Elle demeure l’icône de l’info, sept ans après la fin de «son» 20 heures. Arrêter la télé, elle y a songé réellement. Car le petit écran, ce n’est pas une drogue pour elle… La culture, un peu plus. Cet été, au festival de Lacoste, en Provence, entre deux lectures de rentrée, Claire Chazal a discuté art, info et féminisme avec nous. Rencontre avec une icône… tout court.
Vous dites que votre carrière, ça a été beaucoup de combats, mais pas forcément un combat féministe pour vous, de réussir à votre poste?
Non, je crois que c’est très générationnel. J’appartiens à une génération qui a été nourrie au lait féministe, suite à cette émancipation extraordinaire qui est arrivée après la guerre. J’en ai bénéficié et j’ai été intéressée par tout ce qu’écrivaient ces femmes, comme Simone de Beauvoir ou Gisèle Halimi. Donc, nous, on avait déjà une voie tracée et on n’aurait jamais pensé que nous n’occuperions pas une place dans la société qui soit l’égale de celle des hommes. Moi, j’ai toujours vécu en me disant que j’ai les mêmes diplômes que les garçons –et même souvent plus!– j’ai la même place, je suis aussi intelligente qu’eux et je suis libre de faire ma vie. C’est ça mon féminisme.
Et le féminisme d’aujourd’hui, vous le comprenez?
Je le comprends moins parce que j’ai plus eu comme exemples des féministes de combat, des héroïnes, des femmes qui s’étaient battues et qui n’avaient pas de doute sur leur place. Et ce féminisme victimaire d’aujourd’hui me paraît être une façon de rabaisser un peu la personnalité féminine. Je ne me reconnais pas dans ce féminisme, je viens d’un milieu où on fait des études, où on sait se défendre. Bien sûr, il faut mettre un bémol, je suis tout à fait d’accord pour dire qu’il y a évidemment le drame des violences faites aux femmes, le drame des violences conjugales, que c’est un fait qu’il faut prendre à bras le corps pour que les voix de ces femmes soient entendues. Je ne sais pas si les féministes d’aujourd’hui ont envisagé les féministes comme des héroïnes. Elles ont peut-être plus envisagé les féministes comme des victimes. Je conçois qu’elles aient pu souffrir de certaines choses. Mais je pense qu’il y a des écueils dans leur féminisme: il y a le risque de banaliser le viol. Parce que le viol est un vrai drame, j’entends le viol qui menace la vie d’une femme et qui malheureusement, parfois, la lui ôte. Je me sens une femme qui peut se défendre, qui peut exister. Je n’ai pas envie qu’on me plaigne, moi. Je n’ai d’abord jamais souffert de ma condition de femme. J’ai vécu ma vie librement. Et si on me dit qu’on exclut les hommes ou qu’on les considère comme des ennemis, voire des agresseurs systématiques, moi, ça, je ne le dis pas. Je ne l’ai jamais vécu comme ça.