Plus de 20 ans séparent sa révélation au grand public (et son premier césar) pour «L’auberge espagnole» de la série dérivée, «Salade grecque», qui vient de sortir sur Amazon Prime et qu’elle a évoquée lors d’une masterclass d’exception au festival Sériesmania de Lille. Cécile s’appelle peut-être de France, mais elle est bel et bien de Belgique, et de Namur plus précisément. En témoignent le naturel et l’humour avec lesquels elle évoque son riche parcours…
Enfant, elle se rêvait pirate, se voyait dans des films de cape et d’épée. «Quand je voyais les actrices, je ne me disais pas ‘je veux être comme elles’. En revanche, c’est quand j’étais dans ma classe et que je voyais dans les yeux de mes copains que je les faisais voyager par les émotions. C’est la même sensation que j’avais, moi, en regardant la télévision chez ma grandmère», se souvient Cécile de France, détendue, drôle, lors du festival lillois.
Le mal du pays
Cécile se dit que de ce pouvoir de faire voyager les autres, elle en ferait son métier. «J’ai fait une école de théâtre et, après, j’ai pu faire du cinéma. En allant à Paris, en étant belge, on espère toujours qu’il se passera un truc extraordinaire. C’est mon professeur de théâtre qui m’avait dit d’aller à Paris, que peut-être il se passerait quelque chose de plus grand qu’en restant en Belgique».
Mais le déracinement, jeune, est un peu compliqué. Le mal du pays est là. «On est nordiste, ce n’est pas la même mentalité que les Parisiens!», sourit-elle. «On connaît ça quand on est belge et qu’on arrive à Paris. J’étais très jeune, j’étais jeune fille au pair, loin de mes copains, de ma famille, c’était dur. Ça ne se passait pas très bien dans ma vie mais, après, j’avais comme un tigre dans le ventre, j’avais tellement envie de faire ce métier que je ne me rendais pas compte du danger, de l’agressivité qu’il pouvait y avoir dans cette ville. J’étais comme mue par une force positive. J’y croyais, j’espérais. Si on a une passion, c’est une grande chance. Il faut la nourrir, l’entretenir et plonger dedans tout nu!»
Gloire et discrétion
Arrive le premier rôle au cinéma. Cécile de France avait passé une audition pour un petit rôle dans le film «L’Art (délicat) de la séduction» de Richard Berry. Mais le directeur de casting la voit au centre de l’affiche. Elle repart avec le rôle principal. «C’était fou. C’était un premier rôle avec des gens connus. J’étais trop contente». Jusqu’à ce qu’elle rencontre le revers de la médaille: la notoriété et l’attention médiatique. «Ce qui est très bizarre, c’est que cette partielà du métier, on ne vous l’apprend pas. Vous devez apprendre de vous-même… Mes toutes premières séances photos, j’étais comme une poupée, on m’avait déguisée, j’étais trop maquillée, ce n’était pas moi. J’ai trouvé ça horrible. Au fur et à mesure, je me suis dit que je devais avoir les couilles de dire ‘non’. C’est pas facile, parce que vous êtes un peu naïve, innocente. Mais tout ça, ça s’apprend. C’est un exercice. Et puis, c’est toujours un peu flatteur quand vous avez votre tête sur une couverture de magazine!» (sourire)
À nu
«J’ai un très bon pif, j’ai un instinct qui fonctionne vraiment bien. Tout de suite je sais, quand je rencontre un réalisateur, si je vais être heureuse ou malheureuse sur le tournage», explique Cécile de France. Pas de calcul dans le choix de ses rôles, juste de l’instinct. Et il n’y a pas de regret. «Quand je refuse un rôle, en général, c’est que j’ai déjà fait ce type de personnage, il y a forcément une bonne raison. Je pense que chaque actrice a son chemin écrit un petit peu. Si ce n’est pas moi qui ai le rôle, c’est que ce n’était pas pour moi. Je vois toujours le verre à moitié plein». Et quand elle se lance, c’est corps et âme. «À partir du moment où j’accepte, je suis prête à tout parce que c’est dans le scénario. J’ai accepté beaucoup de scènes d’amour, de nu. J’étais d’accord avec ça, alors que, parfois, mes partenaires, eux, pas du tout… C’est comme un contrat moral à partir du moment où je dis ‘oui’. Je tâchais alors, quand mon partenaire n’était pas partant, de montrer l’exemple, d’aider d’une manière ou d’une autre pour que la scène puisse se faire. Parce que, dans la vie, à partir du moment où il y a une histoire d’amour, il y a de l’amour, du sexe, du nu… J’ai aussi eu des partenaires féminines qui étaient mal à l’aise avec ça. Bizarrement, moi, ça ne me pose pas de problème. Ce n’est pas que je suis très à l’aise, parce que ce n’est pas forcément facile, mais c’est le côté ‘soldat’ que j’ai, le fait qu’il faut raconter une histoire. Donnons au réalisateur ce qu’il demande!»
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