Assurément, elle est la rousse la plus célèbre du petit écran. L’une des plus drôles souvent, des plus terrifiantes parfois. De «Melrose Place» à «Desperate Housewives», Marcia Cross est devenue une icône qui a presque créé l’émeute en s’arrêtant près de chez nous, à Lille, il y a quelques jours, pour le festival SériesMania. Derrière la quête de perfection de Bree Van de Kamp, on découvre avec bonheur (et un brin de nostalgie pour ces années-là) une battante émouvante et humble..
À croire que, onze années après l’arrêt de «Desperate Housewives», Marcia Cross n’a toujours pas pris conscience de l’ampleur du phénomène dont elle a aidé à la création. «Tout est arrivé si vite. On était pris comme dans un roller-coaster duquel on ne savait pas descendre. Vous ne savez pas ce qui se passe, vous mettez juste un pied l’un devant l’autre». Une décennie après un ultime passage par Wisteria Lane et c’est comme si on y était télétransporté. Certaines séries –et elles sont rares– ont cette capacité à jouer aux machines à remonter le temps. Surtout si l’une de leurs protagonistes –émue jusqu’aux larmes devant un tel accueil lillois– n’a pas laissé le temps la marquer de son empreinte. Marcia Cross est de celles-là… Décidée Et de cette trempe d’actrices qui n’a jamais baissé les bras. Croire en soi, parce que personne ne le fera pour vous, voilà un bon conseil pour vous élever au rang d’icône. «Allez chercher ce que vous voulez et ne laissez personne vous dire le contraire. Car personne ne vous dira non plus: ‘quelle bonne idée, fais donc de l’art!’». (sourire)
Et Marcia de se remémorer ses premières velléités de comédienne (après avoir joué dans une pièce de théâtre à …7 ans): «Je ne savais pas comment j’allais payer mes factures, mais je savais que je voulais devenir actrice (…) Dans notre société, on n’est pas vraiment félicité quand on est un bon artiste, quand on est différent. On honore les gens ‘stables’ –et c’est bien qu’ils soient là– mais on va au musée, on écoute de la musique, et c’est ça qui nous pousse vers l’avant, nous raconte des histoires».
Torturée
«J’ai toujours été un peu torturée à l’intérieur… Déjà, sur une photo de moi quand j’avais 8 ou 9 ans, on voit mon côté sombre». Ce qui a, en partie, fait son succès… «Lorsque j’étais jeune, les directeurs de casting me disaient que les rôles de jeune première n’étaient pas pour moi à cause d’une noirceur dans mon regard. Peu à peu, ce trait que je ne voyais pas m’a aidée à me sentir vue et appréciée. J’ai appris à valoriser ce mélange de dureté et de mystère que les gens ressentaient, à accepter que ça venait de moi et de mon travail. Ça a donc fini par devenir une force, même si je ne la cultive pas consciemment. Belle ironie, non?».
Folle icône
«Quand j’ai fait ‘Melrose Place’, je n’avais pas planifié de rester longtemps. J’avais perdu quelqu’un pendant cette période. Ils m’ont appelée alors que mon personnage –Kimberley Shaw– était en train de mourir. Ils voulaient que je revienne dans la série. J’étais en deuil et quand je suis revenue dans ‘Melrose Place’, quand j’y repense maintenant, c’était comme si ma vie était dans la douleur. La raison pour laquelle Kimberley est folle, c’est que je le suis aussi un peu! (sourire) La colère, tous ces sentiments, ça m’a fait du bien de les jouer à l’écran».
Pendant quelques années, le personnage terrifiant et pourtant adoré des téléspectateurs de Kimberley a collé à la peau de Marcia Cross. Et il lui a fallu s’armer de patience pour se défaire de cette image iconique. «Ça m’a coûté beaucoup de temps en termes de carrière. Et c’est le plus dur. Vous faites quelque chose de bien, pour laquelle vous êtes connue et on pensera: ‘oh, elle ne sait faire que ça!’ À cette époque, je suppliais mon agent de me trouver un rôle plus ‘normal, facile’».
Mais les bons souvenirs demeurent. Et, 24 ans après le clap de fin de «Melrose Place», les liens ne se sont pas distendus avec ses anciens partenaires. «La pandémie nous a bizarrement rapprochés, surtout les filles! Je ne pourrais pas vous expliquer pourquoi, mais certaines d’entre nous avons commencé à nous retrouver sur Zoom à ce moment-là. Il y avait Laura (Leighton, alias Sydney), Daphne (Zuniga, alias Jo) et Josie (Bissett, alias Jane). C’était amusant, et on n’a pas pu s’empêcher de commencer à imaginer ce que nos personnages seraient devenus avec le temps», nous confie Marcia.
Photos : Amanda Friedman
>> Découvrez l'interview complète de Marcia Cross ce samedi dans votre magazine Max disponible en librairie dans les journaux Sudinfo ou en cliquant ici.