Rencontre avec Audrey Fleurot : «J’ai toujours su que personne ne m’attendait»

Nicolas Roucou / TF1

Définitivement, avec son personnage de Morgane Alvaro dans la série «HPI», le mot «phénomène» lui colle à la peau… et elle le vit bien. Parce que, dit la très belle Audrey Fleurot, entre deux bons mots, une certaine franchise et une forme d’espièglerie: «les choses ne sont pas arrivées du jour au lendemain… J’ai 46 ans et j’ai l’impression d’être suffisamment solide, de me sentir plus légitime aujourd’hui». Au récent festival de la fiction télé de La Rochelle, dont elle était la présidente du jury, la comédienne est revenue sur son succès qui ne se dément pas, et sur l’évolution de la femme à travers le prisme de la fiction… 

Aujourd'hui, et depuis un petit moment déjà, Audrey Fleurot est l’incarnation de la nouvelle fiction. Au cinéma, il y a bien sûr eu «Intouchables», mais ce sont ses rôles dans «Engrenages», «Le Bazar de la Charité», «Les combattantes» et, évidemment, «HPI» qui l’ont installée. Presque sur un trône. Mais pas de quoi donner le vertige, ni des envies de grandeur à l’actrice qui sait le chemin parcouru. «Cela ne m’est pas vraiment tombé sur les épaules parce que je travaille depuis longtemps», sourit-elle.

Succès après labeur

«J’ai 46 ans. Je suis une laborieuse et je n’ai sauté aucune étape. J’ai joué des guests, des troisièmes rôles, puis des seconds rôles, ensuite je suis allée dans des séries chorales qui ont eu du succès (‘Le village français’, ‘Engrenages’) mais je ne portais pas ces séries sur mes épaules. J’ai toujours été heureuse de l’endroit où j’étais. Parce que j’ai toujours rêvé de faire ce métier, que j’ai toujours su que personne ne m’attendait, que j’étais très préparée au fait que ça allait être compliqué. Tout a été du bonus pour moi. Les choses ne sont pas arrivées du jour au lendemain. Ce qui me permet de ne pas me prendre une espèce de raz-de-marée en me disant ‘je ne me sens pas à la hauteur’. Après, ça change énormément en termes de notoriété mais, comme ça ne m’arrive pas à 20 ans, j’ai l’impression d’être suffisamment solide, d’avoir suffisamment travaillé et de me sentir beaucoup plus légitime. C’est plus simple de recevoir le succès maintenant et de le vivre de façon extrêmement agréable. Ce ne serait pas la même chose si ça m’était arrivé à 20 ans, je n’aurais pas eu le temps d’en rêver».

La crainte de l’après «HPI»

Après «HPI» et le personnage de Morgane Alvaro, est-ce que les autres rôles proposés à Audrey Fleurot tiendront la distance? La question est plus que légitime, répond la comédienne… «Je pense qu’on peut faire toute une carrière formidable sans avoir cet endroit de liberté que j’ai dans ‘HPI’. La plupart du temps, quand vous incarnez un personnage, vous essayez, vous, d’aller vers ce personnage et là, j’ai eu la possibilité, assez rare, de ramener le personnage de Morgane (Alvaro) à moi. Je pense que trois ans auparavant ça n’aurait pas été possible. Il y avait une évidence et c’est la première fois, je pense, que ça m’arrive. Les personnages que j’ai joués auparavant, je pense que plein d’actrices auraient pu les faire, mais Morgane, c’est ma Morgane. Cela m’est très personnel. Donc c’est sûr que ce sera très compliqué pour moi de lui dire au revoir, parce que c’est mon clown en fait. Comme un double ‘inassumable’, qui doit être refoulé quelque part chez moi. Et on peut faire toute une carrière sans forcément avoir la chance d’avoir un personnage dans lequel on peut, en tant qu’individu, s’exprimer, comme une sorte de double comique. ‘HPI’, c’est mes ‘Sopranos’ à moi. James Gandolfini, on sait que son rôle dans les ‘Sopranos’ c’est le rôle de sa vie, même s’il a fait des trucs avant et après. Je pense qu’ensuite j’irai vers des choses très différentes, et pas forcément vers de la comédie, parce que j’ai peur que tout me semble fade derrière. Mais je pense aussi que c’est important de ne pas faire la saison de trop, de ne pas lasser les gens ni se lasser soi-même. Et puis, je suis intermittente, je veux changer de personnages! Mais je vois aussi les limites en termes de temps, ‘HPI’ me prend beaucoup de temps. C’est un marathon qui est super, dans lequel je m’éclate, mais je passe un petit peu à côté de la vie en fait…»

 

Nicolas Roucou / TF1

Nicolas Roucou / TF1

L’avant «HPI»

Le personnage de Morgane, Audrey Fleurot l’a donc façonné. «Il y avait tout à construire et j’ai eu la chance que TF1 me veuille suffisamment que pour me donner carte blanche. Quand on m’a proposé le projet, ce n’était pas de la comédie, il n’y avait pas la trame amoureuse. C’était une énième série policière avec, cette fois, une femme de ménage qui avait 160 de QI. Je ne voyais pas l’intérêt de la faire, ce n’était pas de la comédie, ce n’était pas de la télévision ‘moderne’. Ce personnage m’est alors resté en tête pendant pas mal de temps. J’étais partante si on twistait le truc en comédie. Et j’ai donc ramené mon humour à moi, beaucoup d’impro».

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