yeux partout!
Au cours des deux jours de la compétition (plus une journée de familiarisation et de contrôles techniques), nous découvrirons qu’il y a une foule d’éléments à prendre en compte pour les participants d’un tel éco-rallye… Car, en gros, il s’agit d’avoir les yeux rivés sur la route, le compteur kilométrique, le matos de télémétrie, le GPS, le roadbook, les panneaux de circulation (surtout de limitations de vitesse), les feux, les passages pour piétons (et les piétons!), les tracteurs, les ouvriers agricoles (qui chargent et déchargent d’énormes troncs d’arbres en plein milieu de la route), les touristes hollandais, les cyclistes solitaires, en famille ou en pelotons, etc. Honnêtement, ça fait beaucoup quand même… Surtout pour un équipage néophyte comme le nôtre. Nous avions beau avoir profité d’une journée d’écolage pratique et théorique, l’apprentissage allait se faire à la dure. On dit que, pour quelque discipline que ce soit, on apprend surtout de ses erreurs.
Nous allions être servis! Notamment sur ces fameux «décomposés» du roadbook, qui imposent aux participants de tourner autour d’un arbre ou d’une chapelle, juste parce que l’organisateur veut corser les choses et vérifier si on est attentif. Nous tomberons inévitablement dans tous les pièges.
Pour le sans-faute au roadbook, on repassera! Pour le top 10 fatalement aussi. Mais l’expérience fut riche d’enseignements divers. On sait mieux ce que c’est, aujourd’hui, de rouler à 30, 40 ou 50, au km/h près. En ville, ça nous servira. Et notre VW ID.3, dans ce contexte, aura bien mieux fait son job que nous le nôtre! Enfin, chose essentielle à nos yeux, cette discipline met le sport automobile à la portée de tous. Les gros budgets, ce n’est pas pour l’éco-rallye. Participer à ces épreuves avec sa voiture personnelle sans craindre de l’abîmer au détour d’un virage, c’est important. Et le défi sportif est pourtant réel. Que demander de plus?
Ambitions mondiales
Pour Trajectoire, l’organisateur liégeois de L’Ardenne Roads EcoRally, cette édition constituait une sorte de manche-test en vue d’intégrer dès l’an prochain le Championnat du monde FIA de la discipline. Les organisateurs de l’EcoRally de Monaco étaient d’ailleurs sur place pour assister à cette première belge. Ils ont apparemment beaucoup apprécié l’épreuve, même si quelques approximations, normales pour un début, devront être rectifiées. On notera que vu le nombre d’équipages novices, Trajectoire avait décidé de ne pas prendre en compte la consommation des véhicules dans le classement général. Mais pour intégrer le Mondial, il faudra forcément que cela soit le cas.
Trois erreurs? Dehors!
Parmi les choses dont les concurrents doivent constamment prendre en compte, et qui ajoutent à la «pression sportive», il y a les horribles bips du Trippy. Cet appareil-espion placé dans la voiture ne baisse jamais la garde. Il ne se tait pratiquement jamais, et surtout, il impose aux concurrents des vitesses à respecter. Et la machine ne fait pas de sentiment. Elle est impitoyable: si l’on commet trois infractions sévères, la sanction est la mise hors course, tout simplement! A priori, c’est un stress dont on se passerait bien. Mais au fond, c’est un élément qui participe à impliquer encore plus dans la conduite et qui stimule l’esprit de compétition.