Plus qu’une voix, c’est un espoir de la chanson française qui a éclos sur le plateau de «The Voice». Deux ans plus tard, un premier album et «Bam», la Belge Mentissa déballe son «lourd sac à dos» et emporte tout sur son passage, même une nomination aux Victoires de la musique. Et dire que la Belgique a failli passer à côté de ce petit trésor pas si caché...
Mentissa, on a l’impression que vous avez explosé du jour au lendemain à «The Voice France» puis avec votre chanson «Et Bam». Mais votre parcours, au contraire, a été long. Vous tentez de faire entendre votre voix en Belgique depuis plusieurs années…
Oui, j’ai attendu longtemps! On pourrait dire que ce n’est pas long parce que je suis passée à «The Voice» à 21 ans, mais ayant commencé très jeune, j’ai l’impression que ça a duré une éternité! J’ai commencé à prendre la musique au sérieux, à me dire que je pouvais en faire quelque chose, à 14 ans. J’ai fait plein de trucs, j’ai travaillé avec des labels indépendants en Belgique et ça n’a jamais abouti. Alors, comme tout le monde, dans la vie, quand on essaie, quand on se bat, qu’on a l’impression de donner et de donner encore et qu’en retour on ne reçoit rien, à un moment on finit par se dire que ce n’est pas pour nous.
Vous avez baissé les bras?
J’y ai pensé, je me suis dit que je n’allais pas m’infliger plus de mal que ça. Mais j’ai eu beaucoup de chance, dans ces moments-là, d’avoir ma maman qui m’a toujours donné espoir. Peut-être que sans elle, je n’aurais pas persévéré autant. J’aurais continué mes études et trouvé un petit boulot. Quand j’ai fait «The Voice France», je n’y croyais d’ailleurs plus trop. J’y allais dans l’idée de me faire un petit kif, de voir un autre pays et puis, ils étaient sympas. Mais je ne pensais pas que ça m’ouvrirait des portes.
Aujourd’hui, vous êtes installée à Paris. Les Français oublient-ils que vous êtes belge?
La vérité est que si en Belgique on m’avait donné ma chance, je ne serais jamais partie ailleurs. J’ai grandi en Belgique et mon rêve était de vivre de ma musique dans mon pays. Sauf que c’est presque comme si j’avais été poussée à aller voir ailleurs, en France. Je n’ai pas eu d’autres choix... En France, j’ai été adoptée tout de suite, je ne sais pas pourquoi. Après, je dis toujours que je suis belge et fière de l’être et je le resterai, même si j’habite à Paris pendant des années. À aucun moment je ne me sens un peu française. Mais il faut dire les choses: malheureusement, la Belgique ne m’a pas fait confiance.
Dans votre album, «La vingtaine», vous dites que c’est difficile «de s’écrire», «de se décrire» à votre âge. On a l’impression qu’à 23 ans, vous êtes très sage, très mature, non?
C’est sûr que j’ai dû grandir vite. J’ai dû devenir très vite une grande fille. Ma maman travaillait beaucoup, je m’occupais de mes petits frères. Dans mon enfance, j’ai vite senti que j’avais beaucoup de responsabilités, sans que ma maman ne me le demande d’ailleurs. Pour moi, c’était naturel. Je voyais qu’elle travaillait beaucoup pour qu’on ne manque de rien, c’était donc la moindre des choses pour moi de gérer un peu à la maison, vu qu’il n’y avait pas toujours de papa. Mais je n’ai pas l’impression d’être plus mature que les autres de mon âge. C’est sûr que je sens chez moi une certaine sagesse de vie parce que j’ai très tôt compris la valeur de la vie. Et c’est pour ça que je donne beaucoup d’importance à tout ce qui m’arrive et que je suis très reconnaissante parce que ça n’a pas toujours été facile. Quand, dans la vie, on en bave beaucoup, c’est un peu une récompense d’être après dotée d’une certaine sagesse.
Alors, quels sont les mots qui vous décrivent le mieux aujourd’hui?
Ça change mais je pourrais dire aujourd’hui «confiante», ce que je n’étais pas du tout avant. Je suis fière du chemin parcouru, je fais de plus en plus confiance à mon intuition et je n’ai pas peur d’oser dire les choses. Je fais confiance à ce que je ressens et j’essaie de ne pas tout le temps douter. Et puis, je suis en apprentissage, j’apprends beaucoup sur le monde musical mais aussi sur moi-même. Il y a beaucoup de choses sur moi que je ne savais pas du tout…
Comme?
Le fait que je sois très bavarde mais aussi très timide. Il y a ce paradoxe-là. Dans la vie de tous les jours, je suis très discrète, pas forcément la plus grande des fêtardes, je ne suis pas quelqu’un qui sort beaucoup, j’aime être chez moi et regarder Netflix. Et il y a un truc chez moi qui peut être handicapant, c’est le perfectionnisme. Cet album, c’est mon premier boulot et c’est très dur à vivre ce perfectionnisme parce que je me mets une telle pression! J’ai eu pas mal de moments de stress et d’angoisse.
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