Rencontre avec Anisha Jo : « J’ai grandi trop vite »

Yann Orhan

Son album s’intitule «Lumière» et rien d’étonnant à cela. Dès son premier passage à la «Star Academy», qu’elle a remportée l’année dernière (et dont la nouvelle saison débute ce samedi) , Anisha Jo dégageait quelque chose d’angélique, de fragile aussi. Mais pas tant que ça, nous explique-t-elle dans un sourire. Chez elle, il y a une grande sagesse, une gratitude aussi. Elle est à part, ne rêve pas forcément de faire carrière mais, avant tout, d’accomplir ce qu’elle considère comme sa mission: «être au service du monde qui m’entoure».

Anisha, vous avez pris le temps pour écrire et composer votre premier album. Comment vous sentez-vous aujourd’hui?

Soulagée, parce que ça a été intense. Déjà arriver à la «Star Academy», ça l’était. Énormément de choses ont changé dans ma vie mais j’ai tenu à garder certaines choses comme mes études –j’avais un master à finir– mon travail, mais je devais aussi assurer de faire un album. En arrivant à la «Star Ac’», je n’avais pas prévu d’en faire un. Psychologiquement, je n’étais pas préparée à tout ça. Quand je suis sortie de la «Star Ac’», j’ai dû tout digérer, et je digère toujours d’ailleurs. Car il ne suffit pas d’un an pour digérer ce genre de changement brusque de vie.

Quand on repense à votre parcours à la «Star Ac’», on revoit une jeune femme à la voix d’or mais pétrie de doutes, pas sûre d’elle. À un aucun moment vous n’avez senti ou cru que votre voix ferait au final la différence?

Non. La musique pour moi, c’est une chose qui m’a un peu sauvée, qui a toujours été là comme ma meilleure amie. Je l’utilisais comme une thérapie mais aussi pour partager avec les autres. Mon objectif premier, en arrivant là, c’était d’évoluer, de grandir. Je m’étais un peu fait violence en entrant à la «Star Ac’», moi l’introvertie. Dans ma tête, tout le monde a sa voix, son don, sa propre valeur et donc, je ne pouvais pas me comparer aux autres. Cependant, je m’autoflagellais beaucoup. Pas par rapport aux autres, mais je me dévalorisais beaucoup, parce que je ne connaissais pas ma valeur, je ne me connaissais pas. Ça m’a donné un peu confiance, même si j’ai toujours des doutes. Mais ce n’est pas parce que j’ai des doutes que je vais abandonner. Et ça a toujours été comme ça dans ma vie. Il y a des difficultés, des peurs mais ça ne m’empêchera pas d’avancer, de continuer. Aujourd’hui, j’arrive à être plus patiente avec moi-même, et à apprécier ce que je fais, même si je suis toujours dure avec moi-même.

Yann Orhan

Votre album ne s’intitule pas «Lumière» pour rien. Votre philosophie de vie, c’est de voir toujours la lumière même dans les difficultés. On sent que, déjà à 23 ans, il y a beaucoup de résilience chez vous, que vous êtes passée au-dessus de pas mal d’épreuves dans votre vie. Où avez-vous trouvé le courage?

C’est comme un guerrier qui part au combat: s’il ne se fait pas tuer, s’il a encore le courage, il continue. Tant qu’il y a de la vie, il y a de l’espoir. Et c’est ça que je prône, que je veux partager avec les gens qui traversent des épreuves. C’est à nous à devenir plus forts. Mais il faut y aller! Il faut faire l’effort de se dire «je veux sortir de là». J’ai des côtés sombres dans ma vie, j’en prends conscience et je ne veux pas retomber dedans.

Quand on voit la pochette de l’album, on se dit d’autant plus que vous avez un petit côté angélique. Mais vous n’avez pas peur de vous faire manger toute crue par ce milieu?

(sourire) Beaucoup de gens avaient peur de ce côté-là chez moi, un peu douce, un peu dans la réserve. Encore aujourd’hui je suis toujours un peu pudique dans ce que je fais. Mais je ne me suis pas forcément posé beaucoup de questions au début. On me demande souvent si je vis dans un monde de Bisounours, parce que je ne vois pas le mal partout. Mais moi, je pense que les gens sont bons, je donne toujours une seconde chance. Et je ne veux pas changer ma nature. Il y a cette douceur, cette gentillesse que je ne veux pas perdre. Il faut avoir la tête sur les épaules, je découvre ce milieu de la musique mais j’ai confiance en ma bonne étoile, en cette lumière. Bien sûr, il faut se protéger mais sans changer. Et je ne pense pas que mon côté gentil ait empiété sur ce que je voulais parce que je suis quand même assez ferme sur certaines choses. Je l’ai découvert d’ailleurs pendant ces 11 derniers mois en travaillant sur cet album: je sais ce que je veux, j’ai pensé cet album, jusqu’au visuel, pour qu’il soit authentique.

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