Accueil Max Vie quotidienne

Le patron d'ORES Fernand Grifnée répond à tout : « Nous essaierons de faire face à la crise sans demander aux Wallons de payer plus cher »

C’est le principal gestionnaire de réseaux de distribution de gaz et d’électricité en Wallonie mais, quelle est la place d’ORES dans la chaîne énergétique et dans la crise actuelle?

Comment son patron, Fernand Grifnée, entrevoit-il 2023 et les années de transition énergétique qui suivront? Qui est l’homme derrière cet Administrateur délégué soucieux, nous dit-il, «que le portefeuille des Wallons ne soit pas plus mis à contribution qu’avant»?

Aujourd’hui, en pleine crise énergétique, beaucoup se perdent à chercher le coupable. Pour définir clairement le rôle d’ORES dans la chaîne énergétique, que diriez-vous?

On est un maillon indispensable de la chaîne de l’électricité. Si je devais l’expliquer de façon très simple: on imagine mal aller chercher son électricité avec un bidon à Tihange en disant «Remplissez moi ça, j’ai besoin d’électricité». Il existe d’autres énergies que l’on peut transporter mais l’électricité est la seule énergie qui ne peut pas se transporter de cette façon-là, et qui ne peut se transporter que par un réseau. C’est-à-dire qu’il faut, entre la centrale, le panneau photovoltaïque ou l’éolienne qui produit l’électricité, et la prise où on consomme cette électricité, un réseau, du câble, une infrastructure qui amène cela. Donc, c’est un maillon indispensable pour transformer une énergie produite en quelque chose qu’on peut utiliser dans la vie de tous les jours.

Crédit : Tess Meurice

En tant que principal gestionnaire de réseaux de distribution, ORES est souvent le coupable idéal quand la facture énergétique augmente...

Je comprends la facilité parce que les gens ont été habitués à un autre monde. Il faut quand même se souvenir que pendant très longtemps, si on prend le début de l’électrification au XXe siècle, si on imagine l’après-guerre, on n’avait pas un modèle très compliqué, on avait souvent un seul opérateur en Belgique. Si je dis Electrabel, tout le monde va comprendre. Electrabel contrôlait tout: de la centrale de Tihange jusqu’à la prise, au compteur dans votre garage. À l’époque, on n’avait pas cette difficulté de compréhension.

Et est arrivée la libéralisation et la scission de cette chaîne. Est-ce que ça a profité au consommateur?

Avec la libéralisation, on a compliqué les choses puisqu’on a découpé une chaîne, on a mis des opérateurs différents. On n’a certainement pas rendu les choses plus compréhensibles. On en revient à votre première question: les gens ne s’y retrouvent plus et ils ne savent plus à qui ils doivent en vouloir! C’est qui le coupable? C’est une question que je comprends très bien. C’est une question à laquelle il est beaucoup plus difficile de répondre que ça ne l’était par le passé. Cela dit, on peut regarder les choses et se demander pourquoi une facture d’électricité ou de gaz augmente comme elle est en train de le faire. On voit aussi très clairement que dans les différents métiers de l’électricité, il y en a qui sont terriblement stables, essentiellement le réseau de transport et le réseau de distribution, donc ceux qui sont entre la centrale et votre compteur. Par contre, ceux qui gèrent le kilowattheure ou la molécule de gaz, voient, eux, leurs prix augmenter, c’est de ce côté-là que ça se passe… Pas du côté de réseau. La crise énergétique que l’on vit aujourd’hui avec cette explosion des prix du gaz et de l’électricité ne profite pas à ORES. Au contraire, elle nous coûte puisque nos tarifs n’augmentent pas, ils sont stables alors que nos coûts, comme ceux de toutes les entreprises, de tous les pouvoirs publics et de tous les ménages en Wallonie, explosent. L’énergie et l’inflation représentent une explosion de coûts en 2022 et 2023 pour ORES, et nous allons essayer d’y faire face sans demander aux Wallons de payer plus cher.

Crédit : Tess Meurice

Vous l’avez d’ailleurs promis: il n’y aura pas de répercussion de la part d’ORES, en 2023, sur la facture du Wallon. Comment est-ce possible alors que vos coûts augmentent?

Parfois, on réduit cette situation à des économies, à un «matelas» qu’ORES aurait. Nous menons nos activités dans un cadre régulé, pluriannuel, c’est-à-dire que moi je sais, du 1er janvier 2019 au 31 décembre 2023, soit sur cinq ans, quel sera mon revenu. Par contre, ce que je ne sais pas, c’est à quel type de coûts je vais être confronté. Sur cinq ans, je dois prendre moi-même le risque d’une évolution à la hausse des taux d’intérêt, par exemple. Nous avons donc une politique prudente, certains disent trop prudente ou qu’on a mis de l’argent de côté mais, à partir du moment où on nous mettait dans un environnement risqué, on a voulu gérer ce risque-là. Par la gestion qui a été la nôtre, on a aujourd’hui de quoi faire face à ces vraisemblablement 150 ou 160 millions de surcoûts qui vont nous être facturés dans les mois qui viennent, d’ici au 31 décembre 2023.

>> Découvrez l'interview complète de Fernand Grifnée ce samedi dans votre magazine Max disponible en librairie dans les journaux Sudinfo ou en cliquant ici.

Notre sélection vidéo

Commentaires

Postez le premier commentaire

Aussi en Vie quotidienne

Derniers articles
SoSoir Max vous recommande