Dani Klein, du groupe Vaya Con Dios : «Quand on est une femme et qu’on s’impose, on a vite la réputation d’être une emmerdeuse»

Dirk Alexander

La musique n’a pas de frontière. Et le talent et la notoriété de Vaya Con Dios non plus. 35 ans se sont écoulés depuis le premier album du groupe belge emmené par Dani Klein –accompagnée aujourd’hui de deux nouveaux musiciens Thierry Plas et François Garny– mais, en écoutant sa voix, reconnaissable entre mille, c’est comme si c’était hier. Son franc-parler, grâce auquel elle a réussi à s’imposer dans un milieu d’hommes, est toujours le même: «et on me le reproche très souvent d’ailleurs!» sourit-elle. Vaya Con Dios nous chante des nuances de joie («Shades of Joy») mais Dani Klein, femme toujours décidée à 70 ans, nous raconte aussi ses années d’excès «rock’nroll», ses débuts et, finalement, comment elle est arrivée à se connaître et à s’accepter.

C'est le fait d’avoir été confiné pendant le Covid, d’avoir fait de la musique à trois dans votre bulle, qui a fait naître cet album, inattendu, de Vaya Con Dios, près de 20 ans après le dernier du groupe. Sans la pandémie, il n’y aurait donc pas eu de retour de Vaya Con Dios ?

Dani Klein: Probablement pas, c’est vrai.

Thierry Plas: On n’avait rien d’autre à foutre. Dani était coincée en Belgique et ne pouvait pas aller chez elle en Espagne. François n’avait pas de concert et moi non plus…

Le fil rouge de Vaya Con Dios, c’est la voix de Dani. Au fil des décennies, vous en êtes devenue pleinement consciente Dani?

Dani: Oui, je suis consciente d’avoir une voix –et ça, je ne sais pas grâce à qui– qui est se distingue des autres. Il y a effectivement des gens qui chantent d’une manière technique beaucoup mieux que moi mais qui leurs voix se ressemblent trop, ne sortent pas du lot. C’est vrai que ma voix, on la reconnaît. Je ne l’ai pas toujours su mais j’ai revu, 30 ans après, une fille avec qui j’étais à l’école primaire. Et elle m’a dit que ce qui l’avait frappée chez moi, quand on avait 6 ans, c’était ma voix! J’avais une voix plus grave. J’ai beaucoup pleuré, paraît-il, quand j’étais bébé… Est-ce que c’est ça qui a formé mes cordes vocales? Je n’en sais rien. Mais c’est une chance…

Quand avez-vous compris que c’était une chance?

Dani: Quand ça a commencé avec Vaya Con Dios. Il y a des gens qui n’aimaient pas cette voix. Quand je chantais pour des publicités, pour gagner ma vie, on trouvait qu’elle était trop différente, il fallait un truc plus passe-partout. Ma voix n’a pas toujours été un atout.

 

Dirk Alexander

Dirk Alexander

Dirk Alexander

Dirk Alexander

Vaya Con Dios, c’est aussi une musique très éclectique, pas un style bien défini. Ça a aussi, ça a pu porter préjudice?

Dani: Ici, en Europe, ça n’a jamais été un handicap… mais ça l’a été aux États-Unis. Ça marchait tellement bien ici que les États-Unis se sont intéressés à Vaya Con Dios. Je suis allée à Los Angeles avec mon manager et on a rencontré le manager des Eagles. Le problème, c’est que les Américains trouvaient ça super, mais on devait tout changer parce qu’ils ne savaient pas dans quelle catégorie nous mettre, ni en radio ni dans les magasins. Est-ce que c’était espagnol –à cause du nom? Ils voulaient que je refasse un album plus américain, et j’ai refusé, je ne me retrouvais pas là-dedans. Et je m’en foutais des États-Unis! J’étais déjà très contente de ce qui se passait ici, je ne l’avais jamais espéré, et je n’allais pas vendre mon âme pour espérer de, peut-être, un jour, percer là-bas…

Dani, au-delà de cette voix, vous écrivez les chansons, vous avez produit aussi très vite Vaya Con Dios. Vous étiez une businesswoman dans le monde de la musique 35 ans avant Beyonce et Taylor Swift… On imagine que ça devait être très compliqué à l’époque, non?

Dani: Oui. Quand j’ai commencé à chanter avec des musiciens, vers 17 ans, il y avait très peu de chanteuses. Les groupes n’en voulaient pas, parce qu’ils disaient que ça foutait la merde! (rire) Parce qu’il y avait toujours un des musiciens qui finissait par se taper la chanteuse!

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