Rencontre avec Vitaa : «Je ne veux surtout pas mourir sur scène!»

Fifou photo

«C’est beau de faire un numéro un 16 ans plus tard!», sourit Vitaa. Elle en a parcouru du chemin depuis son premier succès, «A fleur de toi», jusqu’à cet album («Charlotte») à nouveau au top mais probablement son dernier en solo, dit-elle. Et pour cause: «Il y a eu chez moi de grands moments de culpabilité en tant que mère et en tant que femme». Derrière Vitaa, il y a une Charlotte qui veut vivre loin des projecteurs et qui se raconte, émouvante, en chansons, et un peu plus ici…

Vitaa, il y a eu une espèce d’engouement quand vous avez sorti, il y a trois mois, avant cet album, le titre «Charlotte» et son clip dans lequel vous mettez en scène votre enterrement, comme un adieu…

En fait, j’ai évoqué rapidement, une fois, le fait que cet album serait mon dernier, et ça a pris des proportions énormes. Mais le but c’était pas du tout d’en faire la com’ de l’album. Mais quand on me pose la question, j’y réponds très honnêtement et c’est peut-être aussi pour ça que cet album est aussi dense. J’y vide mon sac comme je ne l’a jamais fait. Si c’est le dernier, est-ce que ce n’est pas le moment de dire tout ça?

À quel moment vous vous êtes sérieusement dit que ce serait votre dernier album?

Franchement, ce n’est pas une décision que j’ai prise il y a six mois. Ça fait pas mal d’années que je me le dis. Je n’ai jamais fait ce métier pour la compèt’ ou pour les chiffres, même si c’est génial d’être numéro un. J’ai fait ce métier parce que ce qui m’émeut c’est de raconter ma vie aux gens et de les toucher à travers les chansons. Je m’étais toujours dit que le jour où j’aurai moins de choses intéressantes à raconter, si je suis moins sincère, moins touchante, je me mettrai de côté. Ça, ça a été le début de la réflexion. Ensuite, il y a eu le fait d’avoir pendant 3-4 ans couru partout et d’avoir eu un petit bébé en même temps et d’avoir beaucoup manqué à mes grands enfants (elle a deux fils et une fille, NdlR), ça je l’ai senti pendant la tournée «Versus». Il y a eu chez moi des grands moments de culpabilité, en tant que mère, en tant que femme. Je me suis demandé si ma place était vraiment là. Tout ça cumulé, je me suis dit que c’était le moment de tout envoyer dans cet album-ci, de manière à ce que ce soit le dernier. Et derrière, de consacrer mon temps et mon énergie à l’écriture et à la composition, parce que c’est ce que j’aime le plus, et aussi faire de la scène. 

Vous dites-vous aussi qu’après plus de 15 ans de carrière, vous avez atteint votre rêve. Que demander de plus?

Si mon mari m’entendait, il me tuerait (rires), mais je ne suis pas quelqu’un de carriériste! Je ne me suis jamais dit que je serais chanteuse, je faisais de la musique, j’écrivais mes textes, c’était ma passion mais c’est au fil des rencontres que j’en ai fait mon métier. Ce n’était pas du tout un rêve de petite fille de devenir connue! Donc, chaque chose qui s’est passée, c’était du bonus. Le premier album («A fleur de toi») a tout explosé et je n’étais pas prête à ça. Puis il y a eu une espèce de tourbillon qu’il a fallu gérer. Ensuite, j’ai rencontré mon mari, j’ai eu ma vie de femme, mes enfants, puis des échecs dans ma carrière. Et c’est comme ça que je me suis construite. Oui, je me dis: «c’est quand même beau tout ça! Est-ce que je ne suis déjà pas assez privilégiée comme ça?»

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Mais vous avez galéré aussi à vos débuts, avant «Confessions nocturnes» (avec Diam’s) et «A fleur de toi»…

Oui bien sûr. À partir du moment où je me suis rendu compte que je pouvais en faire mon métier et le moment où j’en ai fait mon métier, il s’est passé sept ans! Les gens me connaissaient peu, on a démarché pendant des années toutes les maisons de disques et personne n’en voulait, personne ne comprenait mon histoire. La maladie de ma carrière c’est que j’ai toujours été à mi-chemin entre la musique pop-urbaine et la chanson française et, en France, c’est compliqué. Il n’y avait pas de média pour ma musique. Je suis arrivée avec «A fleur de toi» et c’était compliqué parce que je ne rentrais pas dans une case, et à la fois, j’étais numéro un donc il fallait me passer en radio. J’ai souffert pendant des années de ce truc «où on va la mettre?».

On voulait vous formater…

Il a fallu des années avant qu’on me prenne au sérieux. Des années avec des rendez-vous dans des maisons de disques où j’entendais tout et n’importe quoi, à me dire aussi que mon enveloppe physique n’aidait pas parce que je suis grande, que j’ai des formes. J’ai compris que ce serait plus compliqué que je ne pensais, que j’allais devoir prouver que j’étais plus qu’une bimbo, mais bien une femme qui veut raconter ses failles, ses blessures, ses souffrances, qui compose. Vraiment, je sentais qu’en face ça ne répondait pas. Et c’est ce qui a été plus beau quand, en 2013, avec mon mari, on a récupéré mon contrat chez Universal et qu’on est devenus producteurs de notre label.

Vitaa sera en concert le 20 décembre à Forest national, à Bruxelles. 

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