Rencontre avec Marka: « J’ai réinventé mon couple »

Xavier Janssens

Il est le patriarche –lui dirait plutôt le «daron»– de la plus célèbre famille du showbiz belge (avec pour enfants Angèle et Roméo Elvis, pour ceux qui auraient été déconnectés ces dernières années…). À sa femme de longue date, Laurence Bibot, il dédie aujourd’hui une chanson. Mais au-delà du socle privé, surtout, Marka est un artiste 100% belge, qui, en 40 ans de musique, se dit que peut-être il a «en partie bien réussi» sa carrière. Attachant, bien dans son temps, il refuse, à un peu plus de 60 balai,s de devenir un «vieux con» et s’amuse à nous jeter un sort avec son «Voodoo Belge» aux accents blues…

Marka, après l’album «Terminé Bonsoir», on a eu un peu l’impression que vous étiez prêt à raccrocher. Mais ce n’était pas le cas. Qu’est-ce qui vous a fait changer d’avis?

Il faut que tu sentes qu’autour de toi il y a une confiance. Quand la firme de disques m’a dit qu’on allait refaire un album, il n’a pas fallu me le dire deux fois! Je suis un peu un maboul, je n’arrête jamais d’écrire des chansons, j’ai déjà des chansons d’avance. Parfois même, il y a des chansons que j’ai écrites il y a quelques années mais qui ne sortent que maintenant. Je suis un adepte aussi du «ne rien jeter», je recycle et j’essaie de recycler dans ma vie de tous les jours depuis longtemps. J’ai un potager, je mange mes propres légumes, je fais mon compost depuis toujours. Mes potes, quand ils viennent chez moi, savent qu’ils mangeront les pommes de terre ou les salades de mon jardin.

Recycler, vous ne le faites pas parce que c’est «tendance» alors?

Non, ça me vient de mon grand-père. À l’époque, à Molenbeek, là où j’habitais dans les années 60, c’était encore à moitié la ville et à moitié la campagne. Mon grand-père avait un champ, après ils ont commencé à tracer des routes et ça a disparu mais moi j’ai vu mon grand-père ramener ses poireaux, ses pommes de terre etc… Dès que j’ai eu mon propre jardin ici (en périphérie bruxelloise, NdlR), j’ai commencé par mettre deux plants de tomates et puis un peu plus. Donc, le recyclage des déchets etc ce n’est pas à la mode, c’est une conscience et une envie de bien faire les choses et il en va de même pour mes chansons. Par exemple, le titre «Monsieur je sais» a 25 ans…

Cette chanson-là est née parce que vous ne voulez pas devenir ce «Monsieur je sais», ce vieux con qui a toujours raison?

Je crois que oui, mais je crois que je suis comme ça, que je sais tout mieux! (rire) Mais on sait tous tout mieux! J’arrive cependant à me remettre en question sur certains sujets, à évoluer. Je peux accepter que j’ai tort. C’est ce que j’essaie d’inculquer aux enfants que j’entraîne au foot à Linkebeek.

 

Il y a des sujets sur lesquels, dans l’époque actuelle, c’est plus difficile de se remettre en question, face auxquels on est peut-être un peu plus «réac’» à 61 ans?

Si ça arrive, avec ma femme, on discute. Et puis, avec le temps, il y a des choses moins importantes. Après, c’est vrai aussi, comme dans la chanson «On ne peut pas», il y a ce côté «on ne peut plus dire ci ou ça». Mais j’ai envie de croire que c’est pour une bonne cause. Et en effet, il y a des changements de mentalité. Pour preuve, ce joueur de foot qui a fait son coming-out. Même il y a 5 ou 6 ans, ceux qui l’ont fait s’en étaient pris plein la gueule. Là, il a été applaudi par tout le stade. Après, il y aura toujours des gens pour pas être d’accord mais il y a quand même une prise de conscience. Dans ce stade, il y a sûrement des gens qui ont un frère, un fils ou un pote qui est gay. Mais je trouve aussi qu’on doit toujours aussi pouvoir en rigoler.

Est-ce que vous vous marrez toujours aussi librement qu’il y a 30 ans?

Non, mais ça dépend avec qui. Il y a le privé et le public. Et même en privé, j’ai des enfants qui sont d’une autre génération, je ne peux pas dire tout et n’importe quoi devant eux. Et pour tous mes potes qui ont des enfants, c’est la même chose. En fait, on est dans une période de transition. Être rabique et ne plus rien dire du tout, c’est la meilleure des manières pour qu’il y ait des clashs entre les gens. Donc, on doit faire gaffe à ne pas dire tout et n’importe quoi mais on doit aussi pouvoir rigoler et que les gens rigolent d’eux-mêmes. Par contre, les gens qui se lancent à donner leur avis sur internet, je ne comprends pas, qui ça intéresse? Ça ne m’intéresse pas d’avoir l’avis de tout le monde.

Photos : Xavier Janssens

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