Rencontre avec Benjamin Biolay : «Quand l’occasion se présente d’être sensuel, faut pas se censurer»

Crédit photo : Tess Meurice

Il a (presque) tout pour lui: chanteur, auteur et compositeur à succès (et reconnaissant d’en avoir) depuis 20 ans, belle gueule – du cinéma aussi – Benjamin Biolay a toujours veillé à ne pas changer. Il n’a «jamais été dans les clous», et ça lui convient très bien. À l’heure de la sortie de son album «Saint-Clair», il parle avec nous d’amour, de religion et de carrière, modestement.

Benjamin, le titre de votre nouvel album évoque le mont Saint-Clair au coeur de Sète, une ville chère à votre coeur. Une ville de pêcheurs, qui fait référence à vos origines modestes. Ces origines-là, elles sont importantes pour vous. Vous ne vous êtes pas fait manger par le showbiz…

Oui, parce que je pense qu’on ne change jamais réellement de toute façon. Il y a beaucoup de tentations, il y a beaucoup de choses qui pourraient infléchir le destin dans une certaine direction. Mais je pense que ce serait se trahir soi-même, le pire échec possible. Et puis, dans ces origines dites modestes, il y a beaucoup de fierté à en retirer. J’aime l’art modeste. D’ailleurs, je fais de la chanson. Finalement, je fais un truc typique des gens de mon milieu, je ne me suis pas lancé dans la peinture ou l’architecture. J’ai juste fait de la chanson, c’est très modeste, entre l’artisanat et l’art. Et ça, ça me convient très bien, ça ressemble beaucoup à ce que je suis, aux endroits que j’aime. Et cet endroit, Sète, puisqu’on en parle, il a créé Georges Brassens et ce n’est pas par hasard. Il est vraiment ce Sétois typique, avec un père d’origine gasconne, espagnol, anticlérical, anarchiste, et une mère italienne hyper catholique. Et il a fréquenté les pêcheurs à la Pointe Courte à Sète. J’aime les mêmes choses. C’est là que se trouve le luxe en fait…

Faire de la chanson, c’est très modeste. Et ça me convient très bien. Le vrai luxe, c’est ce qu’on ne peut pas acheter

Et c’est quoi le vrai luxe?

C’est tout ce qu’on ne peut pas acheter.

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Cet album, peut-on dire qu’il est le plus «sexy» de Benjamin Biolay? Il y a pas mal d’allusions au sexe…

C’est un disque plus sensuel, plus charnel, oui. Moi je suis assez basique: je trouve que les guitares électriques c’est sexy. Pensez à «Jumpin’ jack flash» des Rolling Stones, c’est sexy. Alors quand l’occasion se présente d’être sensuel, faut pas se censurer…

On a l’impression que deux Benjamin se croisent dans cet album. Celui de l’époque «Négatif», plus intimiste, et un autre plus rock…

Ce sont les deux faces d’une pièce, il y a ce côté binaire de la vie. Je montre les deux côtés. Avant, peut-être que je ne montrais que ce côté plus affecté, plus enclin au spleen. Maintenant j’aime être dans la réalité de ce que je suis, de ce que j’ai envie de faire et de ce que j’ai envie d’écouter comme musique. Mais on ne change pas beaucoup et c’est là où je suis content de l’entendre, si celui de «Négatif» est encore un peu là….

Crédit photo : Tess Meurice

Est-ce qu’on n’écrit pas d’aussi belles chansons d’amour que quand justement on n’est pas heureux en amour? Je projette peut-être que vous n’êtes pas heureux en amour…

De toute façon, c’est très dur de décrire l’amour dans tout ce qu’il a de beau, c’est dur de décrire la félicité. Et puis l’amour aussi, c’est tellement vaste comme sujet. Le jour où on commence à avoir un enfant, c’est autre chose. C’est un amour qui est très fort et qui n’est pas voué à être perdu, à disparaître. Statistiquement, l’amour lambda, quand on rencontre quelqu’un, on sait qu’on a peu de chances de finir sa vie avec.

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Le bonheur, c’est quoi pour vous?

C’est forcément aussi l’autre, soit l’enfant, soit la femme, l’ami ou la famille… Et c’est la paix intérieure. Ces rares moments où on se sent en paix avec ce qu’on aime, avec ce qu’on a envie de faire. Le vrai bonheur, c’est quand je n’ai pas envie d’être ailleurs. Et ça m’arrive.

Crédit photo : Tess Meurice

La religion est présente dans l’album, notamment dans «Sainte-Rita» qui est la Sainte des causes désespérées et des marginaux. Un artiste est-il encore un marginal? Vous-même, vous sentez-vous comme un marginal?

Ben oui. Moi, j’ai beau payer mes impôts rubis sur l’ongle, mon loyer, etc, je reste un marginal. Je dirais que je suis dans la marge, je ne suis jamais dans les clous, dans ma façon de penser, de vivre.

(...)

Il y a autre chose qui a pris une place dans votre vie, c’est le cinéma. On vous y voit de plus en plus régulièrement. Le cinéma, vous en faites quand vous avez le temps?

Non, non. Quand je vais sur un rôle, je suis très, très sérieux, pas du tout dilettante. On sent que j’ai envie de réaliser. Après, le cinéma, c’est un peu tout ou rien. Je ne connais pas de metteur en scène moyen. Je ne connais que des génies ou des gros nuls!

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