Rencontre avec Ingrid Chauvin: « On a beau être forte, on peut se faire piéger »

Philippe Warrin

Son message, dit Ingrid Chauvin tout en douceur, demeure le même, récit après récit, épreuve après épreuve: «tant qu’on est vivant, il est possible de s’en sortir». L’espoir, chevillé au corps et au cœur, l’actrice, plus solaire que jamais, le délivre dans un nouveau livre, un roman cette fois, qui traite d’un fléau de notre société: les violences psychologiques au sein d’un couple. «On peut être fragile et forte à la fois mais il y a toujours une porte de sortie», nous assure-t-elle.

Ingrid, on sent une volonté chez vous dans ce livre, «L’Échappée belle», au-delà du fait d’évoquer le calvaire vécu par les femmes victimes de violences morales intraconjugales, de parler du travail de reconstruction, du fait qu’on peut s’en sortir…

Effectivement. C’est important déjà de sortir de ce déni. Parce que, pendant des années, ces victimes peuvent rester dans ce sentiment où elles pensent qu’elles-mêmes sont le problème. L’autre vampirise tellement tout qu’elles se retrouvent comme des pantins, elles ne savent plus penser. Puis, quoi qu’on puisse traverser comme épreuves dans la vie, moi, j’ai toujours envie d’être sur une note d’espoir à la fin. Malgré tout, tant qu’on est vivant, il est possible de s’en sortir. C’est le message que je veux toujours faire passer à travers mes écrits. Oui c’est terrifiant, mais il y a une porte de sortie.

Pourtant, Elsa, votre héroïne, saisit des signes du comportement anormal de son compagnon…

Oui, les victimes sentent que ce n’est pas normal. Mais ces personnalités perverses ont une faculté phénoménale de souffler le chaud et le froid. Les bourreaux sont aussi à la fois les êtres les plus exceptionnels au monde. La victime se raccroche toujours à ces moments-là. Ce ne sont pas des tortionnaires à 100%, sinon ce serait trop facile. C’est là où est leur force. Ils sont par moments emprunts de gentillesse, ils valorisent l’autre. Et la victime se dit alors: «peut-être qu’il a raison quand il me dénigre». Du coup, la victime est complètement perdue. Et esseulée, puisqu’au regard de l’extérieur, ils apparaissent comme exceptionnels.

Et le bourreau fait aussi en sorte que sa victime n’ait plus personne autour d’elle…

En général ce sont les premières armes: couper les liens amicaux, familiaux. Et par amour, elles le font, pour être tranquilles aussi, parce qu’elles n’aiment pas le conflit.

 

Ces victimes ne sont d’ailleurs pas choisies au hasard…

Ce sont des proies ciblées qui n’ont pas confiance en elles. Et elles ont aussi une hypersensibilité, une grande empathie.

Mais les victimes ne sont pas des faibles a priori…

Non, elles sont aussi fortes que fragiles, comme beaucoup de femmes. Elles peuvent être installées socialement, indépendantes. Mais il y a une faille dans le domaine amoureux. Et l’équilibre d’un être humain quand il n’y a pas l’amour est compliqué. On a beau être forte, on peut se faire piéger. Ce n’est pas juste réservé à des gens issus d’un milieu social moindre. Toutes les couches de la société sont touchées.

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