Sa pop a toujours été fleurie et colorée. Mais ce qui frappe en rencontrant Mika est bien plus profond: la force de son engagement, la réflexion sur lui-même, sur son métier et sur la société qui l’entoure. Élégamment, joyeusement aussi, il se raconte en chansons dans «Que ta tête fleurisse toujours» et nous en dit bien plus encore ici…
Ce n’est pas un effet de style quand il nous confie avoir «accepté qui il est», et le raconter, sans fard, dans son nouvel album entièrement, et pour la première fois, chanté en français. Il y a des traces, indélébiles, d’une scolarité douloureuse, sous le signe du harcèlement. «L’un de mes premiers jours d’école à Londres, je suis arrivé en short rose avec des petits pois (…) et je pense que j’avais même un nœud papillon». Mika était différent, mais «ridicule» aux yeux des autres élèves, et même d’une de ses professeurs. C’est la musique qui le sauvera, attiré par «la tolérance» qu’elle véhicule. «C’est pour ça que j’étais absolument déterminé à faire ce métier, sinon je ne pouvais pas survivre».
Mika vient de fêter ses 40 ans. Il a, nous glisse-t-il, reconstruit une «famille» autour de lui. Sa maman, qui l’a guidé depuis ses premiers pas dans la musique, n’est plus. Et ça l’a poussé à ouvrir davantage les portes de son intimité. Dans le titre «Moi, Andy et Paris», il évoque celui qui partage sa vie depuis… 18 ans! Une longévité qui peut étonner à notre époque. Mika sourit. «Oui, c’est vrai…». Le fait de voyager et, surtout, d’avoir cette «multiculturalité, ces différentes identités et attaches dans différents pays, ça, ça m’appartient et ça contribue probablement» à maintenir le couple à flot. Son nouvel album s’intitule «Que ta tête fleurisse toujours». De la poésie? Pas seulement… C’est une phrase pleine de sens écrite par sa maman. «Elle me l’avait écrite sur un de ses dessins, qui était un cadeau d’anniversaire et je ne me suis pas rendu compte tout de suite de la force du message. Je m’en suis rendu compte beaucoup plus tard. C’était aussi une énorme provocation! Cette phrase a l’air toute naïve et innocente, mais c’était un message, un défi lancé, même après qu’elle ne soit plus sur terre. Elle a visé très précisément. Ma réponse s’est manifestée pile poil quand j’allais avoir mes 40 ans. C’est cette idée d’accepter qui je suis, quel est mon job, le fait que j’aime ce que je fais et le défendre et continuer à prendre des risques pour être provoqué créativement et ne jamais stagner».
Cette acceptation de soi, d’aimer ce que vous faites, ce n’était pas déjà le cas il y a plusieurs années?
Non, pas vraiment, c’étaient des petits morceaux. Je m’engageais et je me désengageais un petit peu. Et là, j’ai pris la décision que c’est ma vie. J’ai 40 ans maintenant, je ferai ça furieusement jusqu’à ce que j’aie 50 ans. Ensuite, on verra… (sourire)
Vous vous désengagiez, cela veut dire que vous ne faisiez pas les choses à 100%? On a pourtant toujours eu cette impression que vous étiez tout le temps à fond…
Oui, mais si on regarde ce que j’ai fait depuis un an et demi, ça a pris une autre dimension. On n’a pas honte. Ce métier peut vraiment être fait de ta propre manière et c’est bien plus qu’un métier, c’est un mode de vie. J’y crois vraiment. Sans avoir le soutien de certaines personnes que j’avais avant –j’ai enlevé la moitié de l’équipe, j’ai perdu ma mère avec qui je travaillais depuis mes 8 ans–, je me suis demandé si j’allais continuer. Et si oui, il fallait que j’assume complètement. C’est normal de se poser ces questions. Si un artiste te dit qu’il ne se pose pas ces questions-là, c’est qu’il est en train de mentir. Et si on te répond qu’il n’y a pas d’autre vie, c’est faux, parce qu’on peut faire d’autres trucs.
Est-ce qu’aussi parce que vous avez peur vous-même de vieillir?
Non, je n’ai aucun problème avec le fait de vieillir. Quand j’avais 11 ans et que mon père me demandait ce que je voulais faire, je lui répondais que je voulais être comme les petits vieux dans le parc qui ne doivent pas aller à l’école et qui ont une belle vie.
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